Gouvernorat du Sud Kivu: Coalition CACH-FCC ou mariage de la carpe et du lapin

Dans une déclaration commune publiée jeudi 4 avril, huit « notables » de la province du Sud Kivu invitent la population de cette partie du pays à soutenir le « ticket » Ngwabidje Kasi-Malago Kashekere pour le poste respectivement de gouverneur (FCC) et de vice-gouverneur (CACH). Des observateurs y voient une union entre le « statu quo » et le « changement ». Un cocktail détonant.

Prévues initialement le 26 mars dernier, les élections des gouverneurs et des vice-gouverneurs de provinces devraient avoir lieu le 10 avril prochain. Selon le calendrier publié par la Commission électorale nationale indépendante (CENI), la campagne électorale devrait commencer samedi 6 avril. Et ce jusqu’à mardi 9 à minuit.

« Le gouverneur et le vice-gouverneur sont élus pour un mandat de cinq ans renouvelable une seule fois par les députés provinciaux au sein ou en dehors de l’Assemblée provinciale. Ils sont investis ordonnance présidentielle », stipule le deuxième alinéa de l’article 198 de la Constitution congolaise. D’après le rapporteur de la CENI, Jean-Pierre Kalamba Mulumba, les résultats du vote seront diffusés le même mercredi 10 avril.

On imagine que les états-majors politiques sont occupés à affûter leurs armes. Histoire de se mettre en ordre de bataille. C’est le cas notamment de la coalition FCC-CACH. Un « partenariat » aux allures d’une union contre nature. Le « couple » est loin de regarder dans la même direction.

Dans le communiqué précité, les « notables » du Sud-Kivu reconnaissent, en liminaire, « la dégradation de la situation sécuritaire, économique, sociale et environnementale » de cette région qui ne manque pas d’atouts pour assurer son développement.

Après ce constat, les signataires exhortent les députés provinciaux « à voter » le « ticket FCC-CACH au gouvernorat (…) en l’occurrence Théo Ngwabidje Kasi et Marc Malago Kashekere(…)«  en se référant au « programme de reconstruction » de la province. Le communiqué reste muet sur les priorités dudit programme.

Victoire Ingabire

« DIVISIONNISME »

Plus étrange, les huit notables adoptent une posture d’évangéliste en invitant la population « à ne pas se fier aux contre-vérités ». Lesquelles? Mystère. Ils ne s’arrêtent pas là. Ils invitent les natifs du Sud-Kivu « à bannir le tribalisme, la haine et la jalousie » et… le « divisionnisme ». On se croirait au Rwanda du président Paul Kagame.

En janvier 2010, l’opposante rwandaise Victoire Ingabire fut accusée de « divisionnisme ». Dans un discours prononcé devant le mémorial du génocide des Tutsi à Kigali, elle avait exigé des poursuites contre les auteurs des crimes contre les Hutu. Selon la loi rwandaise, la dame Ingabire, qui est membre de l’ethnie Hutu, aurait violé le principe interdisant de faire référence aux origines ethniques. Question: Que vient faire le vocable « divisionnisme » au Congo-Kinshasa dont le peuple n’est nullement concerné par le conflit fratricide opposant Hutu et Tutsi? Poser la question, c’est y répondre.

Qui sont ces notables?

Il s’agit de: Vital Kamerhe Lwa Kanyinginyi, l’actuel « dircab » à la Présidence de la République; Néhémie Mwilanya Wilondja, ancien « dircab » de l’ancien président « Joseph Kabila » et coordonnateur du FCC; Marcellin Cishambo Ruhoya, ex-gouverneur du Sud Kivu; François Rubota Masumbuko, un dissident du MSR; Modeste Bahati Lukwebo, plusieurs fois ministre, président de l’AFDC-A; Azarias Ruberwa Manywa, ministre sortant, président de l’ex-rébellion pro-rwandaise dite RCD-Goma; Cyprien Kyamusoke Bamusulanga Nta-Bote, ancien secrétaire général du Conseil économique et social et Martin Bitijula Mahimba, ancien ministre national des Affaires sociales et humanitaires dans le gouvernement Gizenga.

Il importe d’ouvrir la parenthèse pour relever que Ruberwa Manywa est plutôt mal aimé par les Congolais en général et les Kivutiens en particulier. Sa citoyenneté congolaise a souvent été contestée. Il lui est reproché notamment ses prises de position passées ouvertement proches du régime de Kigali. Fermons la parenthèse.

Depuis 2007 à ce jour, la province du Sud Kivu a été gouvernée par des personnalités étiquetées PPRD. C’est le cas notamment de: Célestin Cibaloza Byaterana, Louis Léonce Cirimwami Muderwa, Marcellin Cishambo et Claude Nyamugabo Baziguye. En deux quinquennats, le bilan est tout simplement affligeant.

Les observateurs restent sceptiques quant à la capacité de la mouvance kabiliste dite FCC à opérer- en cinq ans – des miracles en matière économique, sociale et sécuritaire alors qu’elle a été bien incapable de le faire en deux législatures. Pour eux, la coalition FCC-CACH est un marché des dupes à l’image du mariage de la carpe et du lapin…

 

B.A.W.

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