La transition avec les administrateurs de la société civile (TASC), première étape d’une inévitable refondation

LE CONSTAT

La République Démocratique du Congo se trouve menacée dans sa nature d’État de droit, indépendant et souverain, uni et indivisible, social, démocratique et laïc, tel que l’énonce l’article 1er de sa Constitution. Absolument toutes les institutions nationales et provinciales du pays sont devenues hors mandat et donc illégitimes. Le pays est au bord de la faillite, ses fabuleuses richesses naturelles sont méthodiquement pillées, privant ainsi la nation de la prospérité qu’elle est en droit d’attendre. Les Congolais vivent dans la misère, manquant du minimum vital et bafoués dans ses droits fondamentaux.

La RDC végète dans les toutes dernières places de quasiment tous les classements mondiaux en matière de performances ou de perspectives de développement. La population est régulièrement victime de tueries de masse, d’assassinats sommaires, d’expropriations sauvages, ainsi que de toutes sortes d’injustices, brimades, viols et violences, y compris de la part des forces armées nationales. La corruption est érigée en mode de gestion. Le détournement des fonds publics et l’enrichissement personnel aux dépens de la population sont devenus la norme, tandis que la justice ne concerne plus que les pauvres.

La haute hiérarchie de l’administration congolaise – singulièrement les forces armées, de sécurité et de police – se retrouve dirigée par des ressortissants de pays voisins aux visées expansionnistes et hégémoniques bien avouées, de sorte que le parallèle avec la théorie de l’espace vital chère au pangermanisme (« Lebensraum ») et adoptée naguère par les nazis ne relève aucunement de la schizophrénie; loin s’en faut! Une telle déstabilisation quasi endémique, pilotée de l’extérieur est visiblement impossible sans la complicité active ou passive de Kinshasa. Cette suspicion renforce la méfiance et le désamour des Congolais envers les dirigeants actuels dont la loyauté et le patriotisme sont sérieusement mis en doute.

Ce n’est donc pas un hasard si depuis deux décennies, en dépit de l’imposant déploiement des Forces armées de la RDC (FARDC) à l’Est, et malgré la présence des soldats de la Mission de l’ONU pour la Stabilisation en R.D. Congo (Monusco), les massacres des populations congolaises se perpétuent. Par loyauté à leur serment envers la nation, certains officiers supérieurs congolais ont osé se lever pour résister aux assaillants. Ils ont été successivement tués dans des circonstances scabreuses jamais élucidées. Tel a été le cas du général Budja Mabe et du colonel Mamadou Ndala, pour ne citer que ceux-là. Pendant ce temps, les exactions continuent dans l’indifférence générale. Plus de 6 millions de citoyens congolais ont trouvé la mort, soit bien plus que le nombre des victimes de n’importe quelle guerre de l’histoire de cette terre des hommes.

ELECTION 2018: Y PARTICIPER OU LES BOYCOTTER?

L’organisation régulière des élections en respect avec la Constitution et les lois de la République est une nécessité démocratique. Cependant, personne n’a le droit d’obliger un peuple à aller à des élections qu’il juge dangereuses pour son indépendance et son avenir. Ainsi, la R.D. Congo est la seule nation au monde dont les citoyens ne sont pas identifiés avec certitude, puisque ne disposant pas de carte nationale d’identité. Pourtant, des solutions existent: peu onéreuses, rapides à mettre en œuvre, fiables, sous-tendues par des options technologiques avancées. Cette situation est donc intolérable, compte tenu des capacités d’identification fascinantes des nouvelles technologies de l’information et de la communication.

Force est de constater que le gouvernement entretient cette formidable lacune et profite de ce flou administratif. Dans ces conditions, impossible de se prémunir contre le bourrage des urnes ou d’autres tripatouillages. L’issue des élections paraît donc réglée avant même que celles-ci aient eu lieu…

Si on considère la minutie avec laquelle le pouvoir organisateur semble avoir piégé l’organisation de ces élections au profit du régime en place, on peut logiquement penser que, même si l’opposition arrive par miracle à obtenir gain de cause sur toutes ses revendications, il restera toujours un artifice bien caché, susceptible d’assurer la victoire du camp présidentiel, malgré son immense impopularité, quoiqu’il arrive; exactement comme en 2006 et en 2011. Alors que les préalables imposés par l’Accord de la Saint Sylvestre continuent d’être royalement ignorés par le gouvernement, il est surprenant – et même symptomatique – de voir comment l’opposition s’est précipitée, de façon quasi grégaire, pour participer à ces élections, comme si curieusement elle avait obtenu l’assurance de partir, pour une fois, avec les mêmes chances que le camp adverse.

