Le 1er avril, Mme Judith Suminwa Tuluka a été nommée Première ministre. Un mois et demi plus tard, elle n’a toujours pas formé son gouvernement. Elle a pourtant fait des consultations avec la classe politique et ses inénarrables autorités morales des partis, avec la société civile, avec des artistes… Après plus rien! Nihil novi subi sole. Pour ceux qui ne causent pas le latin comme le cardinal Fridolin Ambongo Besungu, cela veut tout simplement dire: rien de nouveau sous le soleil. Peut-être que cette nomination n’a été qu’un poisson d’avril! Stupeur et tremblements!
Pour ceux qui ne le sauraient pas, le poisson d’avril date de l’époque du roi de France Charles IX. Avant, le 25 mars était le jour de l’an jusqu’à ce que le calendrier julien soit réformé en 1564 et remplacé par le calendrier grégorien. Les festivités du Nouvel An atteignaient l’apogée le 1er avril. Après l’adoption officielle du 1er janvier comme jour de l’an, ceux qui oubliaient de changer la date et continuaient à fêter le 1er avril étaient ridiculisés et qualifiés de « poissons d’avril ». Sapristi! Bref, passons!
Comme si cela ne suffisait pas, les deux Chambres du Parlement n’ont toujours pas de Bureaux définitifs. Or, le gouvernement est investi par l’Assemblée nationale. Saperlipopette!
Mon ami qui sait ce qui se passe dans tous les coins et recoins de Kinshasa la déglinguée, constate avec fierté que la Première ministre a encore son teint naturel, sa couleur d’origine. Elle ne s’est pas encore travestie avec des perruques, des mèches et des produits éclaircissant la peau que le pays importe en grande quantité, soit plusieurs tonnes par an. Cela contribuera à réduire le train de vie des institutions. Rien d’étonnant dès lors que beaucoup de gens croient qu’elle pourra faire face à la crise sociale et sécuritaire qui ronge notre pays convoité par tous les voisins et la Chine. D’autres, en revanche, affirment qu’il n’y aura aucun changement. Ce n’est que de l’agitation statique. Enfer et damnation!
Mon ami qui est devenu fou atteste que quand il y a pénurie d’eau potable et d’électricité. Quand tout devient difficile, à savoir manger, se loger, s’éclairer, se déplacer, se vêtir, se soigner, avoir son salaire, cela veut dire que vous vivez dans un pays en voie de sous-développement. Il est difficile d’en sortir. Enfer et damnation! De passage à Bruxelles, devant la diaspora congolaise, Fatshi attribua, le 3 mai, à la constitution le retard dans la formation du gouvernement et la mise en place des institutions. Il annonça la création d’une commission multidisciplinaire qui devra réfléchir sur une nouvelle constitution « digne de notre pays ». D’aucuns voient déjà l’ombre de la quête d’un troisième mandat présidentiel. Cela conduira forcément à ce que nous avons vécu en 2018. On se rappellera que Thérèse Kapangala et Rossy Mukendi furent assassinés lors des protestations contre le changement de la constitution qui pouvait offrir un 3ème mandat présidentiel à Joseph Kabila. A l’époque, il y eut de chaudes empoignades entre ceux qui étaient pour et ceux qui étaient contre. Aujourd’hui comme hier, des professeurs d’universités déclarés constitutionnalistes vont retourner plusieurs fois leurs vestes suivant les circonstances et les prébendes. Ils ont l’habitude d’adorer ce qu’ils ont brûlé hier et de brûler ce qu’ils ont adoré.
Selon mon ami qui sait tout, la constitution est perfectible mais il ne faut pas toucher aux articles verrouillés. Suivant le constituant, les dispositions relatives à la forme républicaine de l’Etat, au principe du suffrage universel, à la forme représentative du gouvernement, au nombre et à la durée des mandats du Président de la République, à l’indépendance du pouvoir judiciaire, au pluralisme politique et syndical ne peuvent faire l’objet d’aucune révision constitutionnelle.
On dit chez nous que le mensonge ne conduit à rien de bon.
GML