Depuis la naissance du « G7 » suivie par la démission de Moïse Katumbi Chapwe du poste de gouverneur du Katanga en septembre 2015, les « katangais » ne cessent de s’entre-déchirer entre les pro-« Kabila » et les pro-Katumbi. C’est en tous cas le sens d’une vive polémique qui oppose le « katumbiste » Christian Mwando Nsimba au « kabiliste » Ngoie Kitangala. Ce dernier est le gouverneur de la province de Tanganyika, fief de la famille Mwando.
Dans une lettre datée du 1er septembre 2018 adressée au gouverneur Ngoie Kitangala, Christian Mwando Nsimba Kabulo, ancien ministre des Finances de l’ex-Katanga, dit avoir appris « avec indignation » qu’il « finance une rébellion dans le territoire Moba » dans la province du Tanganyika.
Ces « propos calomnieux » auraient été tenus, selon lui, par Ngoie Kitangala. C’était au cours d’une rencontre entre le gouverneur Ngoie et des membres de la « Fondation Katangaise ». Les présidents des associations socio-culturelles du « Grand Katanga » ainsi que les gouverneurs du Haut Katanga, du Haut Lomami et du Lualaba étaient présents.
Président de l’Unadef (Union nationale des démocrates et fédéralistes), et un des hauts cadres de la coalition « Ensemble pour le changement » que dirige Moïse Katumbi, Christian Mwando qui connait bien les mœurs de l’oligarchie en place y voit une sorte de projection. Il prévient: « Ces propos calomnieux (…) présagent et préparent les violences, arrestations et autres traitements dégradants que vous entendez continuer à infliger à mes partisans, à moi-même, et à toute l’opposition dans votre juridiction, en vue d’empêcher le déroulement des élections inclusives, justes, démocratiques, transparentes et apaisées ».
Prenant le peuple congolais et la communauté internationale « à témoin », Mwando « exige » que le gouverneur Ngoie Kitangala fasse un « démenti » de ces allégations de nature à porter atteinte non seulement à son « intégrité » et sa « sécurité » mais aussi au déroulement d’un processus électoral « déjà mis à mal par le non-respect des mesures de décrispation prévues par l’Accord de la Saint Sylvestre par les assassinats, les arrestations arbitraires, les poursuites judiciaires politiquement motivées toujours en cours ».
Joignant la parole aux actes, l’ancien ministre provincial des Finances qui est député national a transmis copie de sa missive au président de l’Assemblée nationale. Sans omettre le ministre de l’Intérieur, le procureur général de la République et la patronne de la Monusco, l’Algérienne Leïla Zerrougui.
PRO-KATUMBI CONTRE PRO-« KABILA »
Depuis que Moïse Katumbi et Gabriel Kyungu wa Kumwanza ont claqué la porte de la mouvance kabiliste, le « Grand Katanga » est littéralement coupé en deux. Les pro-Katumbi et les pro-« Kabila » se regardent désormais en chiens de faïence. Dans ce dernier camp, on trouve quelques « individualités » qui font croire au « raïs » que l’ex-Katanga « est toujours derrière lui ». En réalité, l’homme souffre d’un désamour patent. Il lui est reproché d’avoir fait beaucoup de promesses et de n’avoir tenu aucune particulièrement dans le pays « Balubakat ».
Il n’est pas sans intérêt d’ouvrir la parenthèse à ce stade. Depuis que « Kabila » a choisi un « dauphin » natif d’une autre province, on assiste une certaine agitation dans cette partie du pays. Une agitation entretenue par quelques « mandarins » du coin qui tentent, en vain, de convaincre les « katangais » que « le pouvoir que le Mzee Kabila avait légué à son fils (sic!) reste toujours entre les mains des natifs de l’ex-Shaba ».
C’est en tous cas le message pour le moins sectaire que le ministre de l’Intérieur Henri Mova a transmis aux membres d’une structure dénommée « Dynamique de l’éveil de la conscience du Katanga » au cours d’une rencontre organisée le mercredi 29 août dans la salle « Roméo Golf » à Gombe. Les participants ont, à cette occasion, exprimé leur « attachement » à « Joseph Kabila » dont le dernier mandat a pourtant expiré depuis le 19 décembre 2016. Ces derniers n’ont pas oublié d’exprimer leur « soutien » au « dauphin » désigné.
Réputé pour sa légèreté, le ministre de l’Intérieur Mova a souligné son soutien à Emmanuel Ramazani Shadari qui serait un de ses anciens condisciples à l’université de Lubumbashi. Pour lui, « Ramazani Shadary, qui est sans conteste natif du Maniema n’est pas moins katangais ».
Depuis le samedi 1er septembre, les quatre gouverneurs des provinces issues du démembrement de l’ex-Katanga multiplient des conciliabules. Selon Muyej Mangez Mans du Lualaba, l’objectif est de « rallumer la flamme de l’identité katangaise ».
On espère que le ministre de l’Intérieur Mova aura à coeur de rappeler à l’ordre ces cadres de la Territoriale en les invitant à parcourir le troisième alinéa de l’article 63 de la Constitution qui stipule ce qui suit: « Toute autorité nationale, provinciale, locale et coutumière a le devoir sauvegarder l’unité de la République et l’intégrité de son territoire, sous peine de haute trahison ». Fermons la parenthèse.
Christian Mwando Nsimba qui se dit « fier » de figurer « parmi les quelques hommes politiques du pays qui n’ont jamais fait couler le sang des innocents » n’exclut pas de porter cette affaire devant les juridictions compétentes. En attendant, il rappelle que son « combat reste démocratique ». Et exhorte Ngoie Kitangala à faire de même en menant « un combat politique loyal ».
Baudouin Amba Wetshi