Employée (Assistant Relationship Manager Public Banking) dans une importante banque franco-belge, la Bruxelloise Bijou Tshiunza Kumwamba est à la recherche de partenaires afin de doter ce groupement à but social d’un capital fixé à 70.000 $. L’association flamande « Ondernemeers voor Ondernemeers » [Traduction: Entreprise pour Entreprise] est disposée à libérer 50.000 $. Il manque vingt associés pouvant s’engager à verser 1.000 $ chacun pour réunir les 20.000 $ représentant vingt parts sociales.
Née à Kinshasa, fille de Tshiunza Tita, ancien « DG » de la Société financière de développement (Sofide), Bijou Tshiunza Kumwamba a grandi dans la commune kinoise de Ngaliema. Elle a toujours suivi avec admiration l’énergie déployée par les marchandes (mamans maraîchères, vendeuses de beignets, de chikwangue ou du pain etc.) pour tenir leur petit commerce à travers les nombreux marchés de cette municipalité. « La commune de Ngaliema va tenir lieu de ‘test’ avant d’étendre nos activités dans d’autres municipalités de la capitale », dit-elle en liminaire.
L’idée de lancer une société de micro-crédit lui est venue en observant les actions d’un groupement dénommé « Association Jeunes Unis pour le développement de la Commune de Ngaliema » (JUD). Ce sont des jeunes congolais de la diaspora qui se sont constitués en « réseau ». « Ces jeunes se sont assignés pour première action le ramassage des immondices en vue de restaurer une certaine salubrité dans cette partie de la ville ».
En 2015, « Bijou », qui est économiste de formation, apprend l’existence, au sein de la banque qui l’emploie, d’un service dénommé « Benevolab ». Celui-ci organise des missions dans des pays en développement. Elle apprend également qu’une Asbl dénommée « Exchange expertise » travaille avec des coopératives. Elle s’inscrit au « Benevolab ». Cette inscription lui donne l’occasion de prendre connaissance des diverses demandes adressées à ce service pour des formations dans la gestion de crédit. « C’est à partir de ce moment que j’ai découvert la finance inclusive ».
COOPÉRATIVE, UNE SOCIÉTÉ A IMPACT SOCIAL
Décidée à maîtriser le domaine de la micro-finance, « Bijou » prend, en août 2015, une dizaine de jours de congé. Elle s’inscrit dans une école de micro-finance à Nantes, en France. Celle-ci est dirigée par un certain Michel Hamon. « Je garde un excellent souvenir de ce formateur extrêmement rigoureux ».
Pour elle, au lieu d’envoyer de l’argent aux parents – restés au pays – pour résoudre divers problèmes existentiels, les Congolais de la diaspora devraient confier ces sommes d’argent à la coopération afin que celle-ci finance des activités économiques. « Notre rôle sera de doter l’entrepreneur d’un capital et l’accompagner afin qu’il utilise l’argent reçu pour cette activité-là. L’objectif est de réduire la pauvreté ».
Après son passage à Nantes, Tshiunza Kumwamba a suivi une autre formation pour saisir toutes les subtilités de la micro-finance. Dans le lexique d’Economie publié chez Dalloz, la micro-finance est définie comme suit: « une activité d’offre de services financiers (épargne, crédit, assurance, etc.) à destination des plus pauvres qui n’ont pas accès aux institutions financières classiques et sans activité salariée régulière« . Pour elle, « la coopérative est une société à impact social« .
« ONDERNEMEERS VOOR ONDERNEMEERS »
Pendant que la Kinoise est sur le point d’achever sa formation, l’association « Ondernemeers voor Ondernemeers » lance un « appel à projet » à destination de la diaspora. « Trois projets sont retenus dont le mien. Les responsables de cette association n’ont pas cessé tout au long de la formation de m’interroger sur la situation politique autant que sur l’inflation au Congo ». Cette ONG flamande a fini par prendre la résolution d’avancer 50.000 $ dans le cadre du lancement d’une société coopérative à responsabilité limitée (SCRL).
La loi belge impose un minimum de trois fondateurs et un capital minimum de 18.550 € pour une société de ce type. « Bijou » est ainsi à la recherche de vingt personnes prêtes à prendre des parts sociales dans la coopérative afin de réunir les 20.000 $ à apporter par l’initiatrice du projet. Quid des dividendes? « Les souscripteurs percevront des dividendes dès que la structure va commencer à générer des bénéfices ».
PROCURER DES EMPLOIS
Contrairement aux institutions bancaires, dans le secteur de la micro-finance le bénéficiaire n’est tenu à donner aucune garantie ou caution. « Tout repose sur la confiance. Nous mettrons en place un mécanisme pour garantir cette confiance. En cas d’abus, nous stoppons la relation ».
Pour elle, le rôle de la société coopérative ne se limitera pas à accorder un crédit. « Avant l’octroi du micro-crédit, nous donnerons au bénéficiaire quelques rudiments en matière financière afin qu’il puisse tenir une petite comptabilité. Nous allons ensuite l’accompagner ». D’après elle, l’objectif final est que cette petite activité se développe afin de permettre aux marchands de prétendre à un crédit bancaire. « Il n’est pas exclu que la future société coopérative génère quelques emplois ».
L’association « Microdev » organisera un « gala de charité au profit des femmes démunies en RD Congo« , le samedi 18 mai prochain à 19h00, dans la salle Saphir située au n°123, rue colonel Bourg, 1140 Evere. « Nous espérons à cette occasion récolter les fonds pour la constitution de la coopérative ». Sur un ton mélancolique, Bijou Tshiunza Kumwamba de conclure: « Ce serait honteux et triste que je dise à ceux qui ont apporté 75% du capital de cette coopérative que je n’ai pas pu réunir les 25% ». Contact: 0032489307806; e-mail: tshiunzab@gmail.com.
Baudouin Amba Wetshi