L’Assemblée nationale du « Grand Congo » a procédé, mercredi 30 octobre, à la désignation des présidents de ses Commissions permanentes. Jaynet « Kabila » a été « élue » à la présidence de la Commission Défense et sécurité. D’aucuns se sont pincés pour s’assurer qu’il ne s’agissait pas d’une blague de mauvais goût. Hélas, non!
Désigné rapporteur de ladite Commission, le député national Juvénal Munubo Mubi, étiqueté UNC de Vital Kamerhe, a écrit, jeudi 31 octobre, ces mots sur son compte Twitter @juvenalmunubo: « C’est l’honorable Jaynet Kabila Kyungu, la présidente de la Commission Défense et sécurité ».
Lors des élections chaotiques du 30 décembre 2018, les partisans de « Joseph Kabila » se sont attribués, par un tour de passe-passe, la majorité de sièges tant à l’Assemblée nationale et au Sénat qu’aux Assemblées provinciales. Rien de surprenant que les députés nationaux qui doivent leur « gagne-pain » à l’ex-président « Kabila » puissent obéir, tels des moutons, à leur « bienfaiteur ».
Il faut être un parfait naïf pour croire que l’avènement de cette dame au parcours nébuleux est un acte anodin découlant du jeu démocratique. On peut gager que « Kabila » tenait la manette. Il a imposé sa « sœur ».
Telle une pieuvre, le prédécesseur de Felix Tshisekedi Tshilombo – qui « rêve » d’un « come back » pour le moins hypothétique en 2023 – est, néanmoins, en train d’étendre ses tentacules. Le PPRD Aimé Ngoy Mukena au ministère de la Défense nationale, le général Célestin Mbala Munsense à la tête de l’état-major général de l’armée congolaise, Jaynet « Kabila » à la présidence de la Commission Défense et sécurité de la Chambre basse du Parlement, « Joseph Kabila » vient de boucler la boucle militaro-sécuritaire.
A travers ces trois « homme-liges », l’ex-Président congolais qui est un ancien rebelle – qui a vécu dans le maquis qui existait depuis 1990 en Ouganda dans les monts Ruwenzori, selon ses propres dires au quotidien « Le Soir » daté du 07 mars 2001 -, va pouvoir manipuler, à sa guise, non seulement l’armée régulière et sa garde prétorienne mais aussi les groupes armés fictifs et autres « réseaux dormants » de pseudo-terroristes montés de toute pièce. Il n’y a plus l’ombre d’un doute: les ennemis sont parmi nous!
En janvier 2015, l’Ougandais Jamil Mukulu est arrêté en Tanzanie. L’homme est présenté comme étant le chef présumé des « ADF » (Forces démocratiques alliés) qui répandent la mort et la terreur au Nord-Kivu depuis bientôt octobre 2014.
Force est de constater que le général-major « Joseph Kabila » n’a jamais démenti les informations selon lesquelles le sieur Mukulu serait une de ses vieilles connaissances. Et qu’ils auraient vécu, tous les deux, sous un même toit au n°55 de l’avenue Bocage, au quartier kinois de « Ma Campagne ».
Lors de son arrestation, Jamil Mukulu, né David Steven, était en possession d’une dizaine de passeports dont celui du Congo-Kinshasa. Qui est l’émetteur de ce document? Le gouvernement congolais de l’époque n’a jamais cherché à trouver la réponse à cette question. Aucune démarche n’a été entreprise auprès des autorités ougandaises afin d’identifier l’autorité qui avait délivré ce titre. Et partant, remonter la filière. Le gouvernement congolais n’a jamais osé non plus se constituer partie civile dans le procès ouvert contre « Jamil » devant des juridictions criminelles à Kampala.
Aucun Congolais digne de ce nom ne peut accepter la désignation de Jaynet « Kabila » à la tête d’une des Commissions permanentes de la représentation nationale. Pourquoi? Sa loyauté reste à démontrer à l’égard de l’Etat congolais.
A l’instar de Joseph et de Zoé « Kabila », « Jaynet » reste un mystère pour la grande majorité des ex-Zaïrois. Personne ne connait son identité réelle. Mtwale? Kanambe? Kyungu? Quel est son lieu de naissance? Depuis quand a-t-elle acquis la nationalité congolaise? Par quel acte officiel? Depuis quand a-t-elle adopté le patronyme de « Kabila ». Des questions qui demeurent sans réponses.
Les membres de la fratrie « Kabila »ont accompli le « service militaire » en Tanzanie, pays qui les a vu naître et où ils ont grandi. Ils ont foulé le sol zaïro-congolais respectivement à 25 et 18 ans. Preuve, s’il en était besoin, que le trio n’a aucune attache psychologique avec le Congo-Kinshasa.
La désignation de cette personne à ce poste constitue ni plus ni moins que l’expression du mépris certain que « Joseph Kabila » n’a cessé de manifester à l’égard du peuple congolais. On ne peut assister, sans réagir, à cette « blague » qui ressemble fort à une sublimation de l’imposture.
Osons espérer que le président Felix Tshisekedi prend conscience de la gravité de cette situation qui est de nature à menacer la sécurité nationale. Il faut refuser de regarder pour ne pas voir que la « coalition CACH-FCC » est morte de sa belle mort. L’heure est à la cohabitation!
Neuf mois après, il est plus que temps, pour Fatshi, de quitter son apparente indolence pour jouer pleinement le rôle dévolu à un chef de l’Etat. Un rôle qui consiste à montrer le chemin du changement par la restructuration des grands corps de l’Etat (justice, armée, services de renseignements civils et militaires, portefeuille de l’Etat etc.). Il s’agit de marquer la « rupture » avec le système mafieux qu’incarne tant la fratrie « Kabila » que tous les pique-assiettes qui gravitent autour.
Baudouin Amba Wetshi