Après les déclarations incendiaires du trio Dunia-Ramazani-Mova, le communicant André-Alain Atundu Liongo se présente en « pompier ». Il assure que la coalition Cach-Fcc se porte bien et serait même « la voie du salut » du peuple congolais. Jusqu’à quand va perdurer ce ce petit jeu de double langage au moment où l’alliance conclue entre l’ex-président « Joseph Kabila » et le duo Tshisekedi-Kamerhe semble se muer en une inertie dangereuse au sommet de l’Etat?
Une cinquantaine de jours après le congrès du parti kabiliste le Pprd (Parti du peuple pour la reconstruction et la démocratie) à Lubumbashi, « Kabila » a, à l’image d’un prestidigitateur, sorti de son chapeau un « pompier ». Son nom: André-Alain Atundu Liongo.
Communicant du « Front commun pour le Congo » (Fcc) – cette plateforme qui sert de cache-sexe au « clan Kabila » -, Atundu a animé, jeudi 5 décembre, un point de presse à Kinshasa.
A en croire cet ancien ambassadeur du Zaïre de Mobutu au Rwanda, le président Felix Tshisekedi Tshilombo et son prédécesseur entretiendraient un « dialogue politique stratégique permanent » afin d’éviter un « sort apocalyptique » au peuple congolais.
EVITER LES INVECTIVES
Atundu d’adopter aussitôt la posture d’un prêcheur pour « exhorter » les animateurs des formations politiques « d’encadrer » leurs militants et d’éviter les « invectives ». Le locuteur n’a pas dit si ces recommandations s’adressaient tant aux « durs » de la coalition « Cap pour le Changement » qu’à ceux de la mouvance kabiliste dite « Front commun pour le Congo ».
Selon Atundu, les relations Cach-Fcc seraient « infestées » par quelques « émouchets » qui seraient décidés « à détruire cette belle œuvre de maturité politique et de véritable démocratie ». Qui sont ces « petits rapaces »? Est-ce Jean-Marc Kabund? Augustin Kabuya? Peter Kazadi? Fils Mukoko? Est-ce Emmanuel Ramazani Shadary? Dunia Kilanga? Henri Mova Sakanyi?
D’après cet ancien diplomate et officier de renseignements, en dépit des divergences programmatiques entre le Cach et le Fcc, les deux « partenaires » continueraient à filer le parfait amour en regardant dans la même direction. Les deux « alliés » seraient résolus à réaliser leur « engagement commun » de « gouverner ensemble » pour le « bénéfice » du pays et le « bonheur » du peuple congolais. Rire interdit!
L’AMI JAMIL MUKULU
S’agissant de l’insécurité qui continue à faire rage dans la partie orientale du pays, le communicateur du Fcc/Pprd dit « encourager » les Fardc à décupler leur force pour « mettre ces criminels hors d’état de nuire ». Il s’agit des très insaisissables « rebelles ougandais » dits « ADF » auxquels sont imputés, à tort ou à raison, le massacre, depuis octobre 2014 à ce jour, de près de 3.000 habitants du Territoire de Beni.
Atundu Liongo a omis de souligner que le leader de ces criminels, l’Ougandais Jamil Mukulu, serait une « veille connaissance » à un certain général-major « Joseph Kabila ». Les deux hommes ont vécu sous le même toit au numéro 55 de l’avenue Bocage, au quartier kinois de Ma Campagne.
Atundu a omis également de dire que lors de son arrestation en avril 2015, en Tanzanie, sieur Mukulu a été trouvé en possession d’une dizaine de passeports dont celui du Congo-Kinshasa. Et que les autorités diplomatiques de l’époque n’avaient entrepris aucune démarche pour identifier l’émetteur de ce document de voyage, propriété de l’Etat congolais.
RETRAIT DES TROUPES ONUSIENNES
Jouant son rôle favori en l’occurrence de celui de la « voix de son maître », André-Alain Atundu n’a pas hésité d’aborder un sujet qui n’a cessé de tenir à cœur l’ex-président « Kabila ». Il s’agit du « retrait » des troupes onusiennes.
Pour lui, le président Felix Tshisekedi Tshilombo devrait donner une « réponse satisfaisante » aux populations de la partie orientale du pays qui exigent le départ de la Monusco. « (…), la Monusco a tort de n’avoir pas donné une suite appropriée chaque fois que le président Kabila, alors chef de l’Etat, faisait une requête dans ce sens », a-t-il souligné.
