Kasaï Central: Kambayi s’entoure d’anciens miliciens. Il a de qui tenir…

Le gouverneur du Kasaï Central, le PPRD Denis Kambayi a pris un arrêté nommant les membres de son cabinet. Le document n’est pas encore rendu public. N’empêche. Le tout-Kananga médiatique fait état de la présence parmi les « nominés » de trois anciens miliciens. C’est le cas notamment d’un certain Kanku Nkata. L’ancien ministre des Sports a « démenti » ces « allégations ». A-t-il convaincu? C’est à voir.

« C’est un gros mensonge ». C’est en ces termes empreints de facilité que le gouverneur Denis Kambayi Cimbumbu a balayé du revers de main les « allégations » selon lesquelles il aurait embauché au moins trois « ex-miliciens » dans sa garde rapprochée. La nouvelle a provoqué l’émoi dans cette région qui, à l’instar du Kasaï Oriental, peine à cicatriser les plaies psychologiques laissées par les récents actes de barbarie imputés tant à des « miliciens » qu’à des éléments de la force publique.

Alex Kande

Confronté à une rumeur tenace, Kambayi – qui peine depuis février à enfiler les habits laissés par son prédécesseur – a dû se résoudre à s’adresser aux médias. Un point de presse a été organisé le vendredi 27 avril à Kananga.

 

Pour sa défense, le successeur d’Alex Kande a commencé par balbutier qu’avec le phénomène « Kamuina Nsapu », « presque tout le monde » au Kasaï Central « était devenu milicien ». S’arc-boutant sur son « statut » de Kinois, l’orateur a clamé son ignorance des réalités de son nouvel environnement. Selon lui, il se serait contenté des « documents » en sa possession. S’agit-il d’une « enquête de moralité » menée par les « services »?

L’assistance est restée incrédule face au refus du « Gouv » de rendre public les actes de nomination au centre de la polémique. Acculé par les questions des journalistes, « Cimbumbu » a fini par admettre qu’un certain Kanku Nkata « vient souvent » au gouvernorat. L’homme serait à la recherche d’un emploi.

Le nommé Kanku figure justement parmi les présumés ex-miliciens épinglés par la presse. L’ancien ministre des Sports a rejeté ces « allégations ».

« COORDONNATEUR DE LA PAIX »

D’après lui, le sieur Kanku Nkata serait le « coordonnateur de la paix ». Et que lors de la « conférence sur la paix, la réconciliation et le développement », ce dernier et ses camarades s’étaient repentis en affirmant devant les participants « qu’ils avaient abandonné la vie de milicien et sont devenus des bâtisseurs de paix ».

Kanku Nkata

Lors de son investiture le 19 février, le gouverneur Kambayi avait surpris l’assistance en annonçant dans son speech que « sa » province sera dotée « bientôt d’un corps des activistes de la paix ». Celui-ci devait regrouper « plus ou moins deux mille jeunes désœuvrés ». Mission:  « appuyer » les forces de l’ordre « pour anticiper d’éventuelles menaces sécuritaires et renforcer le rétablissement de la paix sur toute l’étendue de la province ». L’article 190 de la Constitution de la Constitution congolaise est pourtant clair: « Nul ne peut, sous peine de haute trahison, organiser des formations militaires, paramilitaires ou des milices privées, ni entretenir une jeunesse armée ».

Fondé en 2002, le Parti du peuple pour la reconstruction et la démocratie (PPRD) qui se réclame de la social-démocratie est, en réalité, un parti politique sans idéologie. Sans idéologie, une formation politique ressemble à un navire sans boussole.

Faute de valeurs devant servir de repères, les caciques de la mouvance kabiliste ne cessent de se tromper de priorités. Au lieu de répondre aux aspirations de la population (eau potable, électricité, sécurité des personnes et des biens, emplois, santé, éducation…), ils se sont fourvoyés dans la chasse aux prétendus « ennemis de la République ». Et ce dans un Etat où le pluralisme politique est institutionnalisé.

Qui a oublié les fameux « bérets rouges », ces miliciens lancés par Mova Sakanyi, alors secrétaire général du PPRD? Promu ministre de l’Intérieur après avoir échoué de manière lamentable à transformer le PPRD en un lieu de débat d’idées, le « professeur » Mova sert sans doute de « modèle » au gouverneur Denis Kambayi qui recourt au « savoir-faire » des présumés « miliciens ». Est-ce pour « traquer » tous ceux qui tiennent un discours politiquement incorrect?

 

B.A.W.

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