Lundi 10 juillet 2023
Abdoul Ngandu Belsi, Président de l’Association des Travailleurs du Congo. Ph. ACTUALITE.CD.
L’Association des Travailleurs du Congo (ATCO) dénonce la maltraitance des travailleurs congolais évoluant dans la majorité des établissements gérés par les Indo-pakistanais, les chinois, les libanais et les ouest-africains. Cette plateforme a réuni différents travailleurs évoluant dans les établissements de ces expatriés, dimanche 9 juillet 2023 à Kinshasa, pour renforcer leurs capacités sur le cadre juridique du secteur de travail en RDC.
Les travailleurs congolais envisagent des activités de protestation pour appeler le gouvernement à mettre fin aux différents cas de maltraitance dont ils sont victimes dans ces établissements.
« Nous sommes en train de réclamer l’application du SMIG, le respect des heures des services, et la bonne gestion de la sous-traitance etc. Nos partenaires Indo-pakistanais, chinois, libanais et les ouest-africains nous maltraitent. Ils ne respectent rien même pas la loi de notre pays. Nopus réfléchissons sur comment organiser des protestations afin de les amener à changer », a fait savoir le président de l’ATCO, Abdoul Ngandu Belsi.
Ce dernier a révélé que la majorité des Indo-pakistanais, Indiens, Chinois et Ouest-africains payent leurs travailleurs à l’ancien taux du dollar américain à savoir 1 400 FC pour 1$ alors que le taux actuel a déjà atteint 2 500 FC. Une situation qui met en mal les travailleurs congolais qui sont incapables de nouer les deux bouts du mois avec leurs salaires.
« Nous demandons au gouvernement de nous aider. Vous pouvez imaginer que nous sommes payés au taux de 1 400 FC alors que le taux actuel du dollars américain est à 2 500 FC. Rien ne change jusqu’à présent. Il y a ceux qui débutent le travail à 8h pour terminer à 22h. Ils se comportent comme des gens au-dessus de la loi. On se pose des questions si réellement nous sommes des congolais ! », a-t-il déploré.
Un jeune d’une vingtaine d’âge, travailleur dans un magasin des Indiens, a fait savoir qu’en cas d’une maladie quelconque, ils ne sont bénéficiaires d’aucune assistance.
« Nous souffrons chez les Indiens. Si tu tombes malade, tu ne vas bénéficier de rien. Ils vont d’ailleurs te soutirer de l’argent de ton salaire », a-t-il dit.
Par ailleurs, Georges Opombo, praticien des droits et activiste citoyen, a appelé le gouvernement à faire preuve de la volonté politique pour mettre fin à la maltraitance tant décriée dans les établissements des expatriés.
« On a sensibilisé les travailleurs sur le cadre juridique qui régit le secteur du travail en RDC. L’objectif est de les rendre capables de défendre leurs droits au milieu du travail. La corruption dans le secteur du travail est réelle. Nous pensons que le respect des travailleurs dans ce secteur est un problème de volonté politique », a-t-il plaidé.
Le désespoir
L’arrivée au pouvoir du Président Félix Tshisekedi avait suscité une lueur d’espoir au personnel congolais travaillant dans les commerces tenus par des ressortissants indiens, libanais, pakistanais et chinois qui depuis longtemps sont victimes des mauvaises conditions de travail. 5 ans après le départ du régime Kabila, rien n’a changé. La situation va de mal en pis.
Les travailleurs congolais continuent de subir les mauvais traitements que leur inflige leurs patrons notamment sur la modicité des salaires, l’absence de droit aux congés, les violations des droits humains, la non-application du Salaire minimum interprofessionnel garanti (SMIG), etc.
Ils sont nombreux, ces congolais maltraités dans les établissements sous gestion des expatriés. Tout se passe à la barbe des autorités congolaises. Malgré les différentes vagues de revendications organisées, à plusieurs reprises, à travers le pays, rien ne change.
Jordan Mayenikini/ACTUALITE.CD