Il m’a été donné l’occasion de suivre avec un goût amer et indigeste, la kyrielle de discours sans contenu idéologique des « hommes politiques congolais » et, par la suite, j’ai été amené à constater que ces apprentis sorciers de la politique congolaise s’évertuent dans leur médiocrité la plus abjecte de distraire le peuple congolais, en amplifiant sans scrupule, leurs discours et déclarations publiques, totalement mensongères, d’affabulations, et de contrevérités qui se situent aux antipodes de la réalité politique congolaise d’aujourd’hui!
En fait, c’est un véritable poison qui nous est inoculé, de manière inconsciente, peut-être, par cette bande de personnalités publiques indisciplinées et corrompues, ayant perdu tout sens de l’honneur et de l’éthique. Joseph Kabila, lui-même en tête, ne s’étonne pas, ou mieux, ne s’indigne pas de son enrichissement illicite, alors que son peuple meurt de faim, et que le Rwanda voisin (son pays natal), se modernise pompeusement, avec l’argent du contribuable congolais.
Peut-on, dès lors, que l’on est dans un pays normal, avec un chef de l’Etat hors mandat, qui peut par défi, prendre des initiatives de nomination des membres de la Cour constitutionnelle, ainsi que des ambassadeurs, sans aucune réaction utile des parlementaires de la République, qui acquiescent, à titre personnel, pour une telle irrégularité flagrante?
Est-il indiqué qu’un chef de l’Etat « illégitime » puisse prendre en charge, à ses frais, l’organisation d’élections générales dans un pays qui se dit à vocation démocratique, alors que ce chef de l’Etat lui-même est un grand fossoyeur de la République?
Est-il vraiment censé qu’un Sénat « hors mandat », puisse en toute quiétude et ce, à travers Modeste Mutinga, légiférer un texte de loi qui assure aux anciens chefs de l’Etat, (qui ne sont plus en vie d’ailleurs), un certain nombre de privilèges à la fin de leur mandat, plus un statut de Sénateur à vie, alors que Joseph Kabila n’est qu’un véritable criminel, vraiment identifié, qui est tenu impérativement de rendre compte du paradoxe de son ascension dans notre pays, et de ses divers crimes? Le peuple congolais, soutenu par une certaine élite de la « Diaspora » utile ne sait donc, que faire du projet de loi de Modeste Mutinga, et lui recommande, de fait, de reprendre le banc de l’école pour un recyclage de sa dégradation morale évidente.
Car, en effet, le pays ne dispose pratiquement plus d’un parlement responsable, et encore d’un système judiciaire fiable. Les médiocres, actuellement au pouvoir s’estiment donc, en droit de laisser faire le drame sociétal en cours au Congo Kinshasa, afin qu’ils puissent continuer à bénéficier des libéralités sans limite dans leur survie politique, même si le peuple congolais n’y trouve plus guère son compte!
Par ailleurs, j’ai eu un réel plaisir de suivre la communication politique du compatriote Georges Alula, candidat déclaré à la présidentielle du 23 décembre 2018, et également celle du compatriote Martin Fayulu, opposant politique. Si les deux estimés compatriotes invitent le peuple congolais à se mobiliser pour l’élection majeure, celle dite présidentielle, et bien que Fayulu soutienne timidement une transition sans Joseph Kabila! En réalité, celui-ci va par défi se représenter, s’estimant en droit de le faire, du fait que la crise politique en elle-même, est systémique et qu’il a le contrôle de toutes les institutions de la République!
Que peut-on, dans ce processus, attendre? Alors que je suis en droit d’affirmer, sans crainte d’être démenti, que ces acteurs politiques ont, malheureusement un logiciel mental fort grippé!
Ces opportunistes, et/ou ces situationnistes savent-ils au moins, que nous sommes aujourd’hui plus proches d’une « République bananière » que d’une « République démocratique »? Il est certes vrai que nous n’avons rien retenu du passé et n’avons pas imaginé le futur.
Le pouvoir actuel n’a plus aucune légitimité populaire et il semble qu’il n’ait qu’un seul souhait, c’est de « rester au pouvoir ». La distribution des postes dans la magistrature, la diplomatie et la prolongation des mandats des députés et sénateurs ressemble à Yalta: diviser pour régner sans partage et sans laisser le choix à la population. Le gouvernement illégitime de Joseph Kabila joue au poker, mais ce n’est point une « réussite », il n’est que bon tricheur!
