Lamuka: Katumbi passe le « flambeau » à Bemba… absent

Où est passé Jean-Pierre Bemba, le leader du MLC? A-t-il boycotté la réunion du présidium de la plateforme Lamuka? A-t-il été empêché de faire le voyage pour des raisons indépendantes à sa volonté?  L’avenir proche donnera des réponses à ces interrogations. En attendant, les rumeurs les folles circulaient lundi 29 juillet sur l’absence du « chairman ». A tort ou à raison, d’aucuns le suspectent d’avoir entamé des « pourparlers » avec le président Fatshi. Dans le communiqué daté du mardi 30 juillet 2019 clôturant la réunion, Lamuka confirme son ancrage dans l’opposition républicaine. Celle-ci se veut « vigilante » et sans « compromission ». L’objectif est de contribuer à la lutte contre les antivaleurs et œuvrer à l’instauration de la démocratie. Sans omettre l’Etat de droit et la bonne gouvernance.

A Lubumbashi, la réunion du présidium de la plateforme politique « Lamuka » a eu lieu, lundi 29 et mardi 30 juillet, suivant le programme publié par le parole-parole du coordonnateur sortant, Cherubin Okende: ouverture le 29 juillet; clôture le 30.

Lundi, Martin Fayulu et Adolphe Muzito ont rejoint le chef-lieu du Haut Katanga où les attendait Moïse Katumbi. Un absent: Jean-Bemba Gombo. Celui-ci s’est fait représenter par la secrétaire générale du MLC Eve Bazaïba Masudi. C’est entre ses mains que le coordonnateur sortant du présidium, a remis, à titre symbolique, l’étendard de cette coalition politique.

Dans leur communiqué, les quatre « leaders » de cette plateforme ont commencé par « prendre acte » du départ (17 juin) d’Antipas Mbusa Nyamwisi et de Freddy Matungulu (10 juillet). Et ce sans formuler le moindre jugement de valeur.

Sans vouloir relancer une nouvelle polémique sur « la vérité des urnes », les quatre « leaders » ont néanmoins « réaffirmé » la « victoire » de Lamuka aux élections du 30 décembre 2018. Aussi, le mouvement continue-t-il « à dénoncer la fabrication des résultats tels qu’annoncés par la Ceni et entérinés par la Cour constitutionnelle ». « Lamuka dénonce aussi l’invalidation injuste de ses députés par la Cour constitutionnelle ».

Martin Fayulu Madidi

Sur son compte Twitter, Martin Fayulu semble, mardi 30 juillet, abonder dans le même sens: « Unis, nous avons réellement gagné les élections de décembre 2018 et c’est unis que nous apporterons le véritable changement espéré par les Congolais. Nous n’avons qu’une RDC, œuvrons pour son édification ».

« LA GUERRE DES LIEUTENANTS »

Depuis la signature, le 27 avril dernier, de la Convention érigeant « Lamuka » en plateforme politique, celle-ci a été secouée par une sorte de « guerre des lieutenants ». On a assisté à une violente empoignade verbale entre les proches de Fayulu et ceux de Katumbi. Les invectives volaient de toutes parts.

Au commencement, les « fayulistes » ont accusé « Moïse » de « trahison » pour avoir levé l’option d’une « opposition républicaine ». Une attitude, selon eux, qui dissimule mal la volonté de se rapprocher de Fatshi en passant par pertes et profits le « combat pour la vérité des urnes ».

A la décharge du leader d’Ensemble, l’attitude chahutée paraît conforme aux quatre « axes » arrêtés dans la Convention précitée. A savoir: la défense de la Constitution spécialement dans ses articles intangibles, la mobilisation du peuple pour une alternance démocratique reflétant la vérité du choix des électeurs, la promotion de l’Etat de droit et d’une meilleure gouvernance et l’éradication des antivaleurs.

