Dans la soirée du 16 août, un incendie s’est déclaré dans des annexes du camp Lufungula, une caserne de la police nationale congolaise située dans la commune de Lingwala. Enfer et damnation! Ce camp fut construit en 1934. Il est aujourd’hui surpeuplé. C’était la plus grande garnison de police à l’époque de la colonisation belge. Pour ceux qui ne sauraient pas, la commune de Lingwala, dénommée ainsi depuis 1971, tire son origine du nom de Lingwal, chef de la tribu humbu, décédé en 1923. Il fut enterré dans son village au Sud de l’actuelle commune de Bandalungwa. Bref, passons!
Fort heureusement, aucune perte en vie humaine n’a été signalée à la suite de cet incendie du camp Lufungula. Le feu a pris facilement comme c’étaient des maisons faites de bric et de broc. On aurait cru à un remake du Grand incendie de Londres du 5 septembre 1666 ou du Grand incendie de Rome du 18 juillet 64 « engendré et non pas créé » par Néron. Dans un cas comme dans l’autre, les maisons étaient construites en bois. D’après des témoins, l’incendie du camp des policiers a été causé par un court-circuit provoqué par des raccordements frauduleux. Cela s’appelle en langage local « bibenda benda ya courant ». Près de 100 maisons furent brûlées. Stupeur et tremblements!
D’après mon ami qui sait ce qui se passe dans tous les coins et recoins de Kinshasa la déglinguée, pour faire face aux fréquentes coupures de courant électrique et aux délestages, il est de pratique de se raccorder à plusieurs lignes électriques à la fois grâce à des inverseurs manuels. Saperlipopette! Ainsi quand une ligne manque de courant, on se branche sur l’autre qui est alimentée. Mais quand l’isolation des fils est endommagée ou défectueuse, cela peut créer un arc électrique lorsque le courant électrique est rétabli dans les deux lignes. L’énergie libérée lors de l’arc électrique provoque l’incendie. C’est ainsi que le feu s’est déclaré dans la partie annexe du camp qui est occupée illégalement par des quidams qui n’ont rien à voir avec la police. Sapristi!
Il n’y avait donc pas seulement des policiers qui vivaient dans ces maisons de fortune construites en bois, tôles et cartons. Il y avait aussi des vrais-faux squatters. Il ne faut surtout pas croire qu’un quidam peut venir s’installer illégalement dans un camp des policiers. Que nenni! C’est une affaire de sous. Les chefs des camps exigent généralement un loyer à ces pauvres hères. Le grand avantage d’habiter dans ces périmètres est que vous ne payez ni l’eau ni l’électricité. Suivant la loi, les instances officielles ne payent pas les consommations d’eau et d’électricité dans notre pays convoité par tous les pays voisins et la Chine. Donc on se sert à gogo. Ce qui ne devait pas arriver, arriva. Un court-circuit provoqua l’incendie. Enfer et damnation!
Comme toujours, les vaillants pompiers de la ville arrivèrent en retard. Il n’existe pas de bornes incendie communes. Les pompiers doivent amener l’eau dans l’unique camion-citerne existant et faire plusieurs allers-retours. Tout se consuma! Enfer et damnation! Il y a quelques années, la caserne des pompiers brûla entièrement ainsi que les camions qui s’y trouvaient. Stupeur et tremblements!
Plusieurs quartiers de Kinshasa sont confrontés à la pénurie d’eau courante. Dans ces coins, la population puise de l’eau provenant des puits de forage, des rivières et près des sources. Les pompiers trouvèrent là un moyen de se faire du fric, de faire des affaires juteuses. C’était comme l’œuf de Christophe Colomb, il fallait y songer. Ils s’adonnèrent donc à un commerce lucratif en remplissant leur camion d’eau qu’ils allaient ensuite revendre. Ce qui ne devait pas arriver, arriva. Une nuit, la caserne prit feu. Mais les citernes étaient désespérément vides après des affaires fructueuses de la journée. Il n’y eut pas assez d’eau pour éteindre le feu. Tout s’envola en fumée! N’est-ce pas que l’on dit que les cordonniers sont toujours les plus mal chaussés. Enfer et damnation!
On dit chez nous que parfois la nuit dure longtemps, mais le jour finit toujours par arriver.
GML