« L’une de mes principales priorités (…) est de rencontrer autant de Congolais (…) et d’apprendre d’eux »; « comprendre les aspirations des Congolais constitue la première étape pour atteindre cet objectif »; « entendre directement les points de vue des Congolais (…) pour promouvoir un avenir meilleur »; « trouver les moyens pour renforcer les relations avec toutes les régions de la RDC de la meilleure façon, comprenant en particulier des discussions sur les moyens d’améliorer la sécurité, d’examiner les efforts actuels visant à endiguer l’épidémie d’Ebola et de stimuler le développement économique et social dans l’est de la RDC ». C’est un ambassadeur d’un pays étranger en RDC en visite à Butembo, Bukavu, Bisie et Goma qui parle aux populations locales en ces termes. (https://www.radiookapi.net/2019/03/14/).
C’est le président de la République Démocratique du Congo qui doit et devrait parler en ces termes aux populations des villages, villes et cités qu’il visite. Outre le président, ce sont ses conseillers ainsi que les députés provinciaux et nationaux qui sont déjà en place, qui doivent et devraient avoir comme priorité la rencontre avec les habitants des villages, villes et cités pour les écouter, pour apprendre d’eux, pour entendre directement leurs points de vue, pour discuter sur les moyens d’améliorer la sécurité, et d’examiner ensemble comment stimuler le développement socio-économique, technologique et industriel pour endiguer le chômage et la pauvreté dans le pays. Mais hélas! Les habitants des villages, villes et cités attendent, et continuent d’attendre. Dans l’entre-temps, les priorités des députés se concentrent dans la corruption et le marchandage des votes aux candidats sénateurs.
Signe de temps important : des centaines de militants de l’UDPS ont gagné les rues dans certaines villes du pays, notamment à Kinshasa, Mbuji-Mayi, Lubumbashi, etc., où ils ont scandé des propos hostiles contre leurs députés provinciaux qu’ils accusent de corrompus, et contre le camp du Front commun pour le Congo (FCC) d’asseoir sa suprématie au parlement Congolais sur fond de corruption. Les affrontements avec les policiers ont laissé des morts et des blessés aussi bien que des détenus par la police. Point n’est besoin de souligner que la corruption est le pain quotidien de la CENI depuis ses manœuvres de repousser les élections aux dates ultérieures jusqu’aux manipulations extravagantes au su et au vu du monde entier de changer les résultats des urnes pour donner la victoire à ceux et celles qui ont accepté de servir au gré du régime sortant. La corruption est donc l’héritage fondamental et la signature propre du régime que le peuple a vaincu aux urnes le 30 Décembre 2018. Et grâce à cette même corruption, le régime vaincu aux urnes a récupéré tout pouvoir aux assemblées, au sénat et bientôt aux gouvernorats. Il est maintenant clair que le président de la RDC n’a aucun pouvoir réel et ne fera absolument rien s’il ne livre pas maintenant même un combat farouche contre la corruption afin d’arrêter cette maladie contagieuse et mettre hors d’état de nuire tous les anciens dignitaires et leur autorité morale qui propagent cette maladie contagieuse.
Le président de la RDC ne peut pas gagner cette bataille sans l’armée populaire qui a déjà vaincu le même monstre diabolique aux urnes. Voilà pourquoi le président de la RDC doit immédiatement et sans tarder mobiliser les populations congolaises, entendre directement leurs points de vue afin de livrer un combat qui va promouvoir un avenir meilleur. Attention : combien des pays étrangers le président de la RDC a déjà visité depuis son inauguration comme président de la RDC, et combien des villages, villes et cités en RDC a-t-il déjà visité? Combien des universités, des instituts supérieurs et professionnels de la RDC sont déjà visitées par le président et ses conseillers pour instaurer un dialogue franc avec les étudiants et leurs professeurs afin d’être à leur écoute sur l’avenir technologique et industriel du pays? Si telles visites et rencontres avaient lieu, cela permettrait au président et ses conseillers de se renseigner auprès des populations pour savoir ce qu’on attend d’eux. En d’autres termes, qu’est-ce que lui le président, ses conseiller et son gouvernement (quand ce gouvernement sera là), qu’est-ce qu’ils doivent et devront faire pour que la jeunesse, les universitaires, les habitants des villages, villes et cités de la RDC puissent créer des unités de productions et des outils nécessaires pour que l’énergie abondante du barrage d’Inga et d’autres sources abondantes d’énergie en RDC soient converties en électricité pour être distribuée dans tous les villages, villes et cités de la RDC? En effet, des jeunes talents sont nombreux en RDC. Au lieu de se balader à l’extérieur de la RDC pour quémander le financement de ceci ou de cela, le président de la RDC et ses conseillers et son gouvernement quand il y aura un gouvernement, doivent avant tout recourir aux talents nationaux à travers le pays pour directement réfléchir sur les voies et moyens pour approvisionner les populations en eau potable, pour réfectionner les routes et les chemins de fer en état de délabrement, pour relancer les tracées des avenues et rues chaotiques des villes et cités, pour relancer la réfection des aéroports et ports, et pour encourager les jeunes à l’entrepreneuriat, etc. Il s’agit donc de mobiliser les talents nationaux pour la relance socio-économique, scientifique, technologique et industrielle de la RDC à partir des filles et fils mêmes de la RDC. La RDC ne peut pas simplement et continuellement se prostituer dehors : aujourd’hui on fait appel aux Chinois pour un tronçon routier, demain on fait appel aux Français pour ceci, et après-demain on demande aux Japonais de réaliser tel autre projet, etc. Et en retour, ce sont des milliards de dollars qui quittent la RDC pour enrichir les familles chinoises, françaises, japonaises, etc.