Il y a eu, par la suite, l’entretien que le « candidat malheureux » à la présidentielle du 30 décembre dernier avait accordé mi-juin au quotidien français « Le Monde ». Une phrase n’a pas manqué de siffler aux oreilles des « katumbistes ». « On sait que certains ne sont pas clairs dans Lamuka, déclarait Fayulu. Après les élections, il y en a pour qui le combat est devenu trop dur à mener. Katumbi sait exactement ce qu’il fait. Il n’a pas la même conviction ni les mêmes principes que moi. J’ai toujours été écœuré par ceux qui font de la politique pour l’argent ».

Ces propos ont fait bondir des « katumbistes » qui ont aussitôt répliqué. La divulgation de la « proposition de sortie de crise » élaborée par « Martin » à l’insu apparent de ses partenaires a apporté du grain à moudre dans ce dernier camp.

La réunion du présidium à Lubumbashi était sans aucun doute un moment inespéré pour recoller les morceaux de cette plateforme fissurée non seulement à la suite du double départ précité mais aussi de la « guerre fratricide ». « Tous les membres du présidium réaffirment leur engagement à œuvrer dans la franche collaboration et la cohésion au sein de la plateforme afin de poursuivre la noble lutte », peut-on lire.

Le texte invite chacun des leaders « à exhorter » leurs collaborateurs et militants « à demeurer unis » et « disciplinés ». Un aveu selon lequel la discipline et la solidarité feraient gravement défaut au niveau des « bases » respectives.

Les quatre leaders ont martelé les « axes » contenus dans la Convention citée précédemment. De même, ils ont pris l’engagement de « mobiliser » la population pour obtenir des « réformes institutionnelles nécessaires » notamment à la Cour constitutionnelle et à la Commission électorale nationale indépendante.

PERSISTANCE DE LA CORRUPTION ET DE L’INTOLÉRANCE

Adolphe Muzito

Comme pour annoncer les couleurs, le Présidium se dit « préoccupé » par « la persistance de la corruption, la détérioration des conditions de vie de la population, l’augmentation des inégalités sociales » et la résurgence de l’intolérance. Deux cas sont cités: la coupure du signal du média privé RTVS1 appartenant à Adolphe Muzito et « la non délivrance discriminatoire » du passeport de Salomon Idi Kalonda, un des proches conseillers de Katumbi.

A propos de la corruption, l’absence d’un gouvernement central au cours de ces six derniers mois fait que toutes les administrations génératrices de recettes sont toujours entre les mains des « hommes de Kabila ». C’est le cas notamment de la Direction générale des douanes, de la DGI (Impôts) et de la DGRAD (Recettes administratives et domaniales). La liste n’est pas exhaustive.

Depuis le 30 juin dernier, la RTVS1 n’émet plus. « On m’a laissé entendre que ce média lance des appels à la haine ». Qui parle? Le président Felix Tshisekedi en personne. Il a fait cette remarque lors du point de presse qu’il avait animé lors de sa récente visite en Ituri.

Le Présidium de Lamuka lance un « appel pressant » à la classe politique et à la société civile « de se joindre à son combat,(…)« , pour « protéger et consolider » le pacte républicain conclu, en 2002, par les forces vives congolaises réunies à Sun City, en Afrique du Sud et « traduit dans la Constitution » en vigueur.

Jean-Pierre Bemba Gombo

Moïse Katumbi avait placé son mandat de coordonnateur du présidium sous le signe du « jalonnement et de l’unité ». L’opinion attend impatiemment de connaitre l’orientation que le successeur de Katumbi pourrait donner. Le problème relatif à la désignation au porte-parole de l’Opposition sera-t-il résolu au cours des trois mois à venir?

En ce qui concerne le passeport de « Salomon », il semble se confirmer que c’est « Fatshi », pour une raison connue de lui seul, qui aurait instruit les « services » de « retenir » ce document de voyage. « Salomon et Felix se connaissent bien. Ils ont quelques vieux comptes à régler », entend-on dire ici et là. L’ancien opposant qu’est le président Felix Tshisekedi aurait-il engagé le pari risqué de détourner le pouvoir d’Etat de sa noble mission en le mettant au service de ses intérêts particuliers? On espère que la réponse ne peut-être que négative. Dans le cas contraire, on n’est pas sorti de l’auberge…

 

Baudouin Amba Wetshi

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