Gouvernement: Kangudia reste. Il s’en remet au « raïs »

C’est sans surprise que l’on a appris, mardi 24 octobre, que le ministre du Budget, l’UNC Pierre Kangudia Mbayi – dont le téléphone était aux abonnés absents durant toute la soirée de lundi – a choisi la déloyauté en décidant de rester au gouvernement. Et ce contre la position de son parti. L’homme accuse Vital Kamerhe de s' »acharner » sur sa personne.

Mardi, plusieurs cadres de l’UNC qui œuvraient au sein du cabinet du Budget ont transmis leurs lettres de démission au ministre Pierre Kangudia. C’est le cas d’une dizaine de chargés de mission et d’un conseiller. Toutes les correspondances soulignent « la fidélité aux idéaux du parti » ainsi qu’à son président Vital Kamerhe.

Dans la matinée de mardi, Kangudia a animé un point de presse dans son cabinet de travail. C’était sa réponse à la décision prise la veille par le bureau politique de l’UNC le sommant de quitter le gouvernement. Aucun journaliste présent ne s’attendait à un miracle sauf à cette phrase: « Je reste au gouvernement d’union nationale dirigé par le premier ministre Bruno Tshibala ».

Dans son argumentaire, Kangudia assure qu’il n’a pas été « consulté » avant la prise de cette décision. Une mesure qu’il qualifie, par ailleurs, de « précipitée ».

Ne voulant manifestement pas « mourir seul », l’orateur s’est souvenu qu’un délégué de l’UNC continue de siéger au sein du bureau de la CENI à laquelle ce parti reproche la non-publication du calendrier électoral ainsi que la non-tenue des consultations politiques au plus tard le 31 décembre prochain. « Comment peut-on justifier mon retrait seul des institutions tout en laissant le représentant se notre parti continuer l’exercice de ses fonctions à la CENI », s’est-il interrogé.

Le coup d’éclat de cet ex-opposant n’a guère surpris. Bien au contraire. Il n’a fait que confirmer la légèreté qui caractérise les politiciens congolais. Des hommes et des femmes qui manient un double discours. Le premier est progressiste aussi longtemps qu’ils militent dans les rangs de l’opposition. Le second est réactionnaire dès que l’on gravi les marches du pouvoir.

Qui aurait cru un jour entendre Marie-Ange Mushobekwa, Bruno Tshibala, Lisanga Bonganga, José Makila et consorts vanter des « avancées » en matière des droits et libertés autant que « l’impulsion personnelle du président Joseph Kabila » dans la conduite des affaires de l’Etat.

Le départ de Kangudia laissera des plaies difficiles à cicatriser au sein de l’UNC. De même, l’image du personnel politique congolais n’en sort guère grandie.

Des observateurs estiment que « VK » paie le prix de son « inconstance ». « Il a fait le jeu de la mouvance kabiliste lors du dialogue de la Cité de l’Union Africaine, confie un analyste. Kamerhe se voyait déjà en haut de l’affiche en tant que Premier ministre ». Et d’ajouter: « Samy Badibanga ayant raflé la primature, Vital espérait obtenir au moins la Présidence du conseil national du suivi de l’accord au Centre interdiocésain, après le décès d’Etienne Tshisekedi ».

En retirant bruyamment l’ultime ministre UNC de l’exécutif national, « Vital » voulait-il donner des « gages » à ses « anciens amis » de l’opposition ou provoquer un autre « dialogue » avec « Joseph Kabila »? Concluant son point de presse, le ministre non-démissionnaire du Budget de lancer: « Je refuse de satisfaire les intérêts égoïstes et personnels de certaines personnes ».

 

B.A.W.
© Congoindépendant 2003-2017

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