La dépréciation, depuis le début de l’année, du taux de change de 13%, a contribué à la détérioration des conditions sociales. Outre l’amélioration du climat des affaires – favorisant la diversification de l’économie – le FMI recommande au gouvernement congolais d’accroître les recettes budgétaires. Le Fonds recommande également la mise en place des « politiques budgétaires prudentes » pour le reste de l’année. Il s’agit de permettre au pays de faire face aux dépenses générées notamment par l’insécurité à l’Est du pays et l’organisation des élections.
Suivant les dernières estimations du Fonds monétaire international (FMI), le Congo/Kinshasa, connaîtra un taux de croissance de 6,8% en 2023 contre les estimations précédentes de 8,0%. Ceci reste élevé par rapport au taux de croissance de 3,6% prévu pour les pays d’Afrique subsaharienne. Les prévisions du FMI se rapprochent du taux de croissance de 6,7% retenu dans la loi des finances pour l’exercice 2023. Ces chiffres ont été rendus publics à l’issue de la quatrième revue de l’accord triennal au titre de la Facilité élargie de crédit (FEC), qui s’est tenue à Kinshasa du 19 avril au 3 mai.
A l’issue de la mission des experts du FMI, un communiqué de presse a été rendu public qui signale que l’équipe du FMI est parvenue à un accord avec le gouvernement sur les critères du programme. Ce qui permettra un décaissement, à la fin du mois de juin, de 152,3 millions de DTS (environ 200 millions de dollars) pour le soutien à la balance des paiements après l’accord du Conseil d’administration du FMI. Le communiqué note que « … Si l’économie fait preuve de résilience, des déséquilibres macroéconomiques sont apparus. La croissance du PIB réel est estimée à 8,9% en 2022, en raison d’une production minière plus importante que prévu, et devrait atteindre 6,8% en 2023, toujours grâce au secteur extractif. Les recettes fiscales plus élevées que prévu en 2022, y compris des recettes exceptionnelles du secteur extractif, ont permis d’augmenter les dépenses courantes, principalement des dépenses exceptionnelles liées à la sécurité et au remboursement d’arriérés. Le déficit budgétaire intérieur s’est creusé en 2022 pour atteindre 1,3 % du PIB et l’accélération des dépenses à la fin de 2022 a généré un excès de liquidités et contribué à des pressions inflationnistes et sur le taux de change… »
La dépréciation du taux de change de 13%, depuis de le début de l’année, a contribué à la détérioration des conditions sociales. Du fait du lien mécanique qui existe entre le taux de change et les prix, le taux d’inflation est de 17% durant la même période. Ceci arrive dans un contexte dominé par la pénurie de la farine de maïs par suite des mauvaises récoltes en Zambie, principal fournisseur. Le FMI recommande de mettre en place des politiques budgétaires prudentes pour le reste de l’année. Pour permettre au pays de faire face aux dépenses provoquées par l’insécurité à l’Est du pays, l’organisation des élections et la guerre en Ukraine, le FMI recommande d’accroître les recettes budgétaires et de diversifier l’économie. Suivant le FMI, « l’amélioration du climat des affaires reste essentielle pour la diversification de l’économie et pour une croissance tirée par le secteur privé et repose sur des efforts continus pour mettre en œuvre le cadre de lutte contre la corruption, rationaliser le système fiscal, améliorer la transparence dans le secteur minier et publier des informations sur la propriété effective des bénéficiaires des marchés publics. Des réformes majeures sont nécessaires pour rendre opérationnelle la loi sur la lutte contre le blanchiment des capitaux et le financement du terrorisme adopté en décembre 2022, et pour sortir de la liste grise du Groupe d’action financière (GAFI) ».
Pour lutter contre l’inflation, le FMI recommande à la Banque centrale du Congo de resserrer la politique monétaire pour contenir les pressions inflationnistes, tout en continuant à constituer des réserves afin de résister aux chocs extérieurs. Ill ne faut pas perdre de vue que le relèvement du taux directeur risque de freiner l’activité économique. Des réformes doivent plutôt être entreprises pour accroitre l’offre de la production agricole, réindustrialiser le pays, faciliter les affaires, favoriser les investissements locaux et directs étrangers, améliorer les infrastructures existantes (ports, aéroports, routes, rails, ponts, électricité et eau). Sinon, le pays va aller de programme du FMI en programme du FMI sans connaître une croissance économique inclusive, à savoir celle qui se traduit par la création des emplois.
–
Gaston Mutamba Lukusa