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LES TROIS PILIERS POUR UNE REVOLUTION INDUSTRIELLE EN RDC
1) Sécurité des biens et des personnes à travers la RDC
Les habitants de Kinshasa, Mbandaka, Lubumbashi, Kisangani, Kananga et Kindu, en fait les habitants des villages et villes en RDC souffrent de l’insécurité totale; sauf la catégorie de ceux et celles qui ont des gardes de corps, c’est le peuple de la RDC qui est terriblement victime des exactions et de l’insécurité. Les habitants de la RDC sont quotidiennement victimes des tracasseries policières, tracasseries par les militaires, les agents du service de sécurité, les milices et toute sorte des groupes armés. Partout en RDC, des gens sont arrêtés arbitrairement et maltraités; des gens sont enlevés la nuit de leurs maisons et disparaissent sans trace; des gens sont abattus à coup de balles en plein jour sans que les assassins ne soient retrouvés et jugés, etc. Tout cela effraie. Les habitants de la RDC vivent constamment dans la peur de ces tracasseries, enlèvements, assassinats, etc. Quand on ne se sent pas en sécurité dans sa maison, dans son quartier, dans sa commune, dans sa province, dans son pays, on est émotionnellement et intellectuellement bloqué par la peur. Ce blocage élimine l’esprit de créativité, l’esprit de prendre de risque pour découvrir l’inconnu, l’esprit d’inventivité, l’esprit entrepreneurial, etc. Arrêter de semer l’insécurité, c’est ouvrir le chemin pour l’aventure scientifique et industrielle en RDC.
2) Voies et moyens de communications en RDC
Il s’agit ici des voies routières, ferroviaires, maritimes et aériennes. Il n’y a simplement pas des routes ou chemins de fer qui relient les villes et villages en RDC. Les aéroports sont en très mauvais état; l’aviation civile à travers la RDC est presque zéro; et pour le peu d’avions qu’il y a, ces avions tombent et tuent des gens fréquemment. Il n’y a pas des bateaux pour la navigation sur le fleuve Congo et sur les rivières et lacs navigables en RDC. Les marchandises ne peuvent donc pas être transportés par gros véhicules ou trains ou avions cargos de Lubumbashi à Mbandaka, d’Isiro à Kisantu, de Bukavu à Bondo, d’Idiofa à Yakoma, etc. En fait, les habitants de la RDC vivent isolés dans leurs cités, villes et villages respectifs. Sans circulation facile et rapide des biens et des personnes à travers la RDC, le développement scientifique et technologique, et le progrès économique ne seront que des rêves qui n’aboutiront jamais à quelque chose de palpable en RDC.
3) Courent électrique et énergie en RDC
On a tant chanté le barrage d’Inga qui peut électrifier toute l’Afrique. C’est depuis 1972 (Inga I) et 1982(Inga II) que les deux phases du barrage hydroélectrique d’Inga furent opérationnelles. Mais la RDC demeure toujours dans l’obscurité totale. Sans courent électrique partout dans le pays, la RDC peut bel et bien avoir d’immenses ressources d’énergie et être un scandale géologique, bourrée de toute sorte de matières premières, mais la réalité de la vie quotidienne (sans courent électrique) en RDC restera marquée par le scandale de pauvreté et du sous développement.
- EXEMPLE D’UNE ACTION POUR LA REVOLUTION INDUSTRIELLE EN RDC
La révolution industrielle est le résultat d’action bien conçue et bien exécutée. Prenons ici le cas du troisième pilier de la révolution industrielle en RDC, le courent électrique. Il faut du courent électrique partout et dans toutes les maisons tant dans les villes que dans les milieux ruraux en RDC.
Admettons qu’il y a 80 millions d’habitants en RDC (estimation provenant de Worldmeters.info/world-population, 2017). Estimons pour raison de calcul que la moyenne d’habitants par famille est composée de 4 personnes (père, mère, et deux enfants). Disons que chaque famille habite une maison de trois chambres et un salon. Pour électrifier une telle maison, il faut un minimum de 4 prises du courent par chambre, un interrupteur par chambre, une ampoule par chambre, et 20 mètres de fil électrique par chambre. En somme, l’électrification de base, vraiment le minimum nécessaire, pour chaque maison, demanderait 12 prises du courent, 4 interrupteurs, 4 ampoules. 80 mètres de fil électrique.
Avec 80 millions d’habitants, 4 personnes par famille par maison, il est donc question d’électrifier 20 millions de maisons. Pour cela, il faudrait 240 millions de prises du courent, 80 millions d’interrupteurs, 80 millions d’ampoules, et un milliard six cent millions (1600 millions) de mètres de fil électrique. Il faut aussi remarquer que les prises du courent, les interrupteurs, les ampoules et les fils électriques s’usent et s’abiment, et donc il faut les remplacer de temps en temps. Cela veut dire que les chiffres que nous présentons ici ne représentent que le minimum nécessaire.
La RDC aujourd’hui comprend 26 provinces. Si chaque province dispose d’au moins 92 petites et moyens entreprises pour produire 100 milles prises du courent par an, alors le besoin annuel de prise du courent en RDC sera satisfait au minimum. De cette même manière, il faudrait au moins 30 petites et moyennes entreprises par province pour produire 100 milles interrupteurs pour le besoin annuel en RDC. Il faudrait aussi au moins 30 petites et moyennes entreprises par province pour produire 100 milles ampoules pour le besoin annuel en RDC. Il faudrait enfin au moins 615 petites et moyennes entreprises par province pour produire 100 milles mètres de fil électrique pour le besoin annuel en RDC.
