Ce jeudi 19 décembre 2018, le Groupe d’Étude sur le Congo (GEC) a publié son dernier d’une série d’études sur le processus électoral en cours: « La crédibilité des élections en question ». Vous pouvez consulter le rapport entier ici. Le premier rapport sur la politisation des institutions électorales peut être lu ici, le deuxième sur les contraintes technique est ici.
À la veille de ces scrutins, l’appareil d’Etat est très largement dominé par la coalition au pouvoir, qui s’en est servie pour entraver la campagne des candidats de l’opposition et pour soutenir les siens. Plusieurs ténors de l’opposition ont été exclus de la course à la présidentielle et les forces de sécurité continuent de disperser et de faire des victimes lors de meetings de l’opposition, jusqu’à perturber le bon déroulement de la campagne. Les médias d’Etat couvrent quasi-exclusivement les apparitions d’Emmanuel Ramazani Shadary, le candidat de Joseph Kabila et dénigrent ouvertement ses rivaux.
Malgré les enjeux et ces contraintes, seules trois des sept missions d’observation internationales présentes en 2006 seront déployées. Il s’agit des missions de l’Union Africaine et de deux organisations sous-régionales (SADC et CEEAC), moins critiques des précédents scrutins que leurs homologues européennes. L’essentiel de l’observation électorale sera assuré par les missions d’observations électorales nationales, qui sont obligées, comme les témoins des regroupements politiques, de créer des alliances pour couvrir toute l’étendue du territoire national.
Ces quatre dernières années ont démontré qu’il n’y avait plus de ligne rouge, à part peut-être celle du troisième mandat et la tenue des élections. Beaucoup de diplomates sont aujourd’hui convaincus que, quelle que soit la qualité des élections, ils ne pourront pas remettre en cause ces résultats. Finalement, c’est la population congolaise qui restera l’arbitre final des résultats.
Au-delà même de l’enjeu sécuritaire pour le Congo, comme pour toute la région, ce sont les fondements même de la démocratie congolaise qui sont menacés. Depuis la fin de la guerre, le pays s’est doté d’un tout un enchevêtrement d’institutions, tant au niveau provincial que national. Mais ces dernières n’ont jamais permis un développement axé sur les besoins de la majorité de la population. Ces élections auraient pu permettre à l’Etat de se montrer plus responsable, moins abusif et plus soucieux de sa population. L’échec de ce processus électoral pourrait entamer définitivement la confiance des Congolais dans une résolution pacifique de la crise. Mais tout nouveau report risque de provoquer d’importantes vagues de contestation et de mettre en péril le peu de stabilité si chèrement recouvré depuis la fin de la guerre.
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