Affaire Kapangala (suite): Plainte contre le « général » Sylvano Kasongo

Dechade-Thérèse Kapangala

Dans une lettre datée du 13 février 2018 adressée au procureur général de République (PGR) le très falot Flory Kabange Numbi, la famille de l’aspirante religieuse Thérèse-Dechade Kapangala Mwanza, 24 ans, abattue le 21 janvier dans l’enceinte de la paroisse Saint François de Sales à Kintambo, a déposé plainte pour « assassinat ». L’accusé n’est autre que le « général » Sylvano Kasongo Kitenge, patron de la police nationale congolaise pour la ville de Kinshasa. La famille Kapangala est représentée par trois plaignants: Mado Nlongo, abbé Joseph Musubao (oncle) et Jean René Mabwilo. Ceux-ci dénoncent les menaces que les sbires du régime font planer sur la famille.

Dès le premier paragraphe, la famille Kapangala fait remarquer qu’elle est à sa seconde plainte. La première, « contre inconnue », a été adressée au PGR par son conseil, l’avocat kinois Kabengela Ilunga. Ladite plainte est « restée sans suite ». L’office du procureur général de la République n’a « même pas accusé réception ».

Dechade-Thérèse Kapangala

Dans la seconde plainte qui fait l’objet du présent article, la famille Kapangala ne va pas par quatre chemins. Elle désigne un « suspect » et qualifie les faits « d’assassinat ». Autrement dit, un meurtre commis avec préméditation. « Nous membres de la famille de Thérèse-Dechade Kapangala, peut-on lire, au vu des éléments de preuve en notre possession, nous vous saisissons à nouveau de la plainte contre le général Sylvano Kasongo, commissaire provincial de la ville de Kinshasa et les éléments de la police nationale sous son commandement ».

Flashback. Dimanche 21 janvier dernier, le Comité Laïc de Coordination (CLC) avait appelé à une seconde « marche pacifique » après celle du 31 décembre 2017 qui a été réprimée violemment. Les organisateurs exigent l’application de l’Accord de la Saint Sylvestre dans son intégralité impliquant notamment la renonciation par « Joseph Kabila » – dont le dernier mandat constitutionnel a expiré le 19 décembre 2016 – de briguer un nouveau mandat. Encore moins d’initier un référendum constitutionnel.

« Thérèse-Dechade », Aspirante à la vie religieuse, domiciliée au n°301 de l’avenue Matadi-Mayo à Kintambo, s’est rendue, comme tous les dimanches, à la messe à la Paroisse Saint François de Sales située dans cette municipalité kinoise. La célébration eucharistique s’est terminée aux environs de 9 heures. Les fidèles commençaient à sortir de la chapelle.

Selon plusieurs témoignages recueillis par la famille de la défunte, c’est à ce moment précis que des « éléments de la police (…) sous les ordres du général Sylvano Kasongo » ont pris position devant la grille d’entrée de l’église. Les policiers ont « commencé à lancer des gaz lacrymogènes pour réprimer les chrétiens qui voulaient répondre à l’appel à la marche lancé par le Comité Laïc de Coordination », soulignent les plaignants. Les fidèles, eux, se trouvaient dans l’enceinte de l’église.

D’autres témoins, rapporteront qu’ils ont vu un policier monter dans un véhicule. Après, ils ont entendu « une voix semblable à celle d’une femme » ordonner: « Tirez! ». Aussitôt dit, le policier dont question « a commencé à tirer à balles réelles sur les chrétiens repliés dans l’enceinte de la paroisse (…) », précisent-ils. C’est ici qu’une balle a atteint Thérèse-Dechade Kapangala au niveau du cœur avant de ressortir à son bras gauche. Plusieurs fidèles tentèrent de la sauver. En vain. C’est le cas notamment de l’ancien ministre de la Santé, Jean-Baptiste Sondji.

ASSASSINAT, TRACASSERIES ET INTIMIDATIONS

Dechade dans la foule et lors de la tentative de réanimation

Oncle de la victime, abbé Joseph Musubao fait état des tracasseries auxquelles la famille éplorée a eu à affronter pour obtenir « l’autorisation » de faire embaumer et de retirer le corps entreposé à la Morgue de l’hôpital Mama Yemo. Le cadavre n’a été rendu à la famille que le 8 février. Les obsèques ont eu lieu le lendemain soit près de trois semaines après la mort violente.

Au retour de l’enterrement, assurent les plaignants, trois individus non-autrement identifiés se sont faufilés parmi les « amis » et proches venus réconforter la famille représentée par Joseph Musubao. Les trois hommes à la mine patibulaire ont lancé ces mots en direction du religieux: « Monsieur l’abbé, vous avez commencé à compter les martyrs, vous en compterez davantage ».

Les plaignants de conclure: « Au vu des circonstances de l’assassinat de notre fille et des menaces qui continuent à peser sur la famille, nous demandons à votre office de mener une enquête pour élucider les raisons qui ont poussé le général Sylvano Kasongo à envoyer ses éléments tuer notre fille et sœur ». Ils demandent, par ailleurs, au PGR d’ « identifier le donneur d’ordre et l’exécutant de cet assassinat aux apparences de crime contre l’humanité parce que perpétré dans un lieu protégé par les conventions de Genève, à savoir, dans l’espèce, l’église ».

La famille Kapangala sera-t-elle entendue cette fois? On peut en douter. Et pour cause? Au « Congo libéré », l’armée, la police, l’appareil judiciaire et les services de renseignements reçoivent leurs instructions auprès d’un seul homme et ne rendent comptent qu’à ce dernier. Cet homme s’appelle: « Joseph Kabila ». Affaire à suivre…

 

Baudouin Amba Wetshi
© Congoindépendant 2003-2018

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