La diplomatie belge va reprendre solidement pied en République démocratique du Congo (RDC) après un an et demi d’une énième crise belgo-congolaise, avec le retour – déjà annoncé – d’un ambassadeur à Kinshasa, mais aussi la réouverture attendue du consulat général à Lubumbashi (Sud-est), confié à Bart Coessens, dans l’attente d’une réponse des autorités congolaises, a-t-on appris mercredi de sources concordantes.
La Belgique n’a plus d’ambassadeur en RDC, un poste considéré comme capital dans la diplomatie belge, depuis le rappel en janvier 2018 de Bertrand de Crombrugghe de Picquendaele à la suite d’une crise entre Bruxelles et Kinshasa sur fond de reports répétés des élections générales. Elles se sont finalement tenues, avec deux ans de retard, le 30 décembre dernier – et ont amené l’opposant Antoine Félix Tshisekedi Tshilombo à la présidence du pays, tout en donnant au camp de l’ex-chef de l’Etat, Joseph Kabila Kabange, une écrasante majorité dans les deux chambres du parlement.
Un ancien ambassadeur en Jordanie, Johan Indekeu, a été désigné en mai comme chef de poste à Kinshasa en vertu d’un accord de sortie de crise négocié entre Bruxelles et son ancienne colonie après l’entrée en fonction de M. Tshisekedi. Ce dernier a succédé le 24 janvier à M. Kabila après dix-huit ans passés au pouvoir.
M. Indekeu succèdera au chargé d’affaires ad intérim Philippe Bronchain, qui tenait le rôle de chef de mission depuis le départ de M. de Crombrugghe, avant d’être désigné comme ambassadeur au Pakistan, également accrédité pour l’Afghanistan.
M. Bronchain a annoncé dimanche, lors d’un discours prononcé à Kinshasa à l’occasion de la Fête nationale, que la Belgique venait d’introduire la demande d’agrément de son futur ambassadeur auprès des autorités congolaises.
M. Indekeu devrait rallier le mois prochain la nouvelle ambassade de Belgique à Kinshasa, établie sur le boulevard du 30 Juin, la principale artère de la capitale congolaise, puis attendre la remise de ses lettres de créance à M. Thisekedi avant de pouvoir effectivement prendre ses fonctions. Mais, fait-on observer aux Affaires étrangères, la procédure d’agrément est tributaire de la formation d’un nouveau gouvernement central à Kinshasa, qui fait l’objet d’interminables tractations entre MM. Tshisekedi et Kabila, signataires d’un accord de coalition pour se partager le pouvoir.
Le ministre des Affaires étrangères, Didier Reynders, a annoncé sur Twitter avoir rencontré mardi l’ambassadeur Indekeu, « notre futur chef de poste (désigné) à Kinshasa ».
« L’occasion de rappeler les liens profonds qui unissent nos pays et la volonté de la #Belgique d’accompagner la #RDC après la transition qui a eu lieu en début d’année », a-t-il ajouté.
M. Bronchain a également fait allusion à la réouverture « cette année » du consulat général de Belgique à Lubumbashi, le chef-lieu de la province du Haut-Katanga (sud-est). Les Affaires étrangères ont désigné l’actuel premier conseiller de l’ambassade en Bulgarie, Bart Coessens, pour occuper ce poste – qui ne nécessite toutefois pas le même agrément que pour un ambassadeur.
Ce second poste diplomatique belge en RDC avait été fermé à la demande du régime de M. Kabila en février 2018 au plus fort d’une grave crise belgo-congolaise liée aux reports des élections, initialement prévues fin 2016.
Kinshasa avait également décidé de fermer, par « réciprocité », son consulat général à Anvers, alors que la RDC n’a plus d’ambassadeur en Belgique depuis le rappel à Kinshasa de Dominique Kilufya Kamfwa, voici plus de deux ans.
M. Tshisekedi a toutefois annoncé en mai la nomination prochaine d’un ambassadeur congolais auprès de l’UE – une fonction généralement couplée à celle d’ambassadeur en Belgique.
Mais ici aussi, l’absence de gouvernement retarde le processus de désignation, estime-t-on de source diplomatique. /.GGD/QUJ
(BELGA) / 24/7/2019