2 novembre 2003 – 2 novembre 2023. Le journal en ligne « Congo Indépendant » vient de totaliser 20 ans d’âge. Ce média a vu le jour quelques mois après l’installation du gouvernement de Transition. C’est le lieu de remercier – une fois de plus – l’ancien Premier ministre Léon Kengo wa Dondo pour son aide qui nous permit, à l’époque, de matérialiser ce projet. Michel Kazadi wa Tshamala a été notre premier webmaster. C’est lui qui administrait tout le journal.
Ouvrons la parenthèse pour raconter une anecdote. Au mois de mars 2007, « Michel », le webmaster, se rend à Kinshasa. Son séjour coïncide, hélas, avec l’affrontement armé entre la garde personnelle du Vice-président de la République, JP Bemba Gombo, et les « GR » (garde républicaine) de « Joseph Kabila ». Les combats eurent lieu du 22 au 24 mars. De l’hôtel Memling où il résidait, le technicien ne parvenait pas à rejoindre un Cyber Café pour la mise en ligne des articles et photos. Etonné de voir les mêmes articles, un lecteur contacta l’auteur de ces lignes qui lui expliqua la cause. Réaction dudit lecteur: « Donc, Congo Indépendant n’est pas ci-indépendant que ça? ». Fermons la parenthèse. Voilà comment les membres de notre équipe se sont lancés dans l’apprentissage de la gestion de la page d’administration du webjournal.
Après Michel Kazadi, le journal a été « relifté » par Bobo Makunda Sefekese. Il est tenu actuellement par Jean-Jacques Beyne Biduaya. Qu’ils trouvent ici l’expression de notre reconnaissance pour le parcours fait ensemble. Mêmement, pour notre chroniqueur économique Gaston Mutamba Lukusa. Un peu d’Histoire.
Après la prétendue « libération » du 17 mai 1997, la désillusion fut totale. Deux semaines après, on pouvait lire: « Dérive dictatoriale! »; « Kabila [Laurent-Désiré] a vendu le Congo! » entonnaient des manifestants. Plusieurs citoyens périrent sous les coups de fouet de fameux « Kadogos ». « Tumbu yulu! », hurlaient ces petits soldats à l’endroit de leur victime.
La rupture de la « coopération militaire » avec le Rwanda et l’Ouganda suscita un soulagement de courte durée avec l’émergence de la rébellion pro-rwandaise du RCD. Le MLC de Jean-Pierre Bemba verra le jour quelques mois plus tard.
Contrairement aux combattants RCD composés à majorité des Rwandais, ceux de Bemba étaient des enfants du pays avec un encadrement ougandais. « (…) le Rwanda a omis de tenir compte d’une donne fondamentale, l’appui du peuple congolais. Cette erreur se révélera dramatique (…) », écrivait le président du MLC dans son livre « Le choix de la liberté » publié aux éditions Vénus, à Gbadolite.
Après l’accord de cessez-le-feu de Lusaka en juillet 1999 et les travaux du dialogue intercongolais à Sun City, en 2002, trois mots revenaient sans cesse: nouvel ordre politique. Un ordre politique différent de celui de Mobutu Sese Seko et de « Papa Kabila ». Un ordre politique fondé sur les libertés individuelles, la démocratie et le respect des droits humains. LD Kabila mourra dans des circonstances mystérieuses le 16 janvier 2001. Les notables Luba du Katanga et le Rwanda de Paul Kagame « signèrent » un accord secret de partage du pouvoir en installant un illustre inconnu, au passé « charadique », au sommet de l’Etat.
En lançant le journal en ligne « Congo Indépendant » ce 2 novembre 2003, l’auteur de ces lignes et quelques amis avaient la faiblesse de croire qu’ils allaient assister, malgré tout, à l’émergence d’un Congo nouveau où il fait bon vivre pour tous. « On ne peut faire la démocratie qu’avec des démocrates », dit-on. Le successeur de Mze n’en était pas un.
Notre journal pris la résolution de revenir aux fondamentaux du journalisme. A savoir, jouer à fond la carte de contre-pouvoir avec pour mission de débusquer les dysfonctionnements qui affectent les trois pouvoirs de l’Etat. Il s’agit de rapporter des faits et des opinions sans confondre la critique et le dénigrement. Toute critique étant légitime parce qu’elle s’appuie sur des arguments. Le dénigrement, en revanche, renvoie à la médisance, la diffamation et la calomnie.
Durant vingt ans, « Congo Indépendant » s’est refusé – sans forfanterie – d’embrasser le journalisme de connivence. Il s’agit de ces articles tarifés pour donner le coup d’encensoir à tel politicien ou tel autre. Il s’est refusé également de confondre le métier de journaliste avec celui de propagandiste.
En RDC, la majorité des organes de presse sont « alimentaires » d’où le mot « coupage » ou « frais de transport » remis au journaliste après la couverture d’un événement. C’était sans compter qu’il faut de l’argent – ce nerf de la guerre – pour permettre au média de « péter » la santé. Cette ligne éditoriale va s’exacerber avec les abus du « système Kabila ». Un Kabilophile avait qualifié notre publication « d’anti-kabiliste primaire ».
L’avènement au pouvoir de Felix Tshisekedi ne nous a pas fait bondir de joie durant la première année de la fameuse coalition FCC-Cach. Il a fallu attendre le 6 décembre 2020 pour applaudir la rupture entre les alliés. Hélas, le changement escompté tarde à pointer à l’horizon. Il reste que « Fatshi » mérite bien un second mandat pour achever le démantèlement des réseaux rwandais ayant infiltré les institutions Congolaises. Et ce tant au niveau national que provincial. « Felix » est un des rares hommes politiques congolais qui ne doit rien à Paul Kagame et sa clique mafieuse. Il en est de même de JP Bemba avec lequel ils forment un « duo de choc » capable de redonner à la RDC de la respectabilité et surtout rendre la monnaie de sa pièce au potentat de Kigali.
Contrairement à certains lecteurs de Congo Indépendant, notre média n’a pas changé. Il reste un contre-pouvoir. Le rédacteur en chef du Journal a simplement mis un peu d’eau dans son « coca ». Sans devenir complaisant. Felix Tshisekedi Tshilombo a sans doute commis des erreurs. Il reste un « Mwana mboka » qu’il faut aider à améliorer sa gouvernance et le choix de ses collaborateurs.
Bon anniversaire à Congo Indépendant!
Baudouin Amba Wetshi