Allons plus au concret. Pour une entreprise de production de prise du courent, il faut qu’il y ait une personne qui sait comment on dessine et comment on produit une prise du courent. Mais on aura besoin de deux personnes pour faire le travail de production des prises du courent. Il faut aussi une personne pour rassembler, triller, et séparer ce qui n’est pas bien produit (ce qui est défectif) de ce qui est bien fait. Il faudrait aussi une personne pour s’occuper de la clientèle et vente. Chaque petite ou moyenne entreprise peut donc bien fonctionner avec 5 personnes et produire ce qui est décrit ci-haut.
Faisons le compte d’emplois qui seraient créés par les Congolais pour les Congolais en vue d’électrifier les habitations en RDC: 460 boulots créés par 92 entreprises de production de prise du courant; 150 boulots créés par 30 entreprises pour la production d’interrupteurs; 150 boulots créés par 30 entreprises pour la production d’ampoules; 3075 boulots créés pour la production de fil électrique. Au total, le travail annuel d’électrification des maisons en RDC créerait 3835 (trois milles huit cent trente cinq) boulots. Ce sont là trois milles huit cent trente cinq jeunes ingénieurs, techniciens et comptables qui sont employés par les entreprises qu’ils ont eux-mêmes créées. Ce ne sont pas des dons; ce ne sont pas des investissements étrangers; ce sont des jeunes entrepreneurs Congolais créant d’emplois par eux-mêmes pour eux-mêmes. C’est remarquable.
Cette analyse n’inclue pas les étapes de transformation des matières premières comme cuivre, fer, (transformés) en métaux susceptibles d’être utilisés pour produire ces prises du courent, ces interrupteurs, ces ampoules et fils électrique. Cela veut dire qu’il y a encore des centaines, voire même des milliers, de petites et moyennes entreprises qui doivent être créées pour rendre possible et faciliter l’électrification des habitats en RDC.
La révolution industrielle est plus vaste que l’électrification. Cela veut dire que les petites et moyennes entreprises ne sont pas limitées à l’électrification, elles peuvent aussi être créées pour faire d’autres choses: construction et réparation des routes et chemins de fer, construction des bateaux, des avions, des voitures, des ordinateurs et tablettes, des appareils électroménagers, etc., ainsi que leurs pièces de rechange. Ces petites et moyennes entreprises peuvent aussi produire des simples choses comme des aiguilles, des clous, des épingles, des chainettes, des lunettes, des montres, de boucles d’oreilles, des objets classiques (lattes, équerre, rapporteurs), etc. Ces petites et moyennes entreprises peuvent aussi être lancées pour faire des produits pharmaceutiques à base d’abondantes plantes médicinales de la RDC, pour faire l’élevage, la pisciculture, les activités agroindustrielles, etc. Et d’un coup, les habitants de la RDC sont des producteurs et exportateurs de tout ce que nous connaissons comme produits finis aujourd’hui.
- GOUVERNANCE POUR UNE REVOLUTION INDUSTRIELLE EN RDC
Le plus grand leader n’est pas celui ou celle qui fait les grandes choses, mais plutôt celui ou celle qui fait que les gens fassent des plus grandes choses (Ronald Reagan, ancien président Américain).
Leaders et aspirant leaders en RDC, « ne cherchez pas avant tout ce que votre pays peut faire pour vous, mais cherchez plutôt ce que vous pouvez faire pour votre pays (John Kennedy, ancien président Américain).
Peuple de la RDC, « le changement ne viendra jamais si nous attendons cela d’une autre personne ou à un autre moment. Nous sommes ceux-là que nous attendions depuis. Nous sommes le changement que nous cherchons ». (Barack Obama, ancien président Américain).
La révolution industrielle en RDC est possible et très faisable, et cela peut commencer maintenant même. Cette révolution industrielle ne peut pas se réaliser par des dons: don du président, don du premier ministre, don du gouverneur, don des Nations Unies, don de l’Union Européenne, don de tel ou de tel. Non. C’est seulement à travers l’imagination créatrice et l’action transformatrice des habitants de la RDC que la révolution industrielle adviendra.
Leaders politiques, militaires, économiques, religieux, culturels, et surtout vous les leaders intellectuels, vous devez vous impliquer activement et sincèrement à l’effort de créer en RDC un environnement où les injustices, les intimidation, les tracasseries, et l’insécurité doivent disparaitre pour faire place à l’environnement de respect de chaque personne quel que soit son statut social ou son appartenance tribale ou ethnique . C’est dans un tel environnement où les gens se sentent en sécurité, les gens se sentent respectés et n’ont pas peur que l’esprit de liberté créatrice et entrepreneuriale émerge. Alors les gens sont encouragés et stimulés à acquérir et développer des connaissances et compétences scientifiques, technologiques et industrielles pour inventer et innover, et ainsi créer des entreprises pour transformer sur place les immenses ressources naturelles de la RDC en produits finis pour éliminer le chômage et la pauvreté. La RDC est capable de la révolution industrielle car, le pays a les ressources et les talents. C’est l’environnement pour cette révolution qui n’est pas encore là, et qu’il faudrait urgemment créer.
Tongele N. Tongele, Ph.D.
Docteur en génie mécanique et professeur d’université aux USA
tongele@cua.edu