Quarante-quatre jours, jour pour jour, après avoir passé le pouvoir « de manière civilisée » au fils de « Tatu Etienne », le Président honoraire autoproclamé, alias sénateur à vie, aurait pris dimanche 7 avril, un vol. Destination: Dubaï, la ville principale des Emirats arabes unis. Que va-t-il faire là-bas?
Selon mon ami qui sait tout sur tout et presque tout sur rien sur les potins de Kinshasa-Lez-Immondices, le Président honoraire autoproclamé, alias sénateur à vie, s’ennuierait ferme dans sa… ferme de Kingakati, depuis qu’il a cédé les clés du Palais de la nation à Tshilombo wetu. « Il voulait se rétracter en montant une mutinerie factice au sein de l’armée mais il a réalisé que peu de monde pourrait le suivre. Et que le syndicat des chefs d’Etat dont le siège est à Addis Abeba ne goûte plus en leur sein des pistoleros du genre Yahya Jammeh ou Samuel Doe », me dit l’ami.
A en croire mon ami, l’ancien « raïs », alias Président honoraire autoproclamé, alias sénateur à vie, alias ancien commandant suprême des FARDC, de la Garde républicaine et de la police nationale, serait au bord de la déprime. Il ne reçoit plus d’appels téléphoniques de ses anciens collègues. Il suspecte Tshilombo wetu de conspirer contre lui avec les Yankees. C’est ainsi qu’il se rend aux « Emirates » afin de vérifier la situation du magot qu’il a planqué là-bas. Il va en profiter pour se dégourdir les jambes avec son « homme d’affaires » et gestionnaire de fortune, un certain « Aziz ».
Mon ami qui sait décidément tout de me rappeler l’article du journaliste Richard Miniter qui attribuait au Président honoraire pas moins de 15 milliards $ cachés dans des paradis fiscaux. Mama yake na mama! « Le maréchal Seseskul devrait se retourner dans sa tombe lui qui était faussement accusé d’avoir chipé 5 milliards de la devise yankee », me souffle l’ami dans le creux de l’oreille.
D’après mon ami qui a des « vigiles » à l’aéro-Ndjili, le Président honoraire autoproclamé a quitté Kin aux environs de minuit. Des témoins assurent avoir compté pas moins d’une vingtaine de grosses valises de marque « Louis Vuitton ». Mauvaise langue, mon ami assure que dans ces bagages, il y avait du « cash » en euro et dollar. « Il y avait aussi des diamants et des lingots d’or », jure-t-il.
L’ami se dit étonné d’apprendre ce déplacement à l’étranger du Président honoraire autoproclamé au moment où pointent à l’horizon trois batailles électorales pour la conquête de la Présidence du sénat et de l’Assemblée nationale. Il en est de même de l’élection des gouverneurs de province et leur numéro deux prévue dans moins de 72 heures. « Il se raconte que les gouverneurs sortants qui sont candidats pour rester calife à la place du calife ne cesse de distribuer des chèques, dit l’ami sur le ton de la confidence. Les bénéficiaires ne sont autres que les parlementaires provinciaux ». Il ajoute: « Tshilombo wetu aura du boulot lui qui voudrait lutter contre la corruption en s’attaquant aux effets en lieu et place de commencer par diagnostiquer le mal au niveau des racines ».
Mon ami se dit ébouriffé d’apprendre que les chefs des exécutifs provinciaux sortants sont devenus de bons samaritains. Ils n’ont plus cure de la chaîne de dépenses au point de gérer les deniers publics dans une totale opacité en distribuant des chèques. « Il est temps que Tshilombo wetu nomme rapidement un gouvernement central pour mettre fin à cette vacuité au sommet de l’Etat », me fait-il remarquer.
Pédant, l’ami qui a perçu mon air étonné à l’énoncé du mot « vacuité » de m’expliquer sur un ton professoral: « la vacuité signifie simplement l’état d’un organe vide ». Après avoir raclé la gorge, il susurre: « La vacuité a pour synonyme le néant ».
Selon mon ami qui est décidément dans le secret des Dieux, le Président honoraire autoproclamé et autorité morale du Front des Congolais corrompus, pardon, Front commun pour le Congo, FCC, a donné des instructions strictes pour le choix des Présidents du sénat et de l’Assemblée nationale.
L’ami m’apprend que le député national Henri-Thomas Lokondo Yoka, « HTL » pour les intimes, connu comme « poil à gratter » de la défunte majorité présidentielle, a décidé d’affronter Jeanine Mabunda, la dame du pavillon présidentiel de l’aéroport de Ndjili (facturé 33 millions $ alors que le montant réel ne dépasserait pas les 3 millions), qui est la candidate choisie par l’ancien raïs pour succéder à « Aubin ». Un choix mal vu par certains mandarins du FCC qui affublent leur chef de file du surnom peu gracieux d’ « autorité immorale » de ce cartel.
Mon ami qui sait décidément tout sur tout m’apprend que le Président honoraire autoproclamé se méfie de plus en plus de son allié, le Kivutien du Sud Bahati Lukwebo. Plein aux as, l’homme n’est nullement « Modeste » comme il se prénomme. Il est imbu de son poids politique et entend le faire savoir. « Bwana Modeste pourrait surprendre le sénateur à vie dont les méthodes ne plaisent plus à ses caporaux qui croient de moins en moins à la brillance de son étoile ».
Erudit, l’ami de conclure en citant Bossuet: « Il faut laisser le passé dans l’oubli et l’avenir à la Providence ». Il ne nous reste plus qu’à souhaiter un bon voyage au Président honoraire autoproclamé en le prévenant: « Big brother is watching you ».
Par Jean-Robert Yuka ea Djema