Ce n’est certainement pas en organisant à la hâte des élections, prévues le 23 décembre 2018 que le peuple congolais retrouvera l’espoir.
Joseph Kabila a, globalement failli à sa mission de gestionnaire de l’Etat congolais. Il a perdu toute crédibilité auprès du peuple, pour crimes de sang et crimes économiques. L’échéance électorale n’est qu’un miroir aux alouettes. Les échéances vitales sont, dans une justice réelle, la paix retrouvée, le droit de chacun de manger à sa faim, la relance de l’économie, le rétablissement de la justice, l’accès aux soins de santé et à l’instruction, et enfin, la reconstruction des moyens de communication!
Chers compatriotes,
Voilà les échéances prioritaires auxquelles un gouvernement digne de ce nom doit s’atteler d’urgence. En lieu et place, on s’occupe d’organiser des élections démocratiques pour un peuple encore indéfinissable (un recensement nous parait essentiel). Aujourd’hui, par contre, le peuple congolais est pris en otage, il est prié de voter, d’être le complice de ceux qui ne lui demandent pas son avis, alors qu’il n’a pas les armes pour comprendre! Comme si, lui permettre de comprendre risquerait de gêner le pouvoir avant une hypothétique élection du 23 décembre prochain.
On regrette évidemment que le peuple congolais ne se réveille pas face à des incertitudes, mais n’est-on pas en train de l’endormir?
Aujourd’hui, le Congo Kinshasa n’est plus un pays, c’est une « inexistence » politique, et 80 millions d’apatrides! Il est temps de fédérer toutes nos intelligences afin de trouver, ensemble, des formules inédites qui doivent stimuler notre peuple à la révolte, pour lui éviter de s’enfoncer davantage dans les marécages de la servitude. Car, Joseph Kabila a du mépris pour notre peuple, et donc pour les lois de la République!
Dans ce contexte, le seul levier dont dispose encore le peuple congolais pour se réapproprier son destin, c’est la « Transition citoyenne sans Joseph Kabila ». L’heure est donc venue pour fermer la douloureuse et meurtrière parenthèse d’Hippolyte Kanambe, de son vrai nom, un criminel mieux identifié, déterminé à user de tous les subterfuges pour se maintenir indéfiniment au pouvoir dont il n’a aucune réelle maîtrise malheureusement.
« Peut-on attendre de Satan une carte d’entrée au paradis? » Assurément non!
Les cinquante-huit ans d’indépendance n’auront donc servi à rien. Tout est à refaire avec des hommes nouveaux et un peuple éveillé. Bref, on demande un rajeunissement des cadres. Mais, faut-il qu’ils aient 30 ans pour être efficaces? Nous, nous demandons une revitalisation des cadres, nous demandons des gestionnaires et non des figures emblématiques ou de jeunes arrivistes incompétents.
Enfin, pour la réussite de cette vision, je renouvelle le choix porté sur le docteur Denis Mukwege de prendre sans hésiter, la direction de la Transition citoyenne sans Joseph Kabila. Ce choix est justifié non seulement parce qu’il redonne le sens de la vie à nos mamans violées par des bandes armées incontrôlées, mais surtout à cause de son intégrité morale, de sa neutralité et de son engagement citoyen pour la cause de la Nation congolaise. Il est l’élément catalyseur de l’unité du Congo, du nord au sud et de l’est à l’ouest! Le docteur Denis Mukwege est le meilleur d’entre nous. Seul lui pourra éviter la catastrophe qui pointe à l’horizon.
Personne n’aura le pouvoir d’éteindre la flamme d’espoir qui s’est allumée dans le cœur du peuple congolais en faveur de Denis Mukwege pour qu’il devienne, selon l’étoile de son destin, le Président de la Transition citoyenne en République Démocratique du Congo.
Chers compatriotes,
Si nous ne saisissons pas cette chance qui nous est offerte, le sombre tunnel de notre souffrance s’allongera, mais l’histoire nous jugera sur le rôle négatif que nous aurons joué dans ce moment crucial de notre histoire.
Lesquels diront qu’ils n’ont pas été prévenus?
Par Bamba di Lelo
Docteur en Sciences politiques de l’UCL
Analyste des Questions politiques du Congo
jbadil@hotmail.be