En séjour, depuis mercredi 7 novembre, au chef-lieu du Kasaï Oriental, le fief historique de l’UDPS, le Premier ministre Bruno Tshibala Nzenzhe n’a pas dit la vérité à la population venue l’accueillir.
A quelques deux semaines du lancement de la campagne électorale notamment pour l’élection présidentielle, le « Premier » Bruno Tshibala Nzenzhe est au chef-lieu du Kasaï Oriental. On imagine que la population venue l’accueillir s’est mobilisée « spontanément » comme le PPRD-FCC en a le secret.
Les Kasaïens venus accueillir l’ex-bras droit d’Etienne Tshisekedi wa Mulumba n’ont pas manqué de développer l’urticaire en entendant l’ancien secrétaire général adjoint de l’UDPS et rapporteur du « Rassemblement » inviter la population du « Grand Kasaï à soutenir les actions » de « Joseph Kabila » « en vue du développement intégral de cette partie du pays ». C’était lors d’un speech prononcé à la sauvette à partir d’une tribune érigée au parking de l’aéroport.
Tshibala dont la mission consistait manifestement à « déblayer » le terrain avant la venue du « dauphin », a présenté celui-ci en demandant un « soutien total », en sa faveur, aux habitants du Kasaï Oriental « en vue d’un développement efficient tant attendu ». On croit rêver!
Nommé « chef » du gouvernement en mai 2017, Tshibala, dont le train de vie a changé, ne rate que rarement l’occasion d’exprimer sa gratitude à son « bienfaiteur ». A Mbuji-Mayi, l’homme a respecté cette « tradition » en rendant un « hommage mérité » à « Kabila » non seulement pour l’avoir promu Premier ministre mais aussi « pour la priorité qu’il accorde aux problèmes cruciaux liés à l’émergence de cette partie » du pays.
Selon lui, le gouvernement actuel est une « cohabitation » entre « majorité présidentielle » et l’opposition. Et ce conformément à l’une des recommandations de l’Accord de la Saint Sylvestre. Aussi, a-t-il invité la population à s’aligner dans la logique de ce qu’il considère comme étant « l’aboutissement d’un combat politique de longue haleine devant conduire au développement du Grand Kasaï ».
MISÈRE AMBIANTE
Les faits étant têtus, Bruno Tshibala a fini par admettre la misère ambiante. Il a constaté les « problèmes qui rongent le Grand Kasai ». Ici, la population n’a pas accès à l’eau courante. Encore moins à l’électricité. L’emploi, mêmement. Inutile de parler de soins de santé et d’une éducation de qualité ou encore des infrastructures de base.
Comment Bruno Tshibala peut-il inviter la population du « Grand Kasaï à soutenir les actions » de « Kabila » « en vue du développement intégral de cette partie du pays » alors que l’homme n’a rien fait en dix-sept années? Comment ce dernier pourra-t-il mener ce « développement intégral » du Kasaï Oriental alors que son dernier mandat a expiré depuis le 19 décembre 2016? Tshibala n’aurait-il pas dû énumérer les réalisations accomplies par le Président sortant avant de présenter le « dauphin » en « continuateur » de cette « oeuvre »?
Comment Tshibala peut-il franchement demander à la population de cette partie du pays de donner un « chèque en blanc » en accordant un « soutien total » à Emmanuel Ramazani Shadary alors que depuis sa désignation, il y a trois mois, ce dernier peine à esquisser les valeurs autant que les priorités devant lui servir de balises? Tshibala n’a-t-il pas confondu ses intérêts particuliers avec celui du plus grand nombre?
Tshibala n’a pas dit la vérité aux Kasaïens lorsqu’il a prétendu que « Kabila » accorde la priorité « aux problèmes cruciaux liés à l’émergence » du Grand Kasaï. On comprend qu’il n’ait pas été capable d’administrer des preuves.
L’ex-opposant passé dans le camp kabiliste n’a pas non plus dit la vérité aux Kasaiëns en qualifiant l’exécutif actuel de « gouvernement de cohabitation » entre la « majorité présidentielle » et l’opposition. En France, le concept « cohabitation » suppose la contradiction politique entre les majorités présidentielle et parlementaire. Est-ce le cas à Kinshasa où la mouvance kabiliste a fini par phagocyter les ex-opposants au sein du Front commun pour le Congo?
Etienne Tshisekedi wa Mulumba n’a pas manqué de se retourner dans sa « dernière demeure » en entendant son ancien bras droit présenter le ralliement à l’adversaire d’hier par quelques opposants opportunistes comme étant « l’aboutissement d’un combat politique de longue haleine devant conduire au développement du Grand Kasaï ». Quelle escroquerie!
Bruno Tshibala n’a pas dit la vérité à Mbuji-Mayi. Il y a lieu de craindre qu’il récidive à Lusambo au Sankuru, à Kananga au Kasaï Central, à Mwene-Ditu, à Ngandajika et à Katanda au Kasaï Oriental où il serait attendu…
Au moment de boucler ce « papier », on apprenait que le candidat du FCC Ramazani Shadary – qui est arrivé jeudi à Mbuji-Mayi – n’aurait pas pu tenir son meeting au nouveau stade Kashala Bonzola. Motif: une pluie orageuse. Les mauvaises langues y ont vu un signe de la Providence…
Baudouin Amba Wetshi