Pourquoi le président et ses conseillers ne vont pas rencontrer leurs populations dans des provinces, villages, villes et cités du pays, pour réfléchir ensemble sur comment transformer sur place les immenses matières premiers de la RDC en produits semi-finis et finis pour satisfaire les besoins des populations? La RDC importe tout : le pays importe des boutons, des aiguilles, des ciseaux, des lunettes, des vêtements, des chaussures, des montres, des objets classiques, des ballons de football et d’autres accessoires de sport, des appareils électriques, électroniques et électroménagers, etc. La RDC importe des bicyclettes, des motocyclettes, des voitures, des bateaux, des trains, des avions, et leurs pièces de rechange. Et pourtant, toutes ces choses sont produites à partir des matières premières qui viennent du sous-sol Congolais. Avec les nombreux talents qui sont en RDC, comment expliquer que le président de la RDC ne fait que sillonner les pays étrangers, en quête de on ne sait quoi, pendant que les talents nationaux sont là sur place et abandonnés en eux-mêmes, sans être effectivement mobilisés pour résoudre les divers problèmes du pays?
Les populations des villages, villes et cités en RDC attendent rencontrer leur président pour engager des sérieuses conversations sur les voies et moyens de développement, développement qui ne viendra jamais des actions sporadiques ou de l’extérieur. La RDC et ses populations ne se développeront jamais si tout ce que leurs dirigeants font c’est de demander aux Chinois, aux Japonais, aux Français, etc., de venir construire ou réparer une route, un chemin de fer, un bâtiment, un pont, etc. Il appartient plutôt aux habitants de la RDC de créer sur place des unités de productions, des compagnies de construction, des usines de fabrication des produits pharmaceutiques et des biens dont le pays a besoin. C’est cela le développement. Et le rôle du président, ses conseillers et son gouvernement, c’est de mobiliser la jeunesse et les populations à comprendre qu’elles sont capables de compter sur leurs imaginations et créativités propres pour résoudre les problèmes du pays.
La tragédie économique de la RDC, la misère et la pauvreté, les délabrements des infrastructures, les pratiques de corruption, etc., bref les fléaux de la RDC sont de telle ampleur qu’il faut une vision robuste, une mobilisation nationale de grande envergure, une détermination et un engagement extraordinaires de rompre immédiatement, rapidement et radicalement avec le régime sortant et son système satanique d’oppression et de pillage des populations, pour relancer le pays dans la direction d’un avenir meilleur. Ce ne sont pas des voyages du président à l’étranger, ou ses discours faits et idées émises à l’étranger, ou sa collaboration avec les médiocres du régime sortant, etc., qui vont relancer la RDC sur la voie du développement. Les reformes doivent être immédiates et radicales pour inciter et susciter l’enthousiasme de la jeunesse et des populations aux actions de développement.
La lune de miel pour le nouveau président tend à sa fin. Le bénéfice de doute qu’on lui donne, et la patience qu’on lui accorde s’évaporent déjà rapidement. Même les pays étrangers qui lui tendent la main de collaboration ne vont pas tendre ces mains infiniment. Chaque jour qui passe, chaque semaine qui passe, chaque mois qui passe, les habitants des villages, villes et cités en RDC sont rongés par la pauvreté et la misère, pendant que les anciens criminels politiques et économiques achètent des votes des députés pour se repositionner comme sénateurs et gouverneurs alors qu’ils devraient être en train de rendre compte devant des cours et tribunaux du pays pour leurs fraudes et crimes. Ces pays étrangers qui tendent la main de collaboration au nouveau président de la RDC s’aperçoivent aussi que lentement mais surement, le régime sortant rentre déjà en force, et qu’il faudrait attendre voir qui va avoir le pouvoir réel en RDC. Ces pays étrangers n’ont-ils pas déjà à maintes reprises averti et exhorté le nouveau président de la RDC de s’émanciper, de se distancier, et de prendre son indépendance vis-à-vis du régime des médiocres et leur autorité morale? Mais comment s’émanciper sans périr dans le processus même de l’émancipation? La clé c’est le peuple Congolais qui a déjà vaincu aux urnes ce même monstre. Il appartient donc au nouveau président et ses conseillers de faire preuve de créativité pour rallier le peuple Congolais au combat et vaincre une fois pour toute, ce monstre macro et multi-céphalé.
Tongele N. Tongele, Ph.D., Docteur en génie mécanique et professeur d’université aux USA – tongele@cua.edu