CACH-FCC: Le calme avant la tempête…

Lundi 22 juillet, le président Felix Tshisekedi a reçu son prédécesseur, « Joseph Kabila, dans le domaine de la N’sele. La photo ci-dessus – montrant les deux hommes en train de sabler le champagne – a été diversement commentée. Pour les uns, les deux hommes ont affiché une « entente cordiale ». Pour d’autres, c’est le calme avant la tempête.  Des regrets ont été exprimés ici et là pour l’image de « noceur » que « Felix » se donne involontairement en se laissant photographier avec une coupe de champagne à la main. Cette rencontre « au sommet » est intervenue quelques jours après les « empoignades verbales » d’une rare violence entre les « bases » respectives de l’UDPS et du PPRD-FCC. Chaque camp a craché des « vérités » à l’autre. Ce genre d’incident laisse généralement des plaies psychologiques difficiles à cicatriser. Depuis l’investiture de Felix Tshisekedi à la tête de l’Etat, les deux parties se sont décochées plusieurs flèches. Pour des observateurs, la coalition CACH-FCC est condamnée à imploser après l’entrée en fonction du gouvernement. Le risque est grand que le CACH soit déjugé par l’opinion pour son « incapacité annoncée » à matérialiser son credo qui tient en quatre mots: lutte contre les antivaleurs. Le FCC, lui, joue la carte de la continuité. Ambiance!

Fils Mukoko, leader des « parlementaires debout »

Six mois après l’investiture de Felix Tshisekedi Tshilombo, certains observateurs estiment que ce dernier serait tombé dans un « piège » en concluant un « deal » le FCC. « Le FCC est une association de malfaiteurs qui regroupe des gens qui veulent survivre après avoir pillé le pays », analyse un juriste qui a requis l’anonymat. Pour lui, « la coalition CACH-FCC n’a pas d’avenir du fait de divergences qui opposent les deux parties tant au niveau des valeurs que des programmes ».

Cet avis semble partagé par la « base » de l’UDPS. Leader des « parlementaires debout », Fils Mukoko l’a dit haut et fort: « Kabila est le problème du Congo ». Et d’ajouter une phrase assassine: « Même Dieu ne veut pas de cette alliance assimilation au mariage entre un ange et un démon ».

En dépit de son air nonchalant voire « exalté », Fils Mukoko semble dire tout haut ce qui se murmure au niveau de la base. Et pourquoi pas de certains cadres de l’UDPS? Selon lui, « Joseph Kabila » et quelques généraux seraient en train d’ourdir un « complot » contre l’actuel chef de l’Etat. La désignation d’Alexis Thambwe Mwamba à la présidence du Sénat en serait le premier acte. Aussi, les « combattants » avaient-ils prévu d’aller manifester le lundi 22 juillet. Objectif: empêcher Thambwe à déposer sa candidature. 

« BÉRETS ROUGES »

La réplique du PPRD-FCC n’a pas tardé. Elle est portée par les fameux « bérets rouges » chers à Henri Mova Sakanyi, l’ancien secrétaire général du parti kabiliste. Mova avait envoyé des « jeunes leaders » de ce parti politique suivre un « stage de formation » auprès des miliciens « Imbonerakure » burundais.

En lieu et place de Papy Pungu, le leader de la « jeunesse » du PPRD, on voit apparaître un homme arborant une barbichette à la Che Guevera. Ce dernier d’une cinquantaine d’individus munis de tee shirt et bérets écarlates. Qui est cet homme? D’où sort-il ? Comment s’appelle-t-il? Que représente-t-il?

Les « bérets rouges »

Inconnu dans les milieux des « jeunes leaders » du PPRD, l’homme a été aperçu pour la première fois aux côtés de Daniel Nsafu lors de la « revalidation » du mandat de député national de ce dernier par la Cour constitutionnelle. Il serait connu sous le surnom de « Henri Magie ». S’agit-il d’un « mercenaire » prêt à embrasser n’importe quelle « cause » moyennant rétribution?

« ERREUR MATÉRIELLE »

Une certitude: Henri Magie est porteur d’un « message ». Un message émanant de qui? En tous cas, la « communication » dont il est porteur ne manque pas de cohérence. Après avoir lancé un étrange slogan « Mingi, Mingi », l’homme de lancer: « Nous avons entendu un gamin insulté le raïs. Je voudrais lui dire qu’il joue avec celui qui a donné le pouvoir à son chef ». L’orateur devient aussitôt menaçant: « Mukoko gare à toi! C’est un premier avertissement! ».

Comme pour dire que « Joseph Kabila » et ses hommes commençaient à accuser la « fatigue » face au retard que connait la formation du gouvernement, il dit: « Même moi, je n’aime plus cette coalition [CACH-FCC, Ndlr]« . Il annonce, par ailleurs, l’organisation d’une contre-manifestation pour le même lundi 22 juillet afin de croiser le fer avec les « parlementaires debout ». « Après nous allons réclamer la vérité des urnes », poursuit-il sans sourciller.

Poursuivant son monologue, Henri Magie de clamer que le FCC était prêt à saisir la Cour constitutionnelle afin d’obtenir la correction d’une « erreur matérielle » intervenue, selon lui, lors de l’élection présidentielle du 30 décembre 2018. « Joseph Kabila » serait-il disposé à invoquer ses propres turpitudes devant la Cour constitutionnelle? 

Henri Magie ira jusqu’à insinuer que ses « commanditaires » étaient prêts à « chasser du pouvoir » l’actuel chef de l’Etat « afin de mettre en place un gouvernement ». On aurait tort de balayer d’un revers de main les rodomontades de ce « chef  béret rouge ».

« CANDEUR »

Sur compte Twitter, le tshisekediste François Mwamba Tshishimbi a annoncé la publication prochaine de la composition du gouvernement. Il a même donné une date: le 29 juillet. D’aucuns croient y voir un apaisement. Erreur. Les « bases » respectives se vouent une haine viscérale et semblent occupés à affûter leurs armes. Sans vouloir jouer les oiseaux de mauvaise augure, il ne manque plus qu’une petite étincelle.

Tout en convenant que comparaison n’est pas raison, la visite effectuée par « Joseph » chez « Felix » à Nsele n’est pas sans rappeler une autre visite du genre chez le vice-président Jean-Pierre Bemba Gombo et « candidat malheureux » à l’élection présidentielle. C’était le 1er décembre 2006.

Cette entrevue qui avait eu lieu « dans une ambiance empreinte de convivialité », commentait les médias, n’a pas empêché l’affrontement, en mars 2007, à l’arme lourde, entre la garde prétorienne de « Joseph Kabila » et les soldats chargés d’assurer la garde rapprochée de JP Bemba.

A tort ou à raison, des observateurs déplorent une certaine « candeur » dont ferait montre le président Tshisekedi dans ses rapports avec son prédécesseur…

 

B.A.W.

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