Ancien député et ministre provincial dans le « Grand Equateur », Thierry Mbuze Agwabi descend à nouveau dans l’arène. Il est candidat député provincial et député national pour la circonscription de Libenge dans la province du Sud Ubangi. Rappel historique. Au lendemain de la proclamation de l’indépendance du Congo-B, le « Grand Ubangi » est décrit comme une région à vocation purement agricole (coton, café, cacao, hévéa) et d’élevage. Sur plan ethnique, on trouve les Ngbaka, les Ngbandi et les Mbandja et des « enclaves » Ngombe. Quels sont les problèmes auxquels est confrontée la toute nouvelle province du Sud Ubangi : pas de route, pas d’électricité, pas d’argent en circulation, pas de société ou industrie, réseau téléphonique aléatoire etc… INTERVIEW.
Pourquoi êtes-vous candidat député tant au niveau provincial que national?
Je dois dire que la loi ne l’interdit pas. On peut le faire dans une même circonscription. Cette double démarche permet au parti bénéficiaire d’engranger plusieurs sièges. Pour votre information, je vise plutôt le gouvernorat de cette Région. Le gouverneur est élu par les députés provinciaux. Si j’étais élu député provincial, ce sont donc mes collègues qui vont choisir le gouverneur.
« Bosolo na Politik TV » a diffusé, jeudi 10 novembre sur YouTube, un reportage sur le Sud-Ubangi à partir de Gemena. La province n’a que des problèmes comme vous pouvez le lire dans ce « chapeau ». Comment réagit le candidat député face à ce sombre tableau?
C’est un triste tableau! Sans route, l’économie ne peut pas tourner. Le constat fait par ce média est réel. Voilà pourquoi nous sommes candidat. C’est justement pour plaider la cause de l’arrière-pays qui semble être oublié.
Dans une précédente interview, vous m’avez parlé de la surpopulation carcérale à Makala. Selon vous, il y aurait des personnes emprisonnées depuis 2003 ou 2005 sans avoir été entendu par un magistrat. Auriez-vous entrepris une action de sensibilisation des autorités compétentes?
La plupart des détenus ont été libérés. Sans procès. Il s’agit particulièrement des originaires de l’Equateur faussement accusés d’implication dans des prétendus complots. Le moins que l’on puisse dire est que la justice de notre pays est pleine de tares. C’est inquiétant pour les droits et libertés. Le chef de l’Etat n’a pas manqué d’exprimer son dépit.
Une question un peu dérangeante. Vous avez été député et ministre provincial avec tout ce que vous avez connu comme ennuis judiciaires. Quelle leçon avez-vous tirée de cette aventure qu’on pourrait qualifier d’ambigüe?
J’ai été victime d’un fait privé qui a été confondu avec les affaires publiques. Mon ancien chef hiérarchique a eu recours aux moyens de l’Etat pour régler un problème strictement privé. En fait, j’ai été victime d’un abus de pouvoir. Sur le plan privé, je saurai éviter de me retrouver dans la même situation.
Est-il vrai que le candidat gouverneur et le candidat sénateur doivent soudoyer les députés provinciaux pour être élu?
J’ai toujours considéré ce genre de pratique comme très mal placée. Ailleurs, on fait des promesses d’emplois et autres avantages administratifs. Chez nous, c’est l’argent qui circule.
Un élu qui a déboursé de l’argent pour arracher un siège, pourrait-il se sentir tenu à une obligation de moyens voire de résultats?
Malheureusement! Malheureusement! Ceux qui ont obtenu leur siège grâce à l’argent, ils ne se sentent nullement redevables.
Et pour clôturer?
Je voudrais parler de Libenge. Cette entité qui est le seul territoire du pays disposant de plusieurs atouts contrairement aux autres parties du Congo-Kinshasa. On pourrait citer: un aéroport et deux ports. Inutile de parler du potentiel en ressources naturelles et autres. Cette localité est bordée par la rivière Ubangi; et se trouve à cheval entre deux pays frontaliers: le Congo-Brazzaville, au sud, et la République Centrafricaine au nord. Je ne peux terminer cet entretien sans évoquer l’histoire d’un immeuble destiné à abriter un collège. Cet immeuble a été construit à l’époque du maréchal Mobutu. Il est resté inachevé à ce jour. Si j’étais élu, je me battrai afin que cet édifice accueille une université. Plusieurs activités socio-économiques pourraient naître tout autour. Et faire vivre la ville de Libenge.
Propos recueillis par Baudouin Amba Wetshi