Il faut sortir des sentiers tortueux
C’est vraiment affligeant ce qui se passe à l’Est du pays, particulièrement à Beni. La situation est dramatique. Elle est intenable et inacceptable. Ce n’est pas possible qu’une poignée d’énergumènes puisse mettre tout un pays à genoux. En dépit des promesses du Président de la république et de son optimisme affiché, la ville de Beni est endeuillée par séquence régulière. Plus de 70 morts tués à l’arme blanche, en trois semaines, selon les statistiques de l’OCHA (Bureau de coordination des affaires humanitaires de l’ONU) basé au Nord-Kivu.
Beni ou le drame qui s’éternise
Le drame a duré suffisamment pour que l’on puisse collectivement en prendre la mesure et venir au bout de ses malfrats. La remise en question de ces soi-disant ADF (Forces démocratiques alliées) s’impose. Normalement, leur champ d’opérativité devrait être l’Ouganda de Yoweri Museveni. Toutefois, cela fait des années qu’ils s’en prennent plutôt à des paisibles citoyens et citoyennes de l’Est du pays qui constitue leur base arrière. Continuer à leur accoler ces crimes ne tient pas debout. Combien sont-ils? Leur mode opératoire étant connu, comment se fait-il qu’ils ne sont jamais inquiétés? La vérité est ailleurs. Ceux qui commettent ces crimes odieux sont des effectifs rwandais infiltrés dans l’armée congolaise qui agissent nuitamment. Ceci n’est pas un secret. Il est temps que les dirigeants congolais trouvent un moyen de remédier à cette entreprise funeste qui s’est donnée comme mission de décimer la population locale, sachant bien que cela n’arrivera jamais.
L’ombre perpétuelle des tueurs rwandais
Alors qu’une lutte qui ne dit pas son nom est engagée ouvertement avec les caciques du FCC qui ont de la difficulté à accepter le changement notamment pour la perte des privilèges abusifs qui enflaient leurs avoirs au détriment de la population, l’ombre des tueurs rwandais et de l’hégémonie de leurs dirigeants sur le Congo crée une profonde division qui n’amène pas à avoir la même vision sur les enjeux de l’heure. Le pays serait à haut risque parce qu’il est vendu ou il est sous occupation. Que ce fait soit fondé ou relevant de la surenchère, il dénote sans ambiguïté la faiblesse des Congolais et conséquemment l’humiliation dont ils sont l’objet de la part d’un petit pays. Car, cette situation, en dépit de moult dénonciations n’a que trop durer. Les FARDC qui sont capables des prouesses sur le champ de bataille n’y sont pour rien. Il faut plutôt regarder du côté de la hiérarchie militaire où la haute trahison filtre avec l’affairisme. Où le sens du devoir ne rime pas forcément avec le sentiment patriotique.
Sortir des sentiers tortueux
Alors que la situation décrite ci-haut a atteint son apogée et demanderait que tout le pays soit soudé pour combattre l’ennemi commun, voilà que ceux qui ont formé une coalition pour diriger le pays replonge le peuple congolais dans des sentiers tortueux au lieu d’en sortir. L’alternance politique que la RDC a connue est loin de placer le pays sur l’orbite que beaucoup de gens auraient souhaité. Le chemin est très glissant. Rien ne va entre membres du FCC et ceux du CACH qui rivalisent à travers des déclarations tonitruantes et des coups bas. Du côté de l’opposition informelle, on continue à évoquer une insurrection populaire. Dans l’entretemps, bien qu’il y ait des réalisations phares de la part du nouveau régime, les attentes des populations pour l’amélioration de leurs quotidiens demeurent au zénith.
Le retour improbable
La politique congolaise est rongée du dedans. Certains acteurs politiques ne comprennent pas les signes du temps. Beaucoup d’entre eux vivent ancrés au passé croyant que la manivelle qui règle tout mouvement fera marche arrière pour replacer au pouvoir un individu qui a eu la possibilité de bâtir et de laisser les empruntes durables de son œuvre, mais qui a passé, au contraire, tout son temps à détruire l’économie et à massacrer la population. Aujourd’hui, si son successeur connait autant d’attentes, c’est parce que le pays était dans l’abîme le plus profond. Prospecter le retour en force de quelqu’un qui a littéralement ruiné le pays relève de la myopie, de la politique outrancière et d’une vision erronée de la fonction présidentielle.
Combattre le fanatisme
Le fanatisme exacerbé de tout bord, soit pour soutenir le régime en place ou pour le honnir, est à condamner, car il ne sert pas la cause patriotique. C’est légitime de critiquer les actions gouvernementales si elles ne vont pas dans la bonne direction ou s’il y a des abus évidents dans la gestion des affaires. C’est encore mieux si l’on proposait des solutions faisables en adéquation avec les moyens financiers dont dispose le gouvernement. À l’opposé, des mouvements qui se forment pour soutenir Félix doivent exercer leur droit tout en acceptant et en tolérant les voix discordantes qui sont tout à fait légitimes en démocratie. Autrement, il y a risque de pousser les acteurs politiques vers un totalitarisme scélérat et dégradant. Dans tous les cas, on ne devrait jamais éluder les intérêts nationaux et les diverses sensibilités politiques qui existent dans le pays. En clair, il faut mettre fin à l’impasse actuelle qui ronge le pays et sortir le plus vite possible des sentiers tortueux pour offrir au peuple congolais un avenir radieux.
Par Mwamba Tshibangu