D’après les dernières projections, la croissance devrait atteindre 4,0% en 2025. La RD Congo, elle, connaîtra un taux de croissance de 4,7% en 2024 contre 6,1% en 2023 et 5,7% en 2025 du fait principalement du secteur extractif.
Le rapport Perspectives économiques régionales: Afrique subsaharienne a été publié le 19 avril par le FMI (Fonds monétaire international) sous le titre « Une reprise timide et coûteuse ». Ce rapport indique que dans l’ensemble, les perspectives s’améliorent progressivement et l’activité économique reprend modestement. La croissance du PIB (Produit intérieur brut) en Afrique va passer de 3,4% en 2023 à 3,4% en 2024, et près des deux tiers des pays s’attendent à une croissance en hausse. La reprise économique devrait se poursuivre au-delà de cette année. D’après les dernières projections, la croissance devrait atteindre 4,0% en 2025. Le taux médian d’inflation a pratiquement été divisé par deux, de presque 10% en novembre 2022 à environ 6% en février 2024. Au niveau mondial, le taux de croissance économique prévu devra se maintenir à 3,2% en 2024 et 2025. L’inflation mondiale devrait reculer de 6,8 % en 2023 à 5,9 % en 2024, puis à 4,5% en 2025. La Chine, le principal partenaire commercial du Congo/Kinshasa pourra connaître un taux de croissance du PIB de 5,2% en 2023, 4,6% en 2024 et 4,1% en 2025. Selon les projections, la RD Congo connaîtra un taux de croissance de 4,7% en 2024 contre 6,1% en 2023 et 5,7% en 2025 du fait principalement du secteur extractif. En comparaison, la croissance moyenne de la région est de 3,4% en 2023, de 3,8% en 2024 et de 4,0% en 2025. Le taux d’inflation au Congo pourrait atteindre 17,2% en 2024 et 8,5% en 2025 contre 19,9% en 2023 contre une moyenne en Afrique subsaharienne de 16,2% en 2023, de 15,3% en 2024 et de 12,4% en 2025. Ainsi le taux de croissance du PIB de la RD Congo dépasse la moyenne en Afrique subsaharienne. Il en est de même de la hausse des prix en 2023 et 2024 qui s’explique en grande partie par la dépréciation du franc congolais face au dollar américain, monnaie de référence.
La dette extérieure demeure une épine
La dette publique congolaise en pourcentage du PIB est faible puisque se situant à 14,3% en 2023, à 11,1% en 2024 et à 8,9% en 2025. Le faible ratio d’endettement ne devrait pas donner prétexte à emprunter davantage. Il faudra faire face plus tard à leurs échéances dans un contexte marqué par des taux d’intérêt élevés et par l’incapacité du gouvernement à verser les salaires des fonctionnaires. Comparativement, le ratio moyen d’endettement en Afrique subsaharienne est de 60,1% en 2023, 58,5% en 2024 et 56,8% en 2025. Le poids de la dette publique des pays pauvres continue à inquiéter des ONG internationales. Elles considèrent que l’augmentation de la dette publique, notamment du fait de la hausse des taux d’intérêts, réduit d’autant la capacité de ces pays à financer correctement la santé, l’éducation ou les protections sociales nécessaires pour réduire les inégalités. La pénurie de financement se poursuit pour les États de la région qui doivent encore faire face à des coûts d’emprunt élevés et à des remboursements de dette imminents. Selon le FMI, les perspectives de la région demeurent exposées à des risques. La région reste plus vulnérable aux chocs externes mondiaux, ainsi qu’au risque d’aggravation de l’instabilité politique et de multiplication des catastrophes climatiques. Trois mesures stratégiques peuvent aider les pays à relever ces défis: redresser les comptes publics sans entraver le développement, mener une politique monétaire axée sur la stabilité des prix et mettre en œuvre des réformes structurelles pour diversifier l’économie et les sources de financement. Dans ce contexte, les pays d’Afrique subsaharienne auront besoin de plus de soutien de la part de la communauté internationale afin de construire un avenir plus inclusif, durable et prospère.
L’économie congolaise semble résiliente
Concernant la RD Congo, selon la Note de conjoncture du 12 avril de la Banque centrale du Congo, la situation macroéconomique n’est pas si mauvaise. Suivant les auteurs de la Note, l’économie congolaise reste résiliente avec un taux de croissance du PIB réel supérieur à la moyenne de l’Afrique subsaharienne. La croissance du PIB a été de 7,5% en 2023 à 5,7% attendue en 2024. Sur le marché des biens et services, il s’observe cependant une volatilité de l’inflation, alimentée notamment par le comportement du marché des changes et des perturbations dans l’approvisionnement des biens de première nécessité suite notamment aux dernières inondations et à l’insécurité qui s’installe dans tout le pays. Les hausses de prix affectent particulièrement le riz, la farine de manioc, le sucre, le poulet, le charbon, la semoule, les allumettes, le transport en commun. Le niveau des réserves internationales équivaut à 2,7 mois d’importations (contre une moyenne de 3,9 mois dans la région). Les cours miniers (cuivre, étain, or) ont évolué à la hausse, alors que ceux du cobalt connaissent un recul du fait du sur stockage. La gestion budgétaire demeure prudente. Elle se traduit par l’arrêt de certaines dépenses en vue de se conformer aux critères de performance de la sixième revue de l’accord de facilité élargie de crédit (FEC) signé avec le FMI. Ce qui explique les arriérés de paiement des salaires et de certaines factures des fournisseurs de l’Etat. Le pays reste finalement tributaire de l’aggravation des conflits entre Israël et la Palestine ainsi que leurs alliés. Il en est de même de l’amplification de la guerre entre la Russie et l’Ukraine. Il en est de même de la guerre par procuration avec le Rwanda.
Gaston Mutamba Lukusa