Affaire 200 millions (cette fois des Euros): nouvel épisode du théâtre de chez nous

Criminel en col blanc

Après l’épisode rocambolesque des 15 millions de dollars voici celui des 200 millions d’euros! De plus en plus fort…

L’affaire des 15 millions n’est qu’un exemple, de faible ampleur, des « coups » montés par nos autorités, en complicité avec certaines banques dont les dirigeants ne cachent pas que c’est grâce à ces coups, que leurs banques ont connu des développements spectaculaires ces 15 dernières années. L’affaire des 15 millions résulte d’une dette vis-à-vis des pétroliers, en réalité un manque à gagner lors d’un blocage temporaire de prix à la pompe. La dette a été évaluée à 100 millions. Comment? Par qui? Avec quel contrôle? Mystères. Le gouvernement, toujours bon dernier quand il s’agit de payer des dettes « normales », décide cette fois de payer rapidement sa dette en empruntant les 100 millions auprès de la Rawbank qui lui a probablement proposé cette opération moyennant des commissions et intérêts qui seraient de plus de 20 millions. Les pétroliers, dans un élan de gratitude, accordent un rabais de 15 millions (une rétrocommission) qui restent logés à la Rawbank avant d’être retirés en cash avant de s’évaporer dans la nature comme une banale affaire routinière.

Cette fois un grain de sable inattendu vient perturber la routine. L’inspection des finances, pourtant en coma profond depuis des années, mène un contrôle éclair, met en évidence les irrégularités, organise des fuites dans la presse et porte plainte. La presse et quelques ONG en parlent pendant quelques jours, le CLC (Comité laïc de coordination) projette une manifestation, le président de la république et son « dircab » déclarent que tout cela est normal. Le gouvernement, la BCC et la Rawbank restent muets et le procureur général près la cour de cassation se contente de menacer la presse qui évoque l’affaire.

Rideau. Fin de l’épisode.

Dans l’affaire des 200 millions d’euros, plus récemment dévoilée dans la presse on retrouve les mêmes acteurs: le gouvernement, la présidence, la Rawbank sont à la manœuvre. Coté entreprises viennent s’ajouter: la Gecamines et le « jumeau » du patron de la Gecamines (GCM) et important partenaire, Dan Gertler (DG). En coulisse un autre acteur, imprévisible et redoutable, il s’agit de l’administration américaine qui sanctionne des individus et les entreprises.

Une note récemment publiée par la GCM donne quelques précisions sur cette affaire:

« Pendant qu’elle n’était pas sous sanction américaine, Fleurette Mumi, devenue Ventora depuis lors, avait octroyé à Gécamines, en octobre 2017, un prêt de 200.000.000 € (Deux cents millions d’euros). Il était prévu que Gécamines pourra retirer les sommes dont elle aurait besoin sans dépasser le maximum de 200.000.000 €… En exécution dudit Prêt, la somme de 128.000.000 € (Cent vingt-huit millions d’euros) avait été sollicitée et finalement perçue par Gécamines en octobre 2017. Cette créance est arrivée à échéance en avril 2018… Les extraits de comptes et autres documents comptables renseignent clairement que la quasi-totalité a été versée au Trésor public au titre de paiement d’avances sur fiscalité ».

En d’autres termes, en octobre 2017, une société de DG accorde à la GCM un prêt de 200 millions remboursable après 6 mois soit le 4 avril 2018. En octobre 2017, comme l’indique le communiqué de la GCM, DG n’était pas encore officiellement frappé de sanctions par les Etats-Unis décrétées le 21 décembre. Cependant, une telle décision ne tombe pas subitement du ciel et est préparée bien à l’avance. Depuis les révélations des Panama papers en avril 2016, dans lesquelles le nom de Gertler est revenu 200 fois, l’étau de la justice américaine a commencé à se resserrer. En octobre 2017, Gertler savait très bien que les sanctions étaient imminentes. Le libellé en Euros du crédit serait-il une pure coïncidence ou une tentative de se soustraire à certains effets des sanctions?

Vu la durée de six mois du crédit, on pourrait supposer qu’il s’agissait de faire face à une difficulté de trésorerie temporaire. Ce n’était pas le cas. Sur les 128 millions décaissés, la GCM, dans un élan de patriotisme et de civisme fiscal sans précédent verse la quasi-totalité de ce montant au gouvernement comme « avance sur fiscalité ». Dans ces conditions, impossible de rembourser le prêt à l’échéance prévue du 4 avril 2018. Actifs sous évalués et permettant des super profits pour DG. L’insolvabilité étant bien organisée et le danger de faire des paiements à une entité sous sanctions bien établie (par des cabinets « prestigieux »), il fallait trouver une autre solution. Le risque serait en effet grand de voir se gripper la machine à fric qu’est la GCM qui serait frappée à son tour de sanctions. D’où l’idée, probablement présente au début de l’opération, d’obtenir un autre moyen de remboursement, par exemple une cession d’actifs sous évalués permettant un superprofit à DG. Pour tenter de donner une forme de crédibilité à cette affaire, dans un premier temps, la GCM refuse de payer à DG invoquant les sanctions américaines. Dès septembre 2019, les « jumeaux » entament une confrontation en justice qui ne dupe personne. Les décisions de justice, les appels des décisions et de nouvelles décisions se succèdent à une vitesse sans précédent sous la houlette du ministre FCC de la justice. La GCM est condamnée mais ne semble pas encore avoir payé à ce jour.

Dans cette nouvelle affaire, la présidence et le gouvernement restent muets.

Il est probable qu’à l’instar des élections un compromis sera trouvé entre FCC et CACH. Le CACH se contenterait de l’affaire 15 millions sans que le FCC – via l’appareil judiciaire qu’il contrôle ne vienne « fouiller » dans l’affaire et le CACH s’abstiendrait de « fouiller » dans l’affaire des 200 millions d’euros.

Reste une inconnue: la réaction des Etats Unis.

 

Par Jean-Marie Lelo Diakese

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