Crime: le mystère Cherubin Okende!

Vingt-trois jours après la mort de l’ancien ministre des Transports et député national Cherubin Okende, le brouillard ne cesse de s’épaissir. L’opinion congolaise piaffe d’impatience de connaitre la conclusion du rapport établi par des experts à l’issue de l’autopsie. La nature ayant en horreur le vide, l’heure est aux spéculations! Certains opposants imputent ce crime odieux au régime Tshisekedi. Les « Fatshistes », eux, pointent des doigts accusateurs en direction du leader d’Ensemble, Moïse Katumbi. Ambiance!

Des médecins congolais entourés des experts venus de l’Afrique du Sud et de la Belgique ont procédé, jeudi 3 août, à l’autopsie de la dépouille mortelle de Cherubin Okende Senga. En attendant le point de presse que les médecins légistes ne manqueront pas d’organiser pour divulguer les conclusions de leur rapport, certains acteurs de la société civile semblent mettre en doute la volonté des autorités judiciaires à faire éclater la vérité. Tiens! Tiens!

SUPPUTATIONS

Intervenant, samedi 5 août, à l’émission « Asololi » qu’anime Paulette Kimuntu, le député national Léon Nembalemba est resté fidèle à sa réputation de fantaisiste. D’après lui, Cherubin Okende « a été » enlevé à la Cour constitutionnelle. Des preuves ou indices? Rien. Après avoir « absout » d’une part Moïse Katumbi – dont il loue la générosité – et de l’autre, le président Félix Tshisekedi, « Papa Molière » n’est pas allé par quatre chemins en accusant les services secrets. Lesquels? L’Agence nationale de renseignements? Les Renseignements militaires (ex-DEMIAP)? La Direction générale de Migration?

Avec son aplomb habituel, Nembalemba assurent que les services ont enlevé l’ancien ministre. « Après un passage à tabac, Okende a eu une crise cardiaque. C’est ainsi que le chef de sécurité a ordonné de lui ôter la vie ». Le locuteur qui qualifie ses propres dires de « supputations » ne s’est pas empêché de marteler en lingala: « Babomi ye [Okende] na ba-services ». Traduction: Il a été tué par les services.

Le député Léon Nembalemba interrogé par Paulette Kimuntu

Pur produit de la société zaïro-congolaise, Nembalemba n’est pas différent de la grande majorité de ses compatriotes qui se contente d’affirmer sans démontrer ou étayer leurs assertions. Une certitude: vingt-trois jours après la mort de « Cherubin », les mêmes questions restent sans réponses irréfutables. Qui a commandité l’exécution de l’ancien ministre Okende qui était, par ailleurs, Porte-parole du parti Ensemble? Qui l’a abattu? Quel en est le mobile? On sait à ce stade que le vol n’était pas prévu dans la mission des tueurs.

Le jeudi 13 juillet, le corps sans vie de cette personnalité – qui était également député national – est retrouvé dans son SUV de la prestigieuse marque japonaise « Lexus », immatriculé 8953AF/19. Le véhicule était stationné à l’entrée d’un garage sur la route de Poids lourds, dans la banlieue kinoise de Kingabwa .

« REGIME DE TERREUR »?

De la capitale ivoirienne où il se trouvait, Moïse Katumbi s’est empressé de crier sa colère: « Je suis en colère. C’est un crime d’Etat. C’est un assassinat politique ». Le futur candidat à l’élection présidentielle ne s’est pas arrêté là. Après avoir exigé la participation des experts notamment américains à l’autopsie du corps, il tonne: « Nous n’avons plus confiance en nos institutions ». Une phrase de trop. L’autre candidat à la présidence en l’occurrence Augustin Matata Ponyo de renchérir en dénonçant un « régime de terreur ». Lui aussi, parle d’assassinat. Et pourtant, toutes les questions précitées demeurent sans réponses. D’aucuns n’hésiteront pas de stigmatiser « l’agitation ambiante » dans le camp proche de Katumbi.

Pendant ce temps, un message audio circule sur les réseaux sociaux. On entend un enfant pleurer à chaudes larmes: « Papa tu nous disais qu’on ne veut plus de toi dans l’Ensemble ». On apprendra que c’est la plus jeune fille de « Cherubin » qui se lamentait. Des journalistes bien connus – proches du parti Ensemble – seront les premiers à contester « l’authenticité » de cet audio.

Des sources proches de la famille Okende vont commencer à faire des confidences. On a appris que le défunt n’a jamais exercé ses fonctions de Porte-parole. Motif : Suspension. Il n’assistait plus aux réunions de ce Parti. « Cherubin était suspecté d’avoir gardé des contacts avec Felix Tshisekedi Tshilombo. Il était considéré comme un traître », confie un membre de la famille. « C’est pour cette raison qu’il s’était envolé vers Bruxelles où il a passé deux mois de congé sabbatique », ajoute-t-il.

OKENDE VOULAIT-IL QUITTER « ENSEMBLE »?

Moïse Katumbi Chapwe, président du parti « Ensemble »

Cette même source d’assurer que Okende était décidé à prendre ses cliques et ses claques. « Il préparait un point de presse pour annoncer sa décision de quitter Ensemble ». Il réservait la primeur de cet événement au chef de l’Etat qui devait, semble-t-il, le recevoir en audience le samedi 15 juillet. A-t-il été trahi par son chauffeur et son garde du corps? Mystère!

Communicateur de l’Union sacrée, Stéphane Balamuange du site « Tango Ekoki » a lancé, il y a trois jours, une piste pour le moins détonante pour ne pas dire déroutante. Il assure avoir été tuyauté par un informateur au sujet d’un conflit immobilier qui aurait opposé Okende et une famille non autrement identifiée. Le bien querellé se trouverait à un jet de pierres du fameux Quartier « GB » à Kinshasa. Selon Balamuange, Cherubin avait acheté ledit immeuble. Au grand dam des anciens occupants qui ne voulaient en aucun cas vider les lieux. « Des hommes du ministre Okende ont organisé une expédition punitive en passant à tabac l’ancien occupant ». La famille avait promis de se venger. Ceci explique-t-il cela?

Certains analystes voient, à tort ou à raison, la main de l’inévitable Paul Kagame. Le modus operandi est, en effet, inhabituel. D’aucuns voient une certaine similitude à la situation explosive qui prévalait au Rwanda de Juvénal Habyarimana à quelques mois du déclenchement du génocide. Question: Okende a-t-il été exécuté par des « agents dormants » du maître de Kigali juste pour semer le chaos avant la présidentielle? Une chose est sûre: le satrape rwandais – qui se trompe d’époque – n’a jamais fait mystère de sa résolution à empêcher « Fatshi » de rempiler. Tout ceci nous laisse dans un brouillard complet.

Baudouin Amba Wetshi

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