C’est aux alentours de 20h00, heure de Bruxelles, que la nouvelle est tombée: « L’évêque Pascal Mukuna a été placé sous mandat d’arrêt provisoire » et conduit à Makala. Officiellement, l’homme est poursuivi pour viol et menaces de mort. Il faut refuser de regarder pour ne pas voir que le pasteur de l’église « ACK » « paie » plus pour ses attaques contre « Joseph Kabila » que pour le viol de la dame Mamie Tshibola Mufuta. Tout le reste n’est qu’alibi.
« Joseph Kabila » et les caciques du FCC/PPRD ont, sans doute, sablé du champagne ce mercredi 13 mai à Kingakati. On imagine les éclats de rire entre Néhémie Mwilanya Wilondja, le coordonnateur du FCC, et Célestin Tunda ya Kasende, le ministre de la Justice. Leur ex-allié, devenu pire qu’un contempteur, est (enfin) en prison à Makala. Le ministre des Droits humains André Lite Asebea et le leader de la ligue des jeunes du PPRD, Serge Kadima ont, sans doute, poussé un « ouf! » de soulagement.
Dès mardi soir, des rumeurs faisaient état d’une « interpellation imminente » du prédicateur Pascal Mukuna. L’homme a appris, mardi 12 mai, l’existence du mandat de comparution lui destiné en surfant sur la toile. Il a fini par ses présenter mercredi au parquet général près la Cour d’appel. La suite est désormais connue.
Contrairement aux apparences, Pascal Mukuna n’a pas été embastillé pour « viol » ou « menaces de mort » sur la personne de la dame Mamie Tshibola Mufuta. Sans vouloir minimiser ces faits, la « plaignante » n’est que l’adversaire apparent. Les véritables adversaires ne sont plus à présenter: l’ex-président « Joseph Kabila » et tout le « rouleau compresseur » du FCC/PPRD où trônent des individus à la mine patibulaire: « Néhémie » et Emmanuel Ramazani Shadary, le secrétaire permanent du PPRD.
Quinze mois après l’investiture de Felix Tshisekedi à la tête de l’Etat, le « clan kabiliste » vient d’envoyer aux Congolais un message subliminal. A savoir qu’il garde intacte non seulement sa capacité de « manipulation » mais surtout le contrôle sur l’appareil judiciaire.
Mercredi, les internautes ont été surpris de découvrir sur les réseaux sociaux une dame sortie du néant. Elle dit s’appeler « Nicole Simba Umba » et prétend faire partie de la « grande famille » de Mzee Kabila. « Je suis venue porter plainte contre pasteur Mukuna afin qu’il nous dise qui a tué Mzee Kabila », clame-t-elle.
« LA GRANDE FAMILLE » DE LD KABILA
Les internautes n’ont pas manqué de remarquer que la nommée Nicole Simba Umba, modestement vêtue, avait un avocat derrière elle. L’histoire ne dit pas qui va payer les honoraires. La « Nicole » est apparue bien incapable de préciser le lien de parenté qui existe entre elle et le défunt Président. « La grande famille, c’est Muzo, elle est composée de plus de cinq mille personnes », a-t-elle bredouillé.
Sauf erreur, dans sa « dénonciation » déposée, le vendredi 8 mai, devant la Cour constitutionnelle, Pascal Mukuna a énuméré dix infractions imputables au pouvoir kabiliste. On peut citer notamment: le double massacre des adeptes du mouvement politico-religieux ex-Bundu dia Kongo, l’exécution du Bruxellois Armand Tungulu Mudiandambu, l’assassinat de l’ancien directeur exécutif de la « VSV » Floribert Chebeya et son chauffeur Fidèle Bazana, les exécutions extrajudiciaires de Kulunas sous le couvert de l’Opération Likofi, l’assassinat des experts onusiens Zaida Catalan et Michaël Sharp. Sans omettre les fosses communes de Maluku et du Kasaï.
