Au terme de la rencontre du 14 juillet 2023 entre les chefs d’Etat de l’Angola, du Congo-Kinshasa et de la Zambie, le corridor de Lobito a été prolongé jusqu’en Zambie.
Dans un communiqué de presse daté du 2 janvier 2024, la société Ivanhoe Mines signale qu’elle a expédié, le 23 décembre 2023, pour la toute première fois et à titre d’essai, 1.110 tonnes de concentré de cuivre du complexe Kamoa-Kakula via le chemin de fer entre Kolwezi (RD Congo) et le port de Lobito en Angola. La cargaison est arrivée à destination le 31 décembre 2023, soit un parcours de huit jours seulement contre environ vingt-cinq jours quand le cuivre est exporté par route jusqu’au port de Durban en Afrique du Sud en passant par Kasumbalesa. La distance de Kamoa-Kakula à Lobito est la moitié de celle vers Durban. Outre le port de Durban, Ivanhoe exporte ses cargaisons de concentrés de cuivre via les ports de Dar es Salaam, de Beira (Mozambique) et Walvis Bay (Namibie). Cela prend environ 20 jours. Cette première cargaison de concentré de cuivre fait partie des 10.000 tonnes prévues pour l’exportation par rail à titre d’essai suivant le protocole d’accord signé le 18 août 2023 entre Lobito Atlantic International SARL et Kamoa Copper S.A. La tentative permettra de recueillir des informations sur les économies de gaz à effet de serre (empreinte carbone), la durée du transit, les coûts logistiques et autres.
Le corridor de Lobito (Lobito Atlantic Railway Corridor) a pris sa naissance, le 4 juillet 2023, quand les chefs d’État de l’Angola, de la République démocratique du Congo et de la Zambie se sont retrouvés à Luanda (Angola) pour parapher l’accord relatif à l’exploitation du chemin de fer qui relie le port de Lobito. L’accord porte sur l’exploitation, le fonctionnement et la maintenance du transport par rail. Le consortium Lobito Atlantic International a été sélectionné pour exploiter le corridor ferroviaire. Le consortium comprend les sociétés Trafigura (trader suisse), Vecturis S.A. (opérateur ferroviaire belge) et Mota-Engil Engenharia e Construcao Africa SA (entreprise portugaise de travaux publics et ferroviaires). Un contrat de concession de 30 ans, avec possibilité de prorogation de 20 ans, avait été attribué au consortium pour relier Kolwezi en République démocratique du Congo au port de Lobito en Angola. Le corridor s’étend dans un premier temps sur une longueur de plus de 1.700 km, soit 1.289 km en Angola et près de 450 km en RD Congo jusqu’à Kolwezi. Il permettra d’évacuer des produits des régions minières congolaises vers l’océan Atlantique, contribuant ainsi au désenclavement des régions du Kasaï et du Katanga. Il contribuera au transport non seulement des minerais tels que le cuivre, le cobalt, le lithium mais aussi des produits agricoles et des marchandises diverses ainsi que des voyageurs.
Le consortium Lobito Atlantic Railway Corridor va investir 555 millions de dollars, en partie financé par les Etats-Unis, pour la rénovation et la modernisation du corridor. Un montant de 455 millions de dollars ira au chemin de fer de 1.289 kilomètres en Angola et environ 100 millions de dollars pour le chemin de fer de 450 kilomètres de la SNCC en RD Congo. Cela permettra de moderniser le chemin de fer ainsi que d’acquérir 35 locomotives et 1.500 wagons.
A l’époque coloniale le corridor de Lobito était utilisé pour acheminer des marchandises et des concentrés de cuivre. C’était par la société Chemin de fer de Benguela sur la section angolaise et via KDL (Compagnie de chemin de fer Katanga-Dilolo-Léopoldville) sur la partie congolaise, qui deviendra plus tard SNCC (Société nationale des chemins de fer du Congo). L’exploitation dura jusqu’à la guerre d’indépendance en Angola quand les infrastructures ferroviaires furent détruites, en août 1975, par les belligérants. Ceci entraîna l’arrêt de l’exploitation jusqu’en mars 2018 quand, après des travaux de rénovation, il y eut acheminement d’un millier de tonnes de concentré de manganèse depuis Kisenge en RD Congo, près de la frontière avec l’Angola. Au terme de la rencontre du 14 juillet 2023 entre les chefs d’Etat de l’Angola, du Congo et de la Zambie, le corridor de Lobito a été prolongé jusqu’en Zambie.
Gaston Mutamba Lukusa