L’Accord quadripartite d’Entebbe – un succès du rapatriement des ex-combattants de la LRA

Correspondance.

Jean-Bertrand Madragule

Suite à l’Accord quadripartite des ministres et des gouvernements de l’Ouganda, de la République Centrafricaine, de la République démocratique du Congo et de la République du Soudan du Sud, signé à Entebbe le 15 juin 2023, il a été décidé d’appliquer le processus de Désarmement, Démobilisation, Rapatriement, Réintégration et Réinsertion (DDRRR) aux combattants de l’Armée de Résistance du Seigneur (LRA) de Joseph Kony qui vivaient sur le territoire de la République centrafricaine (RCA) depuis une quinzaine d’années. Cet Accord d’Entebbe a été rendu possible surtout grâce à Monsieur Jean-Claude Malitano Apayima, Coordonnateur de l’ONG rd-congolaise Actions pour la Promotion Rurale (APRu) et Madame Marianne Moor, Représentante de l’ONG Pax Pays-Bas, qui ont été en contact direct avec les éléments de la LRA et leurs proches, femmes et enfants.

Pour l’exercice 2023, il y a eu trois processus DDRRR, concernant 158 personnes au total, dont 35 ex-combattants de la LRA, 38 femmes et 85 enfants. Le premier rapatriement volontaire a eu lieu le 14 août 2023 et a été nommé « Groupe de Zemio ». Il comprenait 78 personnes, dont 2 ex-combattants congolais, 12 ex-combattants ougandais, 14 femmes centrafricaines, 7 femmes congolaises et 43 enfants. La deuxième phase du rapatriement baptisée « Groupe de Zaïko Langa Langa de Mboki » est intervenue le 21 août 2023. Elle a concerné 13 personnes dont 3 ex-combattants ougandais, 2 ex-combattants congolais, 1 femme ougandaise, 1 femme congolaise et 6 enfants. La troisième phase de retour des candidats volontaires au rapatriement s’est effectuée le 28 septembre 2023. Ce groupe surnommé « Groupe de Mboki de Kidega Robert » comptait 67 personnes, dont 14 ex-combattants ougandais, 1 ex-combattant congolais, 1 ex-combattant sud-soudanais, 11 femmes congolaises, 4 femmes centrafricaines et 36 enfants.

Des femmes et des enfants.

Les rapatriés volontaires sont regroupés dans un Centre de transit à Gulu, la deuxième plus grande ville du pays, située au nord de l’Ouganda. Ils suivent une formation socio-professionnelle, par exemple en coupe et couture, afin de faciliter leur réinsertion et de promouvoir plus tard les activités génératrices de revenus. La scolarité et l’alphabétisation s’avèrent nécessaires parce qu’il a été constaté que certains rapatriés ne savent ni lire ni écrire. C’est vraiment un grand défi pour les ONG qui s’occupent de l’encadrement direct de toutes ces personnes qui retrouvent la liberté dans la cité après avoir passé plusieurs années dans la brousse.

Pour le Coordonnateur de l’ONG APRu, M. Jean-Claude Malitano, qui a rencontré ces ex-combattants dans la forêt de la République centrafricaine et les a convoyés à bord d’un vol spécial jusqu’à Entebbe, il est important de souligner que: « Nous nous réjouissons des trois phases du rapatriement volontaire des ex-combattants de la LRA et de leurs familles. Nous nous confrontons à trois défis majeurs dans le Centre de transition à Gulu: il y a insuffisance financière dans la prise en charge médicale, surtout qu’on trouve parmi les rapatriés des femmes enceintes ou allaitantes, il y a un manque d’appui logistique et technique au programme de la Réintégration et il nous faut penser au rapatriement des ex-combattants congolais et Sud-Soudanais ainsi que leurs familles dans les pays d’origine. Nous espérons que des Gouvernements et d’autres partenaires écouteront notre cri de détresse ».

C’est ainsi que l’ONG APRu souhaite l’extension de l’Accord d’Entebbe 2023 pour l’exercice 2024 et sollicite un appui financier substantiel pour finaliser le processus DDRRR-LRA. Signalons également que faisait partie de cette reddition massive le fils de Joseph Kony, le Colonel Ali Salongo, accompagné de sa famille et sa mère. Selon le Colonel Salongo, son père se trouve dans la brousse quelque part avec 190 personnes dont 40 femmes, 60 combattants et 90 enfants.

Selon l’ONU, le groupe armé « Lords’ Resistance Army » créé en 1987 par Joseph Kony, décrit comme mystérieux, a fait plus de 100.000 morts et a enrôlé plus de 60.000 enfants soldats.

Le rapatriement volontaire des ex-combattants de la tristement célèbre rébellion de la LRA et de leurs familles de la République centrafricaine vers l’Ouganda est un succès et un évènement historique dans la sous-région de l’Afrique centrale. Les efforts consentis par les quatre gouvernements et les deux ONG signataires de l’Accord d’Entebbe de 2023 ont montré qu’il y a toujours possibilité de trouver une issue pacifique aux conflits armés. Ne faudrait-il pas multiplier une telle collaboration étroite entre le Gouvernement et la Société civile, non seulement pour les conflits armés, mais aussi pour les différents enjeux de société?

Jean-Bertrand Madragule Badi O.P.
Docteur en théologie et en philosophie
Master en Droit, mention Science Politique, Relations Internationales, Défense et Sécurité
Président de l’ONG ADEBES et de l’ONG KONGO SOCIAL-CARE e. V.
E-Mail: info@kongo-social-care.de
Web: www.kongo-social-care.de

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