La Banque commerciale du Congo (ex-Banque commerciale zaïroise) vient de lancer un véritable « avis de recherche » – comme dans un western – pour retrouver un de ses agents indélicats. Celui-ci aurait emporté plusieurs millions de dollars. Certaines sources parlent de 5 millions. L’agent recherché serait une dame. Aux dernières nouvelles, cette dernière aurait déjà franchi les frontières du « Congo démocratique ». Des « policiers » seraient à ses trousses.
« Connaissez-vous une dame native de l’Equateur ou du Maï-Ndombe qui répondrait au nom de Francisca Iyolo? Elle aurait de la famille dans la commune bruxelloise d’Evere? » C’est la question pour le moins insolite posée à l’auteur de ces lignes par un « ami » kinois qui travaille dans les « services ».
Quatre questions viennent aussitôt à l’esprit. Qui est cette dame? Que fait-elle dans la vie? Pourquoi est-elle recherchée? Pourquoi les « services » s’intéressent-ils à elle?
Francisca Iyolo serait la fille d’un ancien cadre de la Cimenterie de Lukala (CILU) dans la province du Kongo Central. Georges Arthur Forrest (GAF) en est l’actionnaire principal si pas le propriétaire. Forrest est également l’actionnaire principal de la BCDC. Il détiendrait plus de 60% des parts.
On imagine que c’est grâce aux relations de son père que « Francisca » qualifiée unanimement de « brillante » et « digne de confiance » a pu être embauchée à l’ex-Banque commerciale zaïroise, la deuxième banque congolaise, après la Rawbank. Celle-ci appartient à la famille Rawji.
Selon des sources concordantes, la dame Iyolo prestait à l’agence de la BCDC située à un jet de pierre de l’immeuble « Royal » situé sur le boulevard du 30 juin, les Champs Elysées de Kinshasa. Elle avait sous sa responsabilité la gestion des « comptes VIP » (Private banking). « Il suffisait de la contacter pour qu’elle vous apporte de l’argent à la maison ainsi que les documents à signer, confie un client. La dame inspirait une grande confiance ».
A force de la côtoyer, certains « VIP » ne jugeaient plus nécessaire de consulter les extraits de leurs comptes.
Depuis plusieurs jours, « Francisca » a disparu. Son téléphone est constamment aux abonnés absents. Le problème? Elle ne serait pas partie les mains vides. Elle aurait emporté pas moins de cinq millions de dollars US. « Francisca » a sans doute sa part de vérité.
Questions: comment cet agent de la BCDC a pu retirer une si importante somme d’argent alors que les banques imposent généralement au moins deux signatures? A-t-elle bénéficié des complicités? La réponse tombe aussitôt: « Un certain Serge Kalubi est également recherché. Il a contresigné les documents ayant permis la sortie de ce pactole ».
FONDATION MZEE KABILA
L’histoire se corse aussitôt lorsqu’on passe au crible la vie privée de Francisca Iyolo. « Elle serait la compagne d’un certain Herman Mbonyo Lihumba, ancien DG de la Société nationale d’assurance, Sonas ».
Selon des sources, le sieur Mbonyo fut le directeur de cabinet de la Présidente de la Fondation Mzee Laurent-Désiré Kabila qui n’est autre que « la vénérable Dada », comme disent certains Kinois pour désigner Jaynet « Kabila ».
Au moment où ces lignes sont écrites, il semble que le nommé Mbonyo Herman aurait été « cuisiné » par la police judiciaire. Il semble également que « l’affaire Francisca Iyolo » intéresserait au plus haut point la fratrie « Kabila » et les « services ». Questions: « Francisca » aurait-elle emporté des documents « top secret » ? Quelle serait la nature de ces documents?
La BCDC est « l’héritière » de la toute première banque fondée au Congo-belge. C’est en 1909 que fut créée la Banque du Congo-belge. Celle-ci a changé de dénomination au moins trois fois: Banque commerciale du Congo, Banque commerciale zaïroise et Banque commerciale du Congo (BCDC). Cette dernière appellation est intervenue au lendemain de l’arrivée au pouvoir de Laurent-Désiré Kabila le 17 mai 1997.
Depuis décembre 2009, la BCDC a pour actionnaire principal l’homme d’affaires belgo-néo-zélandais George Arthur Forrest (GAF). « GAF » y détiendrait plus de 60% du capital social.
Pour la petite histoire, un cabinet d’avocats d’affaires parisien a fait des allées et venues entre Paris et Kinshasa en vue de négocier l’acquisition des parts détenues par la famille Forrest pour le compte de la très vorace… fratrie « Kabila ». Sans succès.
Questions finales: où se trouvent Francisca Iyolo et son présumé complice Serge Kalubi? Seraient-ils en Belgique ou en France?
Aux dernières nouvelles, la « fratrie », réputée féroce, aurait lancé des « tueurs à gage » ex-yougoslaves à leurs trousses. Une affaire à suivre.
B.A.W.