Des armes déposées par les miliciens auprès de l’armée au Nord-Kivu
- Sécurité
- Dimanche 10 mars 2024
L’afflux massif de civils blessés par des armes lourdes sature les hôpitaux dans les provinces du Kivu, signalant un nouveau tournant alarmant dans le conflit en cours, ont rapporté les équipes du Comité International de la Croix-Rouge (CICR) sur le terrain.
Au cours du mois de février 2024, l’hôpital de Ndosho à Goma, la capitale provinciale du Nord-Kivu, a été confronté à une augmentation extraordinaire de l’afflux de patients, accueillant six fois plus de cas qu’à la normale. Cette situation a contraint l’établissement à doubler sa capacité d’accueil et à transférer certains patients vers l’Hôpital provincial de Bukavu.
Selon les données recueillies par le CICR, 40% des patients admis à l’hôpital de Ndosho ont été victimes d’artillerie lourde, souvent utilisée dans des zones urbaines, y compris à proximité des camps de déplacés dans les quartiers périphériques de Goma.
Robert Mardini, directeur général du CICR, a exprimé sa préoccupation lors d’une visite de cinq jours dans le pays, déclarant: « J’ai vu un bébé qui a reçu un éclat d’obus dans l’abdomen, un bébé qui avait à peine 9 mois. Ça questionne sur l’humanité qui doit prévaloir dans les conflits armés et ça donne un aperçu très sommaire de cette catastrophe humanitaire qui afflige l’est de la RDC aujourd’hui. »
Face à cette crise humanitaire, les hôpitaux de la région manquent cruellement d’équipement médical et de personnel qualifié, souvent contraint de fuir les combats. Le CICR a dû intervenir en transférant les patients vers d’autres villes, notamment Bukavu, afin de soulager la pression sur les établissements de santé locaux.
Au cours de la période allant du 1er octobre 2023 au 29 février 2024, 112 personnes blessées lors d’affrontements ont été transférées de l’Hôpital Ndosho de Goma vers l’Hôpital provincial de Bukavu, une structure également soutenue par le CICR.
Roger Mburano, administrateur du projet chirurgical du CICR à l’hôpital de Ndosho, a souligné l’ampleur de la crise, déclarant: « Pendant l’année 2023, on avait 60 patients mensuellement. Mais depuis l’année 2024, on est en train de constater une augmentation spectaculaire des patients. Pendant le seul mois de février, on a reçu 342 cas, ce qui représente six fois plus de que dans une situation normale. »
Les blessures observées par le personnel médical sont diverses, allant des blessures abdominales aux blessures à la tête et aux membres, résultant de diverses formes d’attaques, y compris les explosions de bombes et les attaques à l’arme blanche.
Le CICR, qui soutient le Centre hospitalier Ndosho à Goma depuis novembre 2012, a été contraint de réévaluer ses opérations, augmentant le nombre d’équipes chirurgicales et fournissant un soutien supplémentaire en équipements, médicaments et formation du personnel. Un soutien similaire est également apporté à l’Hôpital provincial de Bukavu depuis 2013.
« Il y a une façon très efficace de réduire la souffrance humaine, c’est que les parties au conflit respectent leurs obligations en vertu du droit international humanitaire et le CICR aujourd’hui leur demande urgemment d’honorer leurs obligations en vertu des règles de la guerre », a déclaré Robert Mardini, appelant à une action immédiate pour atténuer la crise humanitaire qui sévit dans l’est de la RDC.
Zongo Lassane, Chef du Projet Hôpital CICR à Bukavu, a confirmé l’ampleur des transferts de patients depuis Goma vers Bukavu, soulignant l’importance cruciale de renforcer les capacités des établissements de santé dans la région pour répondre à cette crise.