Naufrage sur le lac Kivu: Les larmes de crocodile de « Joseph Kabila »

Le Président Felix Tshisekedi Tshilombo est rentré jeudi 18 avril au début de la soirée à Kinshasa après une petite tournée dans le Haut Katanga, le Nord-Kivu et le Sud-Kivu. Quelques heures auparavant, il s’est rendu dans le territoire de Kalehe pour exprimer la « compassion nationale » aux familles endeuillées suite au naufrage d’une pirogue motorisée, survenu mardi 16 avril, sur le lac Kivu. Bilan provisoire: 13 morts et 150 disparus. « Fatshi » a décrété une journée de « deuil national » ce vendredi 19.

Réputé pour son manque d’empathie autant que pour sa froideur, l’ancien président « Joseph Kabila » n’a pas manqué de surprendre l’opinion congolaise. L’homme a lancé, jeudi, un « appel à la solidarité » en faveur non seulement des familles de victimes mais aussi des survivants. Il s’est manifesté via le compte Twitter du FCC (Front commun pour le Congo).

Des observateurs interprètent cette démarche, plus à raison qu’à tort, comme « des larmes de crocodile ».  Au motif que l’homme n’a jamais été coutumier de gestes empreints d’humanisme.

Sur son compte Twitter, la jeune activiste de la société civile Gloria Senga n’a pu s’empêcher d’ironiser que l’ancien chef de l’Etat fait une « chose jamais faite quand il était au pouvoir, il était vraiment insensible ».

Les natifs de Kalehe résidents à Kinshasa demandent aux pouvoirs publics de prendre en charge l’enterrement des victimes et l’indemnisation des marchands pour les pertes subies suite à ce sinistre. A en croire l’ACP, Les originaires de ce territoire « se sont dits touchés par la marque de sympathie et de compassion » manifestée par le nouveau Président de la République.

Chacun a le droit d’aimer ou de ne pas aimer « Felix ». Reste qu’il faut être de mauvaise foi pour ne pas reconnaître que le successeur de « Joseph Kabila » parait naturellement humble et accessible.  Est-il, pour autant, exempt de défauts? Nullement! D’ailleurs, nombreux sont les contempteurs qui lui reprochent une « inflation d’effets d’annonce » frisant le populisme. « Un chef d’Etat ne multiplie pas d’annonces. Il décide. L’action doit parler à sa place », entend-on dire.

Reste que « Felix » est l’antithèse de « Joseph » en termes d’humanisme. Un homme politique doit être « sensible ». Il doit savoir, comme disent les croyants, « pleurer avec ceux qui pleurent » et « se réjouir avec ceux qui se réjouissent ». En dix-huit années de « cohabitation », les Congolais n’ont pas eu l’occasion de partagé de tels moments que « Kabila ».

« REFUS D’INTÉGRATION »

Au cours de ses dix-huit années passées à la tête de l’Etat congolais, le successeur de Mzee – qui a foulé du pays qui s’appelait encore Zaïre à l’âge de 25 ans – a démontré jusqu’au bout qu’il n’avait aucune attache psychologique avec son pays d’adoption. Pire, au cours de ces deux décennies, l’homme et sa fratrie ont affiché une sorte de « refus obstiné d’intégration ».

« Joseph Kabila » et sa fratrie ont vécu et continuent à vivre dans ce pays qui leur a tout donné comme des « touristes ». Des « gens de passage ». Comment ne pas donner raison à ceux qui allèguent que le Congo-Kinshasa ne serait pour eux qu’une sorte de « caverne d’Ali Baba »?

En janvier 2010, pendant que plusieurs villes congolaises faisaient face à une pénurie en eau courante et en électricité, « Kabila » décide de venir en aide à l’Etat haïtien frappé par un tremblement de terre. Il émet un chèque d’un montant de 2,5 millions de dollars au profit du peuple haïtien. Le chèque sera remis à l’ancien chef de la Mission onusienne au Congo, Alan Doss. C’est un peu l’histoire d’un père de famille irresponsable qui va nourrir les enfants du voisin pendant que les siens crèvent de faim.

Comble de l’ironie, le Royaume-Uni venait d’accorder au « Congo démocratique », en cette même période, la modique somme de 60.000 dollars US pour la formation de quelques policiers congolais.

