L’information provient de source indubitable: le Dr. Théogène Rudasingwa, ancien secrétaire général du Front patriotique rwandais (FPR), ancien ambassadeur du Rwanda à Washington et ancien directeur de cabinet de Paul Kagame à la présidence de la République rwandaise, aujourd’hui exilé aux Etats-Unis. Cet universitaire – sécurocrate tutsi n’y va pas par le dos de la cuillère pour accuser son ex-patron d’entretenir délibérément l’insécurité dans la région de Beni-Butembo au Nord-Kivu, en proie aux exactions des terroristes ADF depuis plusieurs décennies.
Cette thèse, mise à mal par l’allégeance de ces terroristes ougandais à Daesh peinait à être prise au sérieux jusqu’à ce qu’une source aussi crédible dans l’opposition extérieure rwandaise au régime de Paul Kagame confirme l’existence de liens entre Kigali et ce qui reste des rebelles ougandais ADF.
Théogène Rudasingwa, un des plus flamboyants Kagame boys de l’immédiat-après génocide de 1994, révèle en effet que « les initiés savent que Paul Kagame est le véritable commandant, le pourvoyeur financier et le fournisseur logistique de l’organisation terroriste ADF. Parce qu’en réalité, l’ADF originelle s’était essoufflée avec l’arrestation en Tanzanie suivi du transfert en Ouganda de son chef Jamil Mukulu en 2015. Mais même en ce moment-là, le Directorate of Military Intelligence (renseignements militaires rwandais) entretenait déjà un canal de communication et de soutien logistique à l’organisation terroriste ADF », assure-t-il.
Selon cet ancien sherpa de Kagame passé à l’opposition après avoir dirigé le cabinet présidentiel, l’actuelle ADF, celle qui sème la désolation et la terreur dans la région de Kasindi-Beni-Butembo et dans une partie de l’Ituri, est en réalité « une extension du DMI rwandais ».
Informations crédibles
Dans un échange interactif avec des auditeurs d’une radio en ligne, le Dr. Théogène Rudasingwa affirme posséder des informations crédibles qui attestent des liens entre des officiers supérieurs RDF et l’organisation terroriste ADF qui écument l’Est de la République Démocratique du Congo. « Le général James Kabarebe et le général de brigade Dan Munyunza sont en communication avec cette organisation terroriste », soutient-il. « Ce qui me choque, ajoute-t-il, c’est de voir des gouvernements faire appel au même Rwanda pour combattre le terrorisme. Que des pays européens et les Etats-Unis considèrent et présentent le Rwanda comme un partenaire dans la lutte contre le terrorisme alors qu’ils sont au courant de l’implication rwandaise dans le soutien au terrorisme ».
Le régime politique mis en place par Paul Kagame est donc, du point de vue de cet intellectuel rwandais, fondé sur le terrorisme.
Il n’est pas le premier à l’affirmer. Des preuves existent qui prouvent que c’est le Rwanda qui tire les ficelles de l’extermination sauvage des civils innocents dans le Grand Nord Kivu. « Ce que je ne comprends pas, c’est comment ils (Etats-Unis Ndlr) continuent d’ignorer ces preuves, car, si moi je peux obtenir des informations sur les liens entre le Rwanda et les ADF, qu’en est-il des Etats-Unis qui disposent de ressources nécessaires pour savoir ce qui se trame derrière les massacres des civils en RDC? », s’interroge-t-il.
Urugwiro, poste de commandement terroriste
Les attaques des prétendus des terroristes islamistes ADF contre les populations civiles de la RDC seraient donc directement coordonnées à partir d’Urugwiro Village (siège de la présidence) au Rwanda qui est le centre de commandement des offensives terroristes initiées par Kagame pour déstabiliser la région des Grands Lacs, selon l’ancien ambassadeur rwandais aux Etats-Unis qui rapporte en outre que Issa Niyirora, un officier des RDF et son groupe avaient été arrêtés par des agents de sécurité alors qu’ils se rendaient en RDC pour rejoindre les ADF.
« L’organisation terroriste ADF a été totalement anéantie en 2016 par l’UPDF et les principaux commandants du groupe ont été tués ou arrêtés, à l’instar de leur chef spirituel, Sheikh Jamil Mukulu. L’ADF en tant que groupe rebelle de l’establishment anti Museveni n’existe plus du tout, ceux qui sévissent en RDC actuellement, ce sont plutôt des éléments des unités des forces spéciales rwandaises utilisant l’étiquette ADF pour perpétrer des carnages, piller les ressources en RDC et planifier de futures opérations militaires contre l’Ouganda », révèle-t-il encore.
L’insécurité dans la région des Grands Lacs, c’est donc Kigali. Ce n’est plus un secret, même de Polichinelle. Lors du Forum économique mondial de Davos, le président de la RDC Félix-Antoine Tshisekedi l’a également déclaré sans ambages. « Le problème de l’insécurité aujourd’hui dans la région s’appelle le Rwanda » a-t-il martelé en réponse à une pseudo-journaliste rwandaise qui l’interrogeait au sujet des accords de Luanda.
Intervenant au cours du panel « Infrastructures pour une économie de l’énergie propre », le chef de l’Etat congolais avait indiqué euphémiquement que «si nous avions tous la même philosophie, la même vision, celle que j’avais au moment d’accéder à la tête du pays, celle d’aller vers tous nos voisions, nous en avons 9, et de leur proposer des projets de développement qui vont faire du bien à nos économies respectives, qui vont faire du bien à nos populations, cela irait sans doute mieux. C’est à cause, évidemment, de certains voisins aux velléités belligérantes que cela est malheureusement impossible à réaliser ».
ADF, M23, même combat
Non seulement Kigali entretient les terroristes ougandais de l’Allied Democratic Force (ADF), mais aussi il entretient ceux du M23 chargés de la même sale besogne dans la partie Sud du Nord-Kivu et accessoirement au Sud-Kivu voisin. A Davos, le président Félix Tshisekedi a rappelé que « il y a eu au mois de novembre une discussion qui a abouti à la définition d’une feuille de route pour sortir de la crise. Cette réunion a eu lieu en Angola, à Luanda précisément, en présence de tous les pays, surtout les représentants de deux pays concernés, c’est-à-dire le Rwanda et la RDC. Il a été convenu d’une feuille de route qui décrétait le cessez-le-feu et le retrait immédiat du M23, qui est soutenu par le Rwanda. Mais les terroristes du M23 occupent toujours certaines localités du Nord-Kivu, malgré la pression internationale, faisant semblant de se retirer avant de se redéployer dans ces localités ».
Il a également dénoncé les massacres perpétrés par ces terroristes soutenus par l’armée rwandaise à Kishishe afin de terroriser les populations civiles et les pousser à déserter cette localité qui regorge de matières précieuses dans son sous-sol. Une situation sécuritaire qui représente un vrai défi. « On ne peut pas en même temps investir dans le développement du pays et dans les ressources pour augmenter les capacités de l’armée et pouvoir se défendre », a bûcheronné le chef de l’Etat de la RDC.
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Le Maximum / MCP, via mediacongo.net