A l’époque de Joseph Kabila, l’homme le plus redouté s’appelait Kalev Mutond, administrateur général de l’Agence nationale des renseignements (ANR). Les temps ont changé. Aujourd’hui, c’est Jules Alingete Key, Inspecteur général des Finances. C’est dans un tel contexte que M. Tony Mwaba Kazadi, ministre de l’Enseignement primaire, secondaire et technique (EPST) fit une partie de « cache-cash » avec M. Alingete. Enfer et damnation !
D’après mon ami qui sait ce qui se passe dans tous les coins et recoins de Kinshasa la déglinguée, tout est parti de l’organisation les 5 et 6 août du TENAFEP (Test National de fin d’Etudes Primaires) pour près de deux millions d’élèves. Comme il se doit dans notre pays convoité par tous les pays voisins, on verse une collation à ceux qui prétendent avoir participé à un tel événement à travers tout le territoire national, même là où opèrent les groupes armés et les meurtriers de l’ADF. Une cagnotte s’élevant à 31.220.558.995 de francs soit environ 16 millions de dollars, fut mise à disposition pour la collation de ceux qui y ont travaillé. Un butin colossal!
C’est là que les Romains s’empoignèrent. L’argent est le nerf de la guerre. Des informations savamment distillées sur les réseaux sociaux ont commencé à dénoncer une tentative de détournement par le ministre de l’EPST, des 16 millions de dollars. Stupeur et tremblements!
Très vite, c’est le branle-bas de combat. On assista alors à un pugilat épistolaire et à une logorrhée verbale. C’est normal. Chat échaudé craint l’eau froide. Nous venons de vivre 20 ans de kabilisme. Joseph Kabila chercha, urbi et orbi, 15 collaborateurs honnêtes pour travailler à ses côtés. Il n’en trouva aucun. Rien d’étonnant dès lors qu’à l’arrivée de Fatshi, il n’y a pas un cadavre dans le placard mais un cimetière!
Chaque jour on découvre des scandales de détournement des deniers publics imputés à des cadres de l’administration et des entreprises publiques. Saperlipopette! Bref, passons!
Avant le partage du butin, l’IGF (Inspection générale des Finances) jugea utile « d’inviter le comptable gestionnaire des fonds y afférents de se soumettre au strict respect des règles de transparence et de traçabilité de l’argent décaissé par le gouvernement. Les fonds devraient être logés dans des banques commerciales, après leur sortie de la Banque Centrale, où tous les prestataires devraient percevoir leurs dus via leurs comptes bancaires ». Comme si cela ne suffisait pas, nos fins limiers recommandèrent aussi « la libération des fonds uniquement sur présentation des pièces justificatives et sous l’encadrement de l’équipe de l’Inspection générale des Finances en mission ».
Cerise sur le gâteau, ils ordonnèrent le « reversement des fonds non justifiés dans les dix jours de leur retrait et la libération des fonds uniquement entre les mains des fournisseurs, pour ce qui est de fournitures et matériels et ce, après vérification de leurs dossiers, du service rendu, de la régularité de la commande ainsi que des pièces justificatives ». Le ministre de l’EPST vit rouge. Il rua dans les brancards. Il rejeta toutes les accusations de tentatives de détournement lui imputées. Il incriminât à tort Alingete dans une scabreuse affaire d’octroi des cartes biométriques aux élèves de l’EPST. Un projet de 2 millions d’euros! Il rappela qu’il était avocat et professeur. Il dénonça une campagne destinée à ternir son image dans l’opinion. Il se dressa contre la bancarisation des opérations. Selon lui, certains milieux ruraux sont dépourvus de services bancaires, ce qui causera des retards de paiement.
Là où des banques existent, il ne veut pas du paiement par voie bancaire des petites sommes comme 40.000 francs à cause des frais d’ouverture et de tenue des comptes. Il veut que toutes les opérations se déroulent en cash. Stupeur et tremblements! Mais où sont les listes des bénéficiaires? Motus et bouche cousue! On dit chez nous que beaucoup de paroles, c’est du vent.
GML