Cheik Fita: « Je suis candidat bourgmestre à Barumbu »

Philosophe de formation, écrivain, dramaturge et journaliste de profession, le Bruxellois FITA Fita Dibwe, mieux connu sous le sobriquet de Cheik Fita, est décidé de « redescendre » dans l’arène politique. Pour la petite histoire, l’homme a participé aux travaux de la Conférence nationale souveraine (1991-1992) avant de siéger dans le Haut conseil de la République. « Cheik » a choisi de s’engager à la base d’où devrait s’enclencher le développement social-économique du pays. A savoir: la commune. Une manière d’investir dans l’humain. Le dépôt des dossiers de candidatures aura lieu ce mercredi 22 août. Interview.

Vous êtes candidat conseiller à la commune kinoise de Barumbu. Pourquoi ce choix alors que tout « bon Congolais » aurait visé l’assemblée provinciale ou la députation nationale?

Effectivement, je suis candidat conseiller communal en vue d’être bourgmestre de cette municipalité. Le vote aura lieu le 20 décembre prochain. Et ce en même temps que la Présidentielle, les législatives et les élections provinciales.

Diriger une commune au moment où les membres de « l’élite » nationale sont attirés par des postes juteux ne risque-t-il pas de vous faire passer pour un « déviant »?

J’ai fait plusieurs séjours dans notre pays, j’ai eu à observer les problèmes. Il me semble que nous faisons fausse route en négligeant l’entité communale au profit de l’assemblée provinciale ou nationale. Nos concitoyens sont confrontés au quotidien à de très sérieux problèmes existentiels. Lesdits problèmes relèvent de l’Administration de proximité qu’est la commune.

En Belgique – l’ancienne puissance coloniale -, la commune est considérée comme le « premier échelon de la démocratie politique ». Outre la gestion de l’état civil, le maintien de l’ordre et l’organisation et le financement de CPAS (Assistance sociale), cette entité a en charge l’organisation de l’enseignement primaire, la tenue des listes électorales, la levée de l’impôt communal, l’aménagement et l’entretien de la voirie communale etc. Dans chaque commune, il y a au moins un hôpital et des centres médicaux. Qu’en est-il de la RDC?

La commune a « beaucoup » de compétences. Pour l’essentiel, je peux citer: l’environnement, la population, l’éclairage public, les routes d’intérêt communal, la construction des maisons de culture et des jeunes. La liste des compétences est plus longue qu’en Belgique.

A propos de la Belgique, ici la commune délivre la carte d’identité tant pour les nationaux que les étrangers. Il en est de même du passeport. Sans omettre le permis de conduire.

Je vais vous surprendre. Les premières élections municipales dans notre pays remontent à décembre 1957. Le Congo était encore une colonie belge. Mobutu Sese Seko a tenté d’organiser certaines élections locales en 1987. Le 20 décembre 2023 marquera les premières consultations en vue d’élire les conseillers communaux. Que s’est-il passé entre 1987 et 2023? Rien. Et pourtant lorsqu’on consulte la loi communale, on constate que le gouverneur de la Ville-Province de Kinshasa s’est accaparé des attributions revenant aux municipalités.

Quid de moyens d’action?

La commune est compétente pour collecter des taxes et percevoir ce qu’on appelle « centime décimal » à la délivrance de documents administratifs. Je vous informe que l’ONIP (Office nationale d’identification de la population) va délivrer la nouvelle carte nationale d’identité de concert avec les communes. La loi organique qui fixe les prérogatives de la commune a prévu des sources de financement. C’est le cas notamment des biens immobiliers de la municipalité.

Au cas où vous étiez élu en tant que bourgmestre, quelles seraient vos trois premières priorités?

Ma première priorité, c’est la population.

Plus concrètement?

Je vais commencer par faire un état des lieux. Il s’agit de connaitre le nombre exact des habitants de la commune. Ces informations me permettront d’identifier les véritables attentes des administrés. Je m’emploierais également à faire l’état des lieux des routes.

Deuxième priorité?

Comme vous le savez le bourgmestre ne dirige pas la commune de manière solitaire. Il y a le Collège qui tient lieu d’exécutif et le conseil communal qui joue le rôle de « parlement ». Ici l’accent sera mis sur le social. A savoir notamment la santé et l’éducation. Sans oublier la mobilité en régulant la circulation notamment des motos. Celle-ci est, pour le moment, anarchique. Il faut, par ailleurs, mettre en place un meilleur cadre de vie pour l’épanouissement de nos enfants et nos jeunes.

Troisième priorité?

C’est un sujet qui me tient particulièrement à cœur. Il s’agit de l’érection d’une Maison des jeunes et de la culture. Je suis convaincu que le véritable pouvoir politique commence au niveau de la commune. Il me semble difficile de réformer le pays sans commencer par la base: la commune. J’exhorte la diaspora congolaise à mettre l’expertise acquise au service du décollage socio-économique du pays. La diaspora pourrait devenir une force.

Propos recueillis par Baudouin Amba Wetshi

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