Quinze années après son « déguerpissement » – le mot n’est pas trop dur – de la Présidence du Bureau de l’Assemblée nationale sur ordre de « Joseph Kabila », Vital Kamerhe est de retour au perchoir. Un come-back aux allures de réhabilitation. Les membres du Bureau définitif de la Représentation nationale ont été élus et installés mercredi 22 mai au cours d’une séance extraordinaire menée au pas de charge. Nul doute que « Fatshi » veillait au grain.
« A quelque chose, malheur est bon », dit un adage populaire. Les événements sanglants survenus le dimanche 19 mai continuent à hanter les esprits. L’attaque de la résidence de Vital Kamerhe et l’occupation du Palais de la nation par Christian Malanga et sa bande sont commentées dans tous les sens.
Pour les uns, « c’est un faux coup d’Etat ». Pour d’autres, le pays a échappé à un drame aux conséquences incalculables. Les assaillants avaient reçu mission d’attenter à la vie du président Felix Tshisekedi. Celui-ci était supposé se trouver au Palais de la nation. L’affaire Malanga a littéralement « dopé » les 451 députés présents à l’hémicycle du Palais du peuple. Le vote et l’installation des membres du Bureau définitif ont eu lieu « à la vitesse grand V ». Le quorum était largement atteint avec 405 députés votants sur 500.
Le nouveau Bureau de l’Assemblée nationale se compose comme suit: Président: Vital Kamerhe Lwa Kanyinginyi Nkingi (371 voix); 1er Vice-Président: Issac Claude Tshilumbayi Musaü (367 voix); 2ème Vice-Président: Christophe Mboso Nkodia Mpuanga (379 voix); Rapporteur: Jacques Djoli Eseng’Ekeli (385 voix); Rapporteur adjoint: Dominique Munongo Inamizi (203 voix contre 187 Constant Mutamba); Questeur: Chimène Poli Poli Lunda; Questeur adjoint: Grace Neema.
Le chemin est désormais « goudronné » pour permettre à la Première ministre Judith Suminwa Tuluka de publier la composition de son équipe avant la cérémonie d’investiture devant les élus nationaux.
« LASSITUDE »
Quatre mois après la prestation de serment du Président de la République et plus de cinquante jours après la nomination chef du gouvernement, l’appareil d’Etat a semblé atteint de l’immobilisme. La « lassitude » est plus que perceptible sur les visages des Congolais. On espère que la nouvelle Assemblée et le futur gouvernement seront en mesure de redonner l’espoir à travers des femmes et des hommes nouveaux dont les actions seront résolument tournées vers le résultat.
On espère également que les différentes agences et organismes rattachés à la Présidence de la République seront « restitués » aux ministères sectoriels. Il s’agit d’éviter au premier magistrat du pays de tomber dans le piège consistant à poser des actes de gestion.
Revenons à « V.K. » qui est l’objet de cet article. Agé de 65 ans, économiste de formation, plusieurs fois ministre, allié politique de Felix Tshisekedi depuis 2018, ce natif de Bukavu, au Sud-Kivu, ne laisse personne indifférent tant par son éloquence que son intelligence.
« MEILLEUR SPEAKER »
Chacun a le droit d’aimer ou de ne pas aimer « Vital ». Comme tout être humain, il ne manque pas des défauts. Il faut néanmoins lui reconnaitre d’avoir été un des meilleurs « Speakers » de l’Assemblée nationale. Il a assumé cette fonction de 2006 à 2009 avec un esprit de tolérance en laissant des espaces de liberté aux députés de l’opposition. Les débats sur l’affaire Bundu dia Kongo en témoignent.
« V.K. » fut évincé brutalement par le « raïs » en mars 2009 en violation du principe de séparation de pouvoirs. Et ce pour plaire au satrape rwandais Paul Kagame. En guise de « crime », Kamerhe avait désavoué le déploiement des troupes de l’armée rwandaise dans les provinces du Kivu dans le cadre de l’Opération dite « Umoja wetu ». Les parlementaires furent scandaleusement ignorés. Les troupes rwandaises devaient, de concert avec les FARDC, traquer les fameux rebelles Hutu dits FDLR. Quid du résultat? Mystère!
HORIZON 2018
Venus au Palais du peuple manifester contre les interférences de « Kabila » dans le fonctionnement de la Chambre basse du Parlement, plusieurs activistes de la Société civile furent interpellés et embastillés au tristement célèbre « Immeuble Kin Mazières » où régnaient les colonels Daniel Mukalay wa Mateso et Raüs Chalwe Ngwashi à la DRGS (Direction de renseignements généraux et services spéciaux). C’est le cas notamment de Floribert Chebeya, Christopher Mutamba, Dolly Ibefo et Bogart Kabongo. C’était en mars 2009.
Après les ennuis judiciaires qu’il a connu notamment dans le dossier dit « Programme de 100 jours » – sans omettre la clameur publique qui s’en est suivie -, « V.K. » n’ignore pas que ses détracteurs le tiennent à l’œil. On ne peut qu’espérer qu’il a tiré des leçons des erreurs du passé. Et qu’il va privilégier le service à rendre à la collectivité. Les contradicteurs du nouveau Speaker se tiennent en embuscade. Ils suspectent le successeur de Mboso Nkodia de ne penser qu’à l’horizon 2028… en se rasant.
Baudouin Amba Wetshi
Cher Bongos,
Votre question est posée dans un contexte à la fois toxique et polysémique. Toxique de par les qualités alambiquées des acteurs du putsch ; polysémique en ceci que je suis de ceux qui qualifient ce putsch de néo-colonialiste et impérialiste américain. Pour emprunter la voie de la numérologie(la votre), les occidentaux en sont à leur énième aventure de 1960(indépendance précipitée du du Congo ) à ce jour. Heureusement, les temps des « yankees » sont révolus du fait de l’émergence d’autres puissances dont celles des BRICS.
Par ailleurs, d’un point de vue factuel , c’est franchement affligeant d’y voir mêlé un enfant (en plus d’étrangers non autrement identifiés comme des américains du département d’Etat).
Voilà pour ce qui est de mon humble avis livré sans « coup d’état conceptuel ni émotionnel »; la voie à privilégier étant de concourir aux élections démocratiques en vue d’accéder au pouvoir politique en RDC, terres de nos aïeux!