Réouverture bientôt de la « Maison Schengen », levée de la mesure de réduction du nombre de fréquences de vols de SN Brussels, visite à Kinshasa du nouvel envoyé spécial des Etats-Unis pour la Région des Grands Lacs. Tels sont quelques faits qui ont marqué la journée de vendredi 22 février. Le moins que l’on puisse dire est que le successeur de « Joseph Kabila » commence lentement – mais sûrement? – à se démarquer de la « diplomatie émotionnelle » conduite jadis par l’ex-duo « Kabila »-Okitundu.
Face aux critiques lui reprochant de faire preuve d’atermoiements tant dans le processus de formation de son tout premier gouvernement que de nomination des animateurs de certains organismes publics de premier plan, le chef de l’Etat congolais, Felix Antoine Tshisekedi Tshilombo, semble « contourner » ces griefs en marquant quelques points sur le terrain diplomatique.
On apprenait vendredi 22 février, la signature d’un « Accord » portant réouverture – très bientôt – de la « Maison Schengen ». Les gouvernements congolais et belge ont été représentés respectivement par… le conseiller spécial du chef de l’Etat en matière de sécurité François Beya Kasonga et Philippe Bronchain, chargé d’affaires a.i de l’ambassade de Belgique à Kinshasa. Ouvrons une petite parenthèse: n’assumant aucune responsabilité politique, le conseiller du Président de la République est-il compétent pour engager le gouvernement? Fermons la parenthèse.
Pour l’essentiel, la « Maison Schengen » portera une nouvelle dénomination à définir après concertation entre les « partenaires de l’Espace Schengen ». Un « mécanisme structurel d’évaluation« a été institué entre le ministère belge des Affaires étrangères (direction générale des Affaires consulaires), l’Office des étrangers et la DGM.
« DIPLOMATIE ÉMOTIONNELLE »
On apprenait le même jour, la levée de la mesure de réduction du nombre des fréquences de vols de la compagnie aérienne Brussels Airlines sur l’itinéraire Bruxelles- Kinshasa et retour. Par la lettre n°AAC/100/DG/TMJ/ALG/0375/19 datée du 22 février 2019, adressée à la représentante de ce transporteur aérien, le directeur général de l’Autorité de l’Aviation Civile, Jean Tshiumba Mpunga écrit: « Sur instruction de la Haute Hiérarchie (sic!), je vous informe que la mesure portant réduction du nombre des fréquences de vols de SN Brussels de/vers la RD Congo, vous notifier par ma lettre (…) du 03 février 2018, est levée ». « Par conséquent, l’accord aérien signé entre la RDC et le Royaume de Belgique reste d’application sans restriction ».
Pour mémoire, début février 2018, le ministre congolais des Affaires étrangères, She Léonard Okitundu, adepte d’une « diplomatie émotionnelle », avait décidé, comme à l’accoutumée par un « coup de tête », de fermer cette représentation consulaire commune à une vingtaine des pays de l’Union européenne sans avoir précéder cette mesure par une étude rigoureuse sur les avantages et les inconvénients pour les nationaux.
Okitundu, instruit sans doute par « Kabila », réagissait à la décision du ministre belge de la Coopération, le libéral flamand Alexander De Croo, de confier à l’avenir, l’aide de son pays d’un import de 25 millions €, directement aux organisations de la société civile. Et ce en lieu et place du gouvernement congolais suite au « verrouillage » des espaces de liberté et à la répression violente des manifestations pacifiques.
Depuis plusieurs années, les aéronefs immatriculés au « Congo démocratique », qualifiés de « cercueils volants », sont interdits dans le ciel des « 27 » Etats membres de l’UE. Au lieu de faire corriger les défaillances articulées par plus de rigueur dans l’octroi des licences d’exploitation aux transports aériens, le duo infernal « Kabila »-Okitundu, choisit la facilité en « punissant » Brussels Airlines. Deux motifs sont invoqués: « manque de réciprocité » et « vols en sens unique ».
Animateur d’une diplomatie à courte vue, Okitundu feint d’ignorer que la politique étrangère est et reste le prolongement de la politique intérieure. L’homme considérait la Belgique en général et le chef de la diplomatie belge en particulier – en l’occurrence le libéral francophone Didier Reynders – comme étant le « fossoyeur » des relations de coopération entre le Congo-Kinshasa et l’UE. Et pourtant, l’Union articulait à l’encontre des hautes autorités congolaises des griefs très précis. A savoir notamment: arrestation de militants de l’opposition, usage disproportionné de la force au Kasaï, blocage du processus démocratique.
Au lieu de conseiller « Joseph Kabila » de procéder à une introspection pour effacer les aspérités qui affectent l’image de son régime, « She » n’a pas su résister à la tentation de crier au « néocolonialisme ». Des lobbyistes furent embauchés, à fonds perdu, pour assurer la « promotion » de l’image du régime kabilsite… en Europe.
BONNE DIRECTION
Depuis le mois de septembre 2016, le Congo-Kinshasa n’a plus d’ambassadeur à Bruxelles. Le diplomate était accrédité également auprès de l’Union européenne. Accusé d’être incapable de « redorer » l’image personnelle de « Kabila » auprès des « 27 », l’ambassadeur Dominique Kilufya Kamfwa fut rappelé « en consultation ». Diplomate de carrière, ce dernier est issu de l’ethnie Bemba à laquelle appartient Moïse Katumbi Chapwe. Une circonstance aggravante, pourrait-on dire.
Vendredi 22 février, le président Tshisekedi a reçu le nouvel envoyé spécial des Etats-Unis pour la Région des Grands Lacs, Dr J. Peter Phan. La nomination, en novembre 2018, de ce successeur du sénateur Tom Periello avait reçu un accueil polaire dans le petit cercle des « nationalistes-souverainistes » autoproclamés d’alors. Pour la petite histoire, le département d’Etat américain a confié au Dr Pham une « feuille de route » portant notamment sur « le renforcement des institutions démocratiques et de la société civile ».
Dr J. Peter Phan s’est entretenu le même vendredi avec le secrétaire général du ministère des Affaires, Atoki Ileka. Ancien ambassadeur à Paris, Ileka était précédemment numéro deux à la représentation diplomatique congolaise auprès des Nations Unies à New York.
Sur le plan diplomatique, « Fatshi » semble conduire le Congo-Kinshasa dans la bonne direction en privilégiant l’intérêt national et non celui d’un « clan ». On peut gager qu’il y aura des grincements de dents à Kingakati…
B.A.W.