Tous les témoignages sont unanimes: Rossy Mukendi Tshimanga a été abattu de deux balles réelles dans l’enceinte de la paroisse et non dans la rue. Ce qui contredit les allégations mensongères du colonel Pierrot Mwanamputu. Porte-parole de la police nationale, cet officier a menti. Il a tenté, sans succès, d’arranger la vérité en soutenant jusqu’au bout que ce jeune activiste de la société civile a été fauché par des balles en caoutchouc. Habitués à emporter les cadavres pour effacer les traces, les « mauvais garçons » de la « Kabilie » sont en plein désarroi.
Près d’une semaine après la répression féroce de la troisième « marche pacifique » organisée le dimanche 25 février par le Comité laïc de coordination (CLC), le bilan – provisoire? – des victimes est de deux morts, une quarantaine de blessés par balles et une centaine d’arrestations arbitraires.
Dans son communiqué daté du 26 février, le commissaire supérieur adjoint de la police, Landu Mavinga, a fait état d’un mort et de neuf blessés dont trois policiers dont les identités et les numéros de matricule n’ont pas été divulgués. Curieusement, le texte n’a pas été signé par Mwanamputu qui a en charge la communication de la police nationale. Ce dernier se serait-il récusé de peur de se dédire?
Dans son communiqué daté du 27 février, le secrétariat général de la CENCO (Conférence épiscopale nationale du Congo) parle de deux morts et de trente-deux blessés, tous par balles. A Mbandaka, la mort du jeune Eric Boloko a été qualifié de « bavure » au motif que l’auteur des coups de feu est un membre de la force navale. Son acte est donc « illégitime ». Qu’en est-il de la mort de Rossy Mukendi Tshimanga?
Jusqu’à la matinée de lundi 26 février, le porte-parole de la police a soutenu à cor et à cri que les opérations de « maintien de l’ordre » de la veille se sont terminées par « zéro mort ». Les faits étant têtus, Mwanamputu a fini par intervenir au JT de 13h30 de la RTNC de ce lundi en murmurant que « le bilan a connu une évolution… »
Il importe d’ouvrir la parenthèse pour signaler les propos pour le moins étranges tenus sur les antennes de la RTNC par le colonel Mwanamputu. C’était le vendredi 23 février lors d’un entretien que ce dernier a eu avec des policiers du « service communication » de la police.
A l’image d’un délinquant qui commençait l’exécution de son forfait, l’officier a évoqué les « disparations ». « Les familles qui dénoncent des cas de décès devront montrer le cadavre », expliquait-il avec son rictus légendaire. Et d’ajouter: « En l’absence de corps, on ne peut parler que de disparition et non de mort ». Question: en annonçant « l’objectif c’est zéro mort », le général Sylvano Kasongo et le colonel Mwanamputu sous-entendaient-ils que les « bad guys » du pouvoir kabiliste allaient effacer les traces en emportant les dépouilles? Ces mêmes « mauvais garçons » ont-ils failli dans l’exécution de cette sale besogne en ce qui concerne le corps de Rossy? Fermons la parenthèse.
« LA VÉRITÉ EST TOUJOURS GAGNANTE »
Les premiers témoignages recueillis auprès des fidèles ayant vécu l’agonie de Rossy Mukendi sont formels et catégoriques. Primo: Rossy a été abattu dans l’enceinte de la paroisse au moment où il essayait de fermer la grille. Secundo: aucune « foule hostile » n’a essayé d’agresser le major Carine Lokeso Koso. Qui a abattu Rossy? Pourquoi? Des questions qui appellent des réponses.
Selon des témoins, des policiers ont tenté, sans succès, de « réquisitionner » le corps du défunt « pour raison d’enquête ». Un cas précédent eut lieu le 21 janvier lors de l’assassinat de la jeune Dechade-Thérèse Kapangala. Un mois après, l’opinion attend toujours les conclusions des investigations.
Le médecin François Kajingulu qui a été le premier à examiner la dépouille de Rossy a constaté deux orifices et extrait deux balles qui proviendraient d’une Kalashnikov.
Relatant les circonstances de la mort de cet activiste, Mwanamputu a littéralement craché sur sa mémoire en le présentant comme « fauteur de troubles ». Est-ce pour trouver une « cause de justification » à ce qui ressemble à un meurtre avec préméditation?
QUE CONCLURE DE CETTE TRAGIQUE HISTOIRE?
Le colonel Pierrot Mwanamputu a confirmé, malgré lui, le « mensonge systémique » qu’avait fustigé le cardinal Laurent Monsengwo Pasinya. Ce dernier l’a fait au cours d’un point de presse au lendemain de la répression de la première marche pacifique organisée le 31 décembre 2017. Le porte-parole de la police nationale a menti. Il a, de ce fait, perdu le peu d’honneur qui lui restait. Un spécialiste en communication de commenter: « Les ‘communicateurs’ de la majorité présidentielle et ceux des institutions de l’Etat congolais doivent savoir qu’ils ont l’obligation de parler vrai en rapportant des informations justes et précises. Car en définitive, la vérité est toujours gagnante ».
B.A.W.
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