« L’AMI JAMIL MUKULU »

Depuis le mois d’octobre 2014 à ce jour, les insaisissables rebelles ougandais viennent égorger les habitants de Beni, au Nord Kivu, quasiment à la fin de chaque semaine. « Kabila » avait l’habitude d’évoquer  cette tragédie comme si celle-ci se déroulait dans un territoire étranger.

Le 19 décembre 2015, il déboule à Oïcha dans le territoire de Beni au lendemain d’une attaque des « ADF ». Dans une adresse, il promet, avec une légèreté déconcertante, de « neutraliser » les bandes armées qui terrorisent les habitants de cette partie du pays. A l’époque, le bilan n’était « que » de 300 morts. Cinq années après, le nombre de victimes frôle plusieurs milliers.

Jamil Mukulu, leader présumé des rebelles ADF arrêté

En mars 2015, le sujet ougandais Jamil Mukulu, présenté comme étant le leader des « ADF », est arrêté en Tanzanie et transféré à Kampala. Cet individu a été trouvé en possession de plusieurs passeports étrangers dont celui du Congo-Kinshasa. Quatre années après, les autorités diplomatiques congolaises n’ont toujours pas entrepris la moindre démarche afin d’identifier l’émetteur de ce titre de voyage. Ce qui aurait permis sans doute de remonter la « filière ». Plus surprenant, l’Etat congolais s’est gardé de se constituer partie civile dans le procès ouvert dans la capitale ougandaise sur les activités de « Jamil ».

Dans une interview accordée à Congo Indépendant, l’ancien ministre congolais des Affaires étrangères Antipas Mbusa Nyamuisi, issu de la très puissante ethnie Nandé de Butembo, de révéler la cause de cette réticence. Selon lui, « Joseph Kabila » et le sieur Mukulu serait de vieilles connaissances. « Je vous informe que Jamil Mukulu habitait dans la résidence du général-major Joseph Kabila. A l’époque, il n’était pas encore chef de l’Etat… », déclarait-il. C’était au n°55 de l’avenue Bocage au Quartier kinois de « Ma Campagne ». Ceci explique peut-être cela.

DES « LARMES DE CROCODILE »

Lors des marches pacifiques organisées par le « CLC » (Comité Laïc de Coordination), « Kabila » a fait canarder les protestataires. Selon l’ONG Human Right Watch, l’ancien chef d’Etat a fait appel à des anciens combattants de l’ex-rébellion du M23 pour tuer ses « compatriotes ». Un fait sans précédent: les églises n’ont pas été épargnées par le jet de gaz lacrymogènes et des tirs à balles réelles. Des agissements inimaginables de la part d’un Congolais. Un vrai.

Selon des sources bien informées, « Kabila » aurait l’habitude de désigner les ex-Zaïrois sous le vocable péjoratif de « Kongomani ». Lors de sa toute dernière conférence de presse tenue le 18 janvier 2018 à Kinshasa, l’homme, parlant de ses « regrets », déclarait, sans ciller, qu’il n’a pas réussi « à transformer l’homme congolais en homme nouveau ».

Du 26 janvier 2001 au 24 janvier 2019, « Joseph Kabila » et les membres de sa fratrie ont vécu et continuent à vivre dans une sorte de « citadelle assiégée », gardée par des soldats étrangers notamment zimbabwéens. Les artères conduisant vers la « résidence présidentielle » est parsemées de « check points ». L’homme et sa fratrie vivent entre soi évitant tout contact avec « Wa Kongomani ». Ce sont ces individus pour le moins antipathiques qui sont en passe de faire une « OPA » sur les institutions du pays.

« Le chef d’Etat français doit aimer la France et les Français », écrivait Jacques Attali dans son ouvrage « C’était François Mitterrand » publié en 2007 chez Fayard.  « Kabila » n’a jamais éprouvé le moindre sentiment positif à l’égard du Congo-Kinshasa et des Congolais. Il n’a jamais fait preuve de proximité avec les gens de ce pays. Encore moins d’empathie. Ce pays n’est pour lui qu’un « coffre fort » à piller. Comment ne pas donner raison à ceux des Congolais qui assimilent l’ « appel de solidarité » lancé par l’ancien président congolais à des « larmes de crocodile »?

 

Baudouin Amba Wetshi

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