Les élections projetées pour la fin de cette année étant organisées dans l’opacité la plus totale par une Commission qui n’est indépendante que de nom, tant, dans les faits, elle est inféodée au pouvoir dirigeant. Le gouvernement refuse de doter ces élections des prérequis fondamentaux d’un point de vue administratif et financier. Rien ne nous permet d’espérer que ces élections ne pâtiront pas de fraudes massives comme lors des élections précédentes; bien au contraire… Dans ces conditions, il devient donc indispensable de repartir de zéro pour rebâtir l’organisation de nouvelles élections, si on veut que leurs résultats reflètent la libre expression des votes exprimés et ainsi redonner la légitimité institutionnelle qui fait défaut.

Finalement, à quoi bon de participer à une telle parodie électorale et se rendre en conséquence complices de la légitimation de dirigeants mal élus qui, comme leurs prédécesseurs, vont venir s’enrichir outrageusement et plonger à leur tour dans la misère des dizaines de millions de Congolais. Et ce dans un pays potentiellement richissime mais devenu au fil des années l’un des Etats les plus pauvres du monde par la faute de l’incompétence et de l’inconscience de la classe politique.

Le Congo « démocratique » a besoin maintenant, plus que jamais, d’une rupture claire; d’un changement radical, institutionnel, politique, social et moral, qui amène chaque acteur de la vie publique à intégrer le fait que l’intérêt de la collectivité et la force de la loi doivent en tous temps primer sur tout et tous.

NÉCESSITE D’UNE TRANSITION AVEC LES ADMINISTRATEURS DE LA SOCIÉTÉ CIVILE

En règle générale, les élections ne constituent pas une fin en soi. Dans le cas d’espèce, ce qui importe, c’est l’alternance politique pacifique à laquelle le résultat incontestable des scrutins va nous ouvrir la voie et qui nous conduira à obtenir suffisamment de légitimité en vue de refonder la République sur des bases nouvelles et solides de cohésion nationale et de confiance.

L’amour de la patrie nous impose d’envisager une transition animée par des personnes autres que les dirigeants politiques tant du camp des gouvernants actuels que de celui de la nébuleuse de la pseudo-opposition qui partagent ensemble la responsabilité de la faillite multisectorielle actuelle. Ne seraient acceptées comme animateurs de la TASC que des personnes dépourvues d’ambition et d’intérêt de quelque nature que ce soit pour les joutes électorales en préparation. Telle est l’évidence de ce temps de rupture que constitue la Transition avec les administrateurs de la Société Civile (TASC) dont la tâche principale de sera de préparer l’organisation des élections et d’introduire le pays dans la refondation dont il a besoin.

Les mouvements politiques, eux, mettront à profit le temps de la transition pour se restructurer et former leurs militants notamment aux notions de service, de loyauté et de patriotisme. Ils prépareront leurs projets de société respectifs, car il faudra donner au peuple la possibilité de poser un vote éclairé, loin du clientélisme et du tribalisme ambiants. Un véritable défi attend la R.D.Congo: il lui faudra définir de nouvelles règles de gestion, adopter un langage nouveau, respectueux de tous et replacer les valeurs morales et le patriotisme – en son sens le plus noble – au centre de l’action publique.

COMMENT INSTALLER LA TRANSITION?

Plusieurs scénarios existent et tout le monde comprendra qu’on ne peut pas les mettre sur la place publique. A titre d’exemple, il faut savoir que, sur la base des articles 5 et 64 de la Constitution, le 26 novembre 2017, plus de dix millions quatre cents mille citoyens avaient participé dans les 26 provinces de la RDC à un vote libre supervisé par plus de trois cent mille personnes. Cette élection s’était passée au grand jour mais, curieusement, à l’insu des forces de sécurité congolaises qui n’avaient rien vu. Les organisateurs avaient en effet préalablement étudié les méthodes de travail, les stratégies de communications et de déplacements de l’administration. Des photos et des vidéos existent pour prouver l’existence de cet événement démocratique dont les résultats publiés sont totalement traçables.