Atundu feint d’ignorer qu’en dépit de ses « lacunes », la Mission onusienne au Congo a été, à un moment donné, un « mal nécessaire » mieux, un « témoin gênant » pour décourager les excès du pouvoir dictatorial de « Kabila ». L’exigence de départ de la Monusco formulée à l’époque, ne se fondait nullement sur la préservation de la « souveraineté nationale ». Bien au contraire, l’ex-satrape congolais avait besoin d’un champ libre pour écraser ses contempteurs. En « circuit fermé ». L’homme a gardé toute sa capacité de nuisance face aux forces du progrès.
LE PAYS N’EST NI GOUVERNÉ NI ADMINISTRÉ
Dix mois après la passation de pouvoir dite « civilisée » entre « Joseph Kabila » et Felix Tshisekedi Tshilombo, le Congo-Kinshasa présente le visage pitoyable d’un pays qui n’est ni gouverné ni administré. Les réformes (Etat de droit, lutte contre la corruption et l’impunité, la transparence dans la gestion etc.), annoncées jadis par les réformistes de l’Udps ressemblent aujourd’hui à des slogans creux. A quelques exceptions près, les provinces sont abandonnées à leur triste sort.
Depuis le 24 janvier 2019, on ne compte plus le nombre d’actes de provocations initiés par les « ultras » des deux camps. Que dire des propos tenus par Dunia Kilanga, secrétaire national du Pprd à la mobilisation, selon lesquels Felix Tshisekedi « est devenu président de la République par la volonté de Joseph Kabila » et non par celle de la Commission électorale nationale indépendante? Que dire ensuite de la déclaration de Mova Sankanyi selon laquelle Ramazani Shadary « n’a pas perdu l’élection présidentielle ». Et que ce qui s’est passé relevait de la « stratégie »? On n’oublie pas enfin la réplique de Jean-Marc Kabund aux déclarations d’Emmanuel Ramazani Shadary, le secrétaire permanent du Pprd, selon lesquelles l’Udps est un parti-milice. Silence, on s’invective
Pendant ce temps, les prétendus « ADF » continuent à massacrer des paisibles habitants du Territoire de Beni, au Nord Kivu. A Minembwe, au Sud-Kivu, des anciens émigrés rwandais veulent arracher leur terre à des tribus autochtones. Les armes à la main. Et ce avec la complicité de certains membres du gouvernement étiquetés Fcc/Pprd. C’est le cas notamment du ministre de la Décentralisation et… affaires coutumières, Azarias Ruberwa. Les observateurs ont été atterrés en apprenant l’attribution de ce portefeuille à cet homme très proche du régime de Kigali.
IL FAUT SAUVER LE CONGO-KIN
Au gouvernorat du Kongo Central, un vrai « potopoto ». La réhabilitation du gouvernement Atou Matubuana et son adjoint Justin Luemba a servi d’élément déclencheur. Les deux autorités administratives n’étaient plus en odeur de sainteté au Fcc/Pprd. Un précédent fâcheux qui risque, si on n’y prend garde, de faire tâche d’huile dans les Régions dirigées par des membres de la mouvance kabiliste.
A Kinshasa, on assiste au « bras de fer » entre le ministre de l’Intérieur, l’Udps Gilbert Kankonde, et le « Premier » Sylvestre Ilunga Ilunkamba, étiqueté Pprd. Des députés portant le label Fcc n’ont pas hésité à porter la main sur le vice-Premier ministre en charge de l’Intérieur. Un cas sans précédent.
On le voit, le communicant Atundu Liongo a tenté, sans succès, d’endormir une opinion congolaise qui paraît « fatiguée » par le petit jeu politicien et le double langage. Un double langage qui dissimule mal une réalité: la coalition Cach-Fcc est devenue une inertie dangereuse au sommet de l’Etat.
Les deux « partenaires » ont réussi à paralyser l’Etat. D’une part, « Kabila » fait à peine mystère de sa volonté de ne pas laisser son successeur réussir là où il a échoué tout au long de ses dix-huit années de pouvoir. De l’autre, le président Felix Tshisekedi Tshilombo affiche une attitude velléitaire face à son prédécesseur. Osera-t-il se libérer de la peur d’un « clash » en assumant la plénitude de ses prérogatives de chef de l’Etat? En attendant, il faut sauver le Congo-Kin…
B.A.W.