Depuis le mois d’avril 2021, des « sans logis » squattent le prestigieux immeuble abritant la représentation de la Gécamines situé aux numéros 30-32 du Boulevard du Souverain dans la commune de Watermael-Boitsfort. Soutenus par l’association « Rockin’Squat » et bénéficiant de la complaisance à peine dissimulée de certaines autorités judiciaires belges, ces occupants illégaux s’obstinent. La représentation diplomatique congolaise est montée au créneau pour protéger les intérêts du pays. Sera-t-elle entendue?
Dans un communiqué daté du 23 mars 2022, le nouvel ambassadeur congolais auprès du royaume de Belgique, Christian Ndongala Nkuku, dit avoir constaté une « campagne » de soutien en faveur des squatteurs de l’immeuble de la Gécamines, situé aux numéros 30-32 du Boulevard du Souverain. Et de relever que des messages anonymes et des tracts circulent notamment sur les réseaux sociaux.
Le diplomate signale qu’un jugement a été rendu sur cette affaire. La Justice de paix a ordonné le déguerpissement de tous les squatteurs. « L’ambassade rappelle que la justice se rend dans les tribunaux et non pas par médias ni sur la place publique », ajoute-t-il.
Selon une source proche de la Gécamines, cette décision judiciaire, rendue en février, est la deuxième du genre. D’après elle, « le juge a signifié aux squatteurs un délai de trois mois pour libérer les lieux ». Ce délai devrait prendre fin au mois de mai.
A l’issue du premier jugement intervenu mi-mai 2021, l’association qui « protègent » les squatteurs avait introduit un recours. « Le recours n’étant pas suspensif, il a fallu attendre près d’une année le temps que le tribunal daigne y statuer », confie un agent de la Gécamines. Celui-ci n’est pas allé par quatre chemins en relevant des « atermoiements » tant dans le chef du juge de paix que des autorités communales. Il semble que les « intrus » de l’immeuble Gécamines jouiraient de la « sympathie » du parti Ecolo. Procès d’intention?
LES POUVOIRS PUBLICS BELGES LAISSENT-ILS FAIRE?
Suite à la détection d’amiante – un produit réputé cancérigène -, la Gécamines avait « déserté » son immeuble en prenant en location des bureaux dans le voisinage. Une année après, l’opération de désamiantage n’avait toujours pas eu lieu.
Inoccupé une année durant, le prestigieux bâtiment sera « pris d’assaut », dès début avril 2021, par des plusieurs familles des « sans-papiers » accompagnées d’enfants à bas âge. On y compte également des ressortissants du Congo-Kinshasa. Là où le bât blesse est que les squatteurs ne se sont pas limités à installer leurs matelas. Ils ont construit des toilettes et des douches. La Gécamines, elle, continue à acquitter les frais de fournitures d’eau et d’électricité.
Où est passé l’Etat de droit? « L’entrée par effraction dans un immeuble d’autrui est punissable en droit belge. Le même droit tolère cependant qu’un indigent s’installe dans une maison inoccupée. Il s’agit manifestement d’une interprétation abusive de l’état de nécessité », répond un juriste congolais.
Dans les milieux congolais au Quartier Matonge-sur-Bruxelles, les commentaires vont bon train. Ici, on croit mordicus que les autorités belges « sont parfaitement au courant » de ce qui se passe dans l’immeuble de la représentation de la Gécamines à Bruxelles. « Les autorités belges laissent faire », commente le patron d’un salon de coiffure. Un étudiant de surenchérir: « On n’ose imaginer le tollé politique et diplomatique qu’un acte similaire aurait provoqué si le squat déploré avait eu lieu à Kinshasa dans un immeuble appartenant à une entreprise belge… ».
Dans son communiqué, l’ambassadeur de la RDC annonce, par ailleurs, que la Gécamines « envisage » d’effectuer « incessamment » des travaux de rénovation de son bâtiment. L’objectif est d’y réinstaller son personnel. le diplomate annonce, par ailleurs, « qu’en accord avec l’ambassade », un Centre culturel y sera aménagé. « La Belgique est un Etat de droit. Et le droit a été dit », conclut-il.
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B.A.W.