Le plan de retrait de la Monusco (Mission de l’Organisation des Nations unies en République démocratique du Congo) à l’horizon 2024 a été validé le 14 août à Kinshasa. Un rapport préliminaire a été présenté à Mme Bintou Keita, numéro un de la Mission onusienne et à Jean Michel Sama Lukonde, Premier ministre. Ce rapport doit encore être soumis, pour signature, au mois de septembre, aux Nations unies à New York. La mission de l’Onu au Congo pourrait donc durer 25 ans! Enfer et damnation!
Mon ami qui sait tout rappelle qu’en juillet 2007, une mission d’évaluation technique de l’Onu avait sillonné le pays. Son objectif était de proposer, en novembre 2007, au Conseil de sécurité de l’Onu un calendrier de retrait progressif des Casques bleus. Mais 14 ans après, ils sont toujours là. Nihil novi sub sole. Saperlipopette!
Serait-il qu’ils sortent par la porte et rentrent par la fenêtre? C’est depuis septembre 1999 qu’ils sont là pour observer le cessez-le-feu au lendemain de l’Accord de Lusaka. Puis, ils passèrent au contrôle de ce cessez-le-feu. Ensuite, il fut question de conduire le processus de transition politique à son terme, à savoir les élections. Bien plus tard, ils s’attribuèrent comme mission d’assurer la protection des civils, d’appuyer la stabilisation et le renforcement des institutions ainsi que les principales réformes de la gouvernance et de la sécurité. Sapristi!
Comme on dit, l’appétit vient en mangeant. Bien rémunérés, ils mangent trois fois par jour. Ils transfèrent leurs plantureuses épargnes vers leurs pays d’origine. Heureux qui comme Ulysse a fait un beau voyage. Ceci expliquant cela, il ne serait pas étonnant que l’Onu affirme que le calendrier de retrait ne sera respecté que si le gouvernement mène les réformes qu’il a annoncées en vue de remédier aux causes structurelles des conflits armés, tutti quanti. Ce prétexte a déjà été utilisé dans le passé. Il n’est pas exclu qu’il le soit à nouveau.
L’histoire au Congo a la fâcheuse tendance à se répéter. A l’instar de la Conférence de Berlin de 1885 quand les puissances occidentales se partagèrent l’Afrique, elles se sont aussi partagées le marché des fournitures de la Monusco. Le Japon fournit les véhicules Toyota et les médicaments, les Etats-Unis vendent le matériel informatique et les logiciels, les Britanniques livrent le carburant etc. Rien d’étonnant dès lors que des prétextes soient utilisés pour retarder le retrait des casques bleus. Stupeur et tremblements!
Comme si cela ne suffisait pas, nos Casques bleus furent impliqués dans toutes sortes de magouilles. Abus d’autorité, abus sexuels (pédophilie, prostitution à grande échelle, y compris avec des mineurs des deux sexes, harcèlement sexuel, viols, tentatives de viols) en passant par le trafic de l’or et des armes sans compter des assassinats. Enfer et damnation!
Faisant suite à l’inconduite de son personnel, l’Onu décréta la tolérance zéro pour l’exploitation et les abus sexuels. Mais le mal était déjà fait. Malgré la brigade spéciale d’intervention, la population reproche aux Casques bleus leur passivité devant les massacres qui sont perpétrés dans l’Est du pays. De l’avis de mon ami qui sait tout, les unités armées de la Monusco ne sont ni suffisamment équipées ni entraînées pour faire face à une menace militaire d’envergure. Mais la mission de l’Onu n’est pas entièrement négative. Elle a eu ses morts. Son soutien à la période de transition politique fut appréciable. Elle a permis d’atténuer les différentes crises qui ont miné le processus.
La Monusco s’est aussi substituée à l’Etat là où il n’existe pas, construisant des routes, ponts, prisons, dispensaires… Elle a recruté et formé du personnel congolais de grande qualité. Avec un budget annuel de 1,5 milliards de dollars, son poids économique demeure important. Son effectif qui s’élève à près de 16.000 personnes contribue à l’économie nationale par ses consommations. La Radio Okapi a joué un grand rôle dans l’information et l’unification du pays. On dit chez nous qu’une visite fait toujours plaisir. Si ce n’est à l’arrivée, c’est au départ.
GML