La nouvelle est tombée au début de la soirée de jeudi 21 décembre comme un « coup de tonnerre ». Des observateurs parlent de « coup dur » pour « Joseph Kabila » et sa fratrie. D’autres y voit un « coup dur pour le régime ». Et pour cause, l’homme d’affaires israélien joue le rôle de prête-nom pour la « famille Kabila ». Directrice de l’ONG Human Right Watch pour l’Afrique centrale, Ida Sawyer, qualifie la décision des autorités américaines de « signal fort ».
Proche parmi les proches du président hors mandat « Joseph Kabila », le milliardaire israélien Dan Gertler vient d’être « blacklisté » aux termes d’un décret du Président des Etats-Unis initié par le département américain du Trésor. L’homme écope des « sanctions » du fait du rôle sulfureux qu’il joue tant dans le bradage du patrimoine minier de l’Etat congolais que dans l’expansion de la corruption auprès des autorités politico-administratives congolaises.
C’est la toute première fois qu’un personnage aussi proche de « Kabila » est épinglé. On apprenait que l’Israélien était titulaire non seulement de deux passeports de son pays – ce qui est sans doute normal – mais aussi d’un passeport diplomatique congolais n°DB0009084. Le document aurait été émis le 28 mai 2015.
Les Congolais apprécieront de savoir que pendant l’institutionnalisation de la double nationalité en faveur des natifs est sujet à polémique, les « amis de Kabila » eux, jouissent du privilège de détenir deux nationalités en violation de l’article 10 de la Constitution congolaise dont le premier alinéa est sans équivoque: « La nationalité congolaise est une et exclusive. Elle ne peut être détenue concurremment avec aucune autre ». Quid de la « couverture » diplomatique octroyée à cet homme d’affaires?
Concernant les effets, le décret signé jeudi 20 décembre 2017 par Donald Trump bloque les propriétés de personnes impliquées dans des graves cas de violations des droits humains et de la corruption.
QUI EST DAN GERTLER ?
C’est sous la présidence du président LD Kabila que les Congolais ont entendu parler pour la première d’un certain négociant en diamant nommé Dan Gertler. Le 16 janvier 2001, le Mzee meurt dans des circonstances non-élucidées à ce jour. « Dan » noue des « liens privilégiés » avec Augustin Katumba Mwanke qui était l’éminence grise du successeur de Mzee. « Joseph Kabila » gratifie aussitôt Gertler du titre consul honoraire du Congo-Kinshasa à Tel Aviv.
En 2003, l’affairiste commence à lorgner sur la société d’économie mixte MIBA (Minière de Bakwanga). La société Emaxon, une filiale de DGI (Dan Gertler International) se met en piste et signe un contrat avec ce joyau que l’Etat congolais partageait avec la société belge Sibeka.
Aux termes cette convention léonine, Emaxon prête à la MIBA la modique somme de15 millions $. En contrepartie, la MIBA s’engage à lui vendre 88% de sa production.
L’appétit venant en mangeant, après le diamant, Gertler se lance dans le domaine minier. Il est intéressé par le cuivre et le cobalt du Katanga. Il n’oublie pas les hydrocarbures et le secteur bancaire. Le Congo-Kinshasa est assimilée à la caverne d’Ali Baba.
LUTTE CONTRE LA CORRUPTION
Dans un rapport publié le 9 février 2004, l’ONG congolaise « Réseau de lutte contre la corruption et la fraude » (Relcof) dénonce deux conventions de joint-venture passées de gré à gré, en violation du Code minier, entre la Gécamines et les sociétés Kinross-Forrest Limited et « GEC » (Global Enterprise Corporated Ltd). La première appartient à l’homme d’affaires belgo-néo-zélandais, George Arthur Malta Forrest. La seconde est une de nombreuses filiales du « DGI ».
Dans un article intitulé « Un diamantaire dans le pétrole », la newsletter « African Energy Intelligence », datée du 19 mars 2007, rapportait que « Joseph Kabila » venait de signer l’ordonnance nº08/022 « qui valide le premier permis accordé dans la zone dite du couloir maritime, qui couvre l’offshore profond ». Le bénéficiaire serait une société dénommée Nessergy Ltd, dont le siège se trouverait à Londres. En grattant un peu, les analystes découvrent que cette dernière est la propriété de « l’ami Dan ».
En mai 2010, le gouvernement congolais signe un contrat de « partage de production » de pétrole (CPP) avec les sociétés Offshore Caprikat Ltd et Foxwhelp Ltd, basées, toutes les deux, dans les Iles Vierges, au Royaume Uni. Celles-ci étaient représentées par Zuma Khulubuse Clive et Hulley Michaël Andrew.
« L’AMI DU PRÉSIDENT »
En juin 2006, les Congolais assistent, médusés, à la présence envahissante de l’homme d’affaires israélien lors du mariage du couple » Kabila « . Au lieu de serrer la main des nouveaux mariés et aller s’asseoir, l’homme décide de s’attarder en gardant la main du « raïs ». Histoire sans doute de montrer qu’il était « l’ami du Président ».
Dans une lettre n°M-HYD/CMK/415/CAB/Min/10 adressée en date du 10 juin 2010 au directeur général de la société Caprikat – avec copie pour le DG de la société Foxwhelp Ltd – dont l’objet porte sur le « paiement du Bonus de signature contrat de partage de production Blocs I & II Graben Albertine », le ministre des Hydrocarbures, Célestin Mbuyu Kabango, notifie à ces deux firmes l’adoption par le Conseil des ministres – lors de sa réunion du 2 juin – du contrat de partage de production « mieux identifié en marge ».
Les deux sociétés sont invitées de payées à l’Etat congolais un bonus de signature de trois millions $ US par Bloc soit un total de six millions USD. Une personne se présenta au ministère des Hydrocarbures pour régler le fameux bonus. Qui est-ce? Il s’agit de l’avocat Médard Palankoyi, un proche à Dan Gertler. En clair, derrière Caprikat Ltd et Foxwhelp Ltd se dissimulait le duo affairiste Getler-Kabila.
Dans une enquête diffusée en novembre dernier dans le cadre de l’émission « Cash Investigation » de la télévision française « France2 » sur la multinationale anglo-suisse Glencore, le président du conseil d’administration de cette compagnie, Tony Hayward, a admis le rôle d’entremetteur joué par l’inévitable homme d’affaires israélien entre la direction de Glencore et des autorités congolaises en vue de l’obtention de certaines autorisations…
Pour des observateurs, à travers Gertler, c’est le « bras financier » de « Kabila » qui est « touché » au portefeuille. Inutile de rappeler que c’est encore « Dan » qui avait mis « Joseph Kabila » en contact avec un cabinet juif américain spécialisé dans le lobbying…
B.A.W.
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