Le pasteur Mukuna n’a jamais dit qu’il connaissait l’assassin de Laurent-Désiré Kabila. Il a, par contre, demandé l’ouverture d’un nouveau procès afin que le colonel Eddy Kapend et ses collègues disent leur part de vérité.
Qui a tué le Mzee Laurent-Désiré Kabila. Parlons-en!
Le 16 janvier 2001, le président Laurent-Désiré Kabila est décédé dans son lieu de travail dans des circonstances non élucidées à ce jour.
Dans son allocution d’investiture le 26 janvier 2001, « Joseph Kabila » avait pris l’engagement de « faire toute la lumière » sur la mort de son prédécesseur et « géniteur »: « Je rassure le peuple congolais qu’une enquête judiciaire est déjà est déjà ouverte afin que la lumière soit faite sur les circonstances de l’assassinat de l’illustre disparu ». Cette promesse solennelle n’a guère été tenue.
Reste que depuis bientôt vingt ans, des anciens proches collaborateurs de Mzee croupissent à la prison centrale de Makala. Ils sont les victimes expiatoires d’un règlement de comptes accompli à travers un procès inique et bâclé. Georges Leta Mangasa (ancien administrateur général de l’ANR), Constantin Nono Lutula (ancien conseiller spécial en matière de sécurité) et le colonel Eddy Kapend (aide de camp).
LA MORT DE LD KABILA: UN SUJET TABOU
Quasiment chaque année, les organisations de défense des droits de l’homme plaident de rouvrir un nouveau procès. A l’occasion de la commémoration du 10ème anniversaire de la mort de LD Kabila, le cardinal Laurent Monsengwo Pasinya a donné de la voix en relayant cette exigence. La presse pro-kabila l’avait littéralement « lynché ». C’est à croire que la disparition de Mzee Kabila est devenue un des secrets d’Etat les mieux gardés. Un sujet tabou.
Dans son ouvrage « La mort de LD Kabila: Ne nie pas c’était bien toi », publié en 2019, aux éditions Vérone, Paris, le lieutenant Georges Mirindi donne une piste sur le mobile de cet homicide.
Ancien membre de la garde rapprochée de Mzee, Mirindi est convaincu que la chute de Pweto, en décembre 1999, entre les mains des combattants pro-rwandais du RCD est le point de départ.
Selon lui, LD Kabila était fou furieux contre ses officiers. Et ce compte tenu notamment de l’arsenal abandonné aux forces ennemies. Il voulait faire fusiller tous les commandants qui étaient sur le théâtre des opérations dont le général-major « Joseph Kabila ». Au cours d’une « causerie morale » avec les troupes à Lubumbashi, le Mzee va commettre l’irréparable en annonçant sa volonté d’épurer l’armée « de ses généraux incompétentes ». Ceci explique-t-il cela?
« Joseph Kabila » doit être franchement culotté, pour instrumentaliser, près de vingt années après, un prétendu membre de la « grande famille » de Mzee pour porter plainte contre Mukuna « afin qu’il indique qui a tué de LD Kabila ».
On ne dira jamais assez que le pasteur de l’église « ACK » est embastillé non pas pour les infractions de vol et de menaces de mort. Mukuna va en prison pour ses attaques contre « Joseph Kabila » dont l’exigence de vérité sur les circonstances exactes de la mort de Mzee. Un sujet tabou pour « Kabila ». Tôt ou tard, la vérité triomphera!
Mercredi 13 mai 2020, le parquet général près la Cour d’appel de Kinshasa/Gombe a envoyé un très mauvais signal. A savoir que l’ex-président « Kabila » et ses janissaires que sont Néhémie Mwilanya Wilondja (ancien directeur du cabinet présidentiel) et Célestin Tunda ya Kasende (actuel ministre de la Justice) ont gardé intacte leur capacité de manipuler l’appareil judiciaire. Indignons-nous!
Baudouin Amba Wetshi