Pour situer l’ampleur de ce qui se prépare, il faut savoir qu’actuellement le nombre des Congolais participant au réseau de l’application de l’article 64 de la Constitution a plus que doublé, atteignant pratiquement vingt-cinq millions de personnes qui n’attendent qu’un signal pour se lever.

Le processus du vote des Administrateurs était de loin plus compliqué que celui qui sera très bientôt choisi pour amener amènera le peuple souverain à chasser pacifiquement la Kabilie du pouvoir qu’il exerce hors mandat depuis 2016. Le soulèvement populaire n’est qu’un scénario parmi tant d’autres. Il ne tarde à être lancé que parce que les stratèges du peuple continuent de passer au peigne fin tous les paramètres et scenarii qui assureront une minimisation des victimes humaines éventuelles et des troubles corollaires: le sang congolais a déjà trop coulé! Que le peuple se rassure: la trompette de l’assaut final ne va pas tarder à retentir…

CONCLUSION

L’expérience de ces vingt dernières années a démontré qu’en l’état actuel des forces en présence, ni les parodies d’élections, ni les dialogues, ni les concertations, ni la mise en place d’un gouvernement soi-disant d’union nationale ne réussiront à résoudre la crise congolaise. Seule une totale refondation serait bénéfique aux Congolais. Ainsi, l’idée d’intercaler une période transitoire entre le chaos actuel et l’avènement de l’ordre nouveau tant espéré s’impose comme une nécessité pour cette refondation qui remettra le Congo en situation d’aller de nouveau de l’avant. Nous avons besoin d’une rupture radicale pour remettre en route les mécanismes nécessaires au retour de la bonne gouvernance, de la confiance et du développement. Cette administration d’exception serait animée par des membres de la société civile dont autant les compétences intellectuelles que l’intégrité morale sont avérées.

La Transition avec les Administrateurs de la Société Civile constituera donc le début de cette refondation pour remettre au peuple son imperium confisqué depuis l’assassinat de Patrice Lumumba. Elle aura notamment pour tâche d’assurer :

  • le retour à la sécurité, la paix et à la cohésion nationale;
  • la revisitation et l’exécution des résolutions de la Conférence Nationale Souveraine (7/08/1991-6/12/1992);
  • la neutralisation de tous les étrangers occupant indûment des fonctions publiques et leur remise à la justice;
  • la lutte contre les anti-valeurs, en vue de la bonne gouvernance;
  • la réorganisation et la remotivation de la Fonction publique; Justice, Défense et Sécurité principalement;
  • l’identification biométrique de la population congolaise;
  • la pacification des relations sociales et le retour de la confiance du peuple envers les dirigeants;
  • l’organisation impartiale et transparente d’élections libres et apaisées.

Pour relever ce gigantesque défi, la transition nécessitera une vaste adhésion populaire et devrait se déployer sur une période de deux à trois ans, éventuellement extensible une fois. Cet administration d’exception devra donner l’exemple d’un Congo réconcilié autour d’une bonne gouvernance capable de faire échec aux appétits gloutons de ceux qui veulent contrôler le pays, s’approprier ses terres, en chasser les autochtones, pour les remplacer par une immigration sauvage, imposée et incontrôlable.

La Transition avec les Administrateurs de la Société Civile devra appliquer les résolutions de la Conférence Nationale Souveraine (CNS), solutions des Congolais au mal congolais, qui avaient été curieusement mises dans les tiroirs par ceux qui, en réalité ne veulent pas d’un Congo émergent et indépendant, malgré leurs faux discours.

 

Par Georges Monene (Dallas)

Happy
Happy
0 %
Sad
Sad
0 %
Excited
Excited
0 %
Sleepy
Sleepy
0 %
Angry
Angry
0 %
Surprise
Surprise
0 %