La « boulimie » se définit comme un trouble psychique caractérisé par l’absorption de grandes quantités de nourriture, non provoquée par la faim (Larousse). Dans le dictionnaire Quillet, la boulimie qui est en réalité une maladie se définit comme un besoin incessant et pathologique de manger. La voracité et l’avidité en sont les synonymes.
Dans le cas sous examen, la nourriture doit être remplacée par le pouvoir. Le Fcc/Pprd souffre de l’avidité du pouvoir. Il veut tous les pouvoirs: exécutif, législatif et judiciaire. Sans oublier, le pouvoir au niveau local.
Le vice-Premier ministre en charge du très régalien ministère de la Justice et garde des sceaux, Célestin Tunda Ya Kasende, a été arrêté samedi 27 juin à son domicile. La nouvelle a fait l’effet d’un coup de tonnerre dans le landerneau politique congolais.
Voilà une infamante situation qui aurait pu être évitée si le Fcc/Pprd avait un brin d’humilité et un minimum de sens de l’Etat et du bien commun à ne pas confondre avec les intérêts mafieux d’une minorité d’individus à la mine patibulaire qui a engagé le pari très risqué d’asservir l’Etat.
Au moment où cet édito est écrit, il est 21h00 à Bruxelles soit une heure de moins à Kinshasa. Il se confirme que ce tout-puissant ministre de la Justice – qui jouit encore de la présomption d’innocence – a été interrogé au parquet général près la Cour de cassation qui se trouve à l’immeuble « INSS ». Aux dernières nouvelles, l’homme a été libéré et placé en résidence surveillée. Il devrait passer devant ses juges dès ce lundi 29 juin.
Qui aurait pu imaginer, en septembre 2019 – lors de la publication de la composition du gouvernement dirigé par le Premier ministre Sylvestre Ilunga Ilunkamba, qu’un cacique du Fcc/Pprd allait être « cueilli » à son domicile, un certain 27 juin 2020, comme un vulgaire malfrat?
A l’image de sa famille politique, Célestin Tunda, lui aussi, voudrait avoir tous les pouvoirs au sein du secteur judiciaire.
Ministre de la Justice, il dispose pourtant du fameux
« droit d’injonction positive » qui lui permet d’instruire les magistrats du parquet d’engager des poursuites.
Sans vouloir grossir les traits, Tunda voudrait s’octroyer en plus une sorte de « droit d’injonction négative » qui lui donnerait le pouvoir d’intervenir dans des affaires en cours d’instruction. Ce n’est pas tout. Il voudrait également avoir le pouvoir de nommer des magistrats « à titre provisoire » et à exercer à leur égard un pouvoir disciplinaire.
Juriste de formation et avocat de profession, Tunda ne pouvait ignorer qu’il violait, en toute connaissance de cause, plusieurs articles de la Constitution. Ce qui constitue une circonstance aggravante.
Tunda n’est pas n’importe qui. Depuis 1998, l’homme arpente les allées du clan kabiliste. Il fait partie de la « garde rapprochée politique » de l’ex-président « Joseph Kabila » qui considère le Congo-Kinshasa comme un « bien personnel ».
En plein état d’urgence dû à la pandémie Covid-19, deux députés nationaux ont rédigé trois propositions de lois destinées à « réformer » le statut des magistrats, le fonctionnement du Conseil supérieur de la magistrature et les règles portant organisation, fonctionnement et compétence des juridictions d’ordre judiciaire.
Pour faire court, Tunda est accusé de
« faux et usage de faux ». Et ce pour avoir transmis frauduleusement à la Présidente de l’Assemblée nationale les « observations du gouvernement » sur les propositions de lois précitées. Alors que la matière n’a pas encore été délibérée en Conseil.
Depuis qu’un vent de renouveau semble souffler sur des magistrats du parquet à travers le « procès 100 jours », on assiste à une vive agitation au sein de la mouvance kabiliste. Après 18 ans d’exercice d’un pouvoir absolu, « Joseph Kabila » et ses partisans dissimulent mal une frilosité à l’égard de l’appareil judiciaire. Ils entendent « se protéger » par tous les moyens.
En avril dernier, Tunda se proposait de visiter les « juridictions, offices et services judiciaires ». Dans une lettre datée du 15 avril 2020 adressée au président du Conseil supérieure de la magistrature (CSM) – qui n’est autre que le Président de la Cour constitutionnelle -, le ministre finit par avouer qu’il entendait saisir cette occasion pour avoir une
« franche conversation sur les dossiers en cours ». Le Président du CSM y opposa un refus poli en rappelant le principe de séparation des pouvoirs.
Sur les réseaux sociaux, on apprend qu’un mandat de comparution a été adressé à Patrice Kitebi, le directeur général du FPI (Fonds de promotion à l’industrie). Plusieurs caciques du Fcc/Pprd ont emprunté des centaines de milliers de dollar en vue de promouvoir des petites et moyennes industries. Le FPI n’a jamais obtenu le moindre remboursement de ces sommes d’argent.
Kitebi est attendu le lundi 29 juin à 11 heures au parquet général près la Cour d’appel de Kinshasa/Gombe
« pour y être entendu sur des faits infractionnels à lui imputées ». On imagine la panique qui doit régner au sein du Fcc/Pprd lequel fonctionne comme une secte.
On le voit, le ministre Célestin Tunda Ya Kasende dont le procès est fixé au même lundi 29 juin devrait en vouloir à sa famille politique réputée vorace. Tunda est « victime » de la boulimie du pouvoir.
Sauf miracle, le « pronostic vital » de la coalition Cach/Fcc paraît plus que jamais engagé…
Baudouin Amba Wetshi
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