En ces jours compliqués, les femmes parlent de kidnappings avec des trémolos dans la voix. Ce sont elles qui font souvent l’objet de rapts. D’après mon ami qui sait ce qui se passe dans tous les coins et recoins de Kinshasa la déglinguée, les enlèvements à bord des taxis communs appelés communément « ketch » ont refait surface. Ô tempora, Ô mores! Point n’est besoin de signaler que les filles sont devenues des gibiers peureux. Ceci expliquant cela, il n’est pas bon pour une femme d’être seule ou d’être peu vigilante dans un taxi. Autrement, des sacripants en font leur proie. Enfer et damnation!
Le scénario est bien huilé. Il est souvent le même. Une femme hèle un taxi commun. A l’intérieur se trouvent déjà un ou deux complices souvent jeunes. Un complice est assis à côté du conducteur et un autre à l’arrière. Pour mieux appâter la proie, parfois la musique chrétienne est balancée dans la voiture, une fille complice est assise à côté du conducteur. De véritables cancrelats! Dès que la victime prend place à bord, les portières sont bloquées, les glaces sont remontées. Le complice qui est à l’arrière du taxi brandit un couteau ou une arme de poing. Le forban bande les yeux de la proie. C’est le début d’un calvaire qui peut durer de quelques heures à quelques jours. Saperlipopette!
Durant la balade vers une destination inconnue, les ravisseurs fouillent le sac à main à la recherche des téléphones mobiles ainsi que des espèces sonnantes et trébuchantes. Ils arrachent la perruque. Ils profèrent des menaces quand le butin est modique. Il leur arrive même de réclamer une rançon à la famille. Quelquefois des filles enlevées et séquestrées sont violées. Enfer et damnation!
Généralement au bout du calvaire les victimes sont relâchées tard dans la nuit au centre-ville ou dans des quartiers périphériques. Une dame qui fut ainsi enlevée raconte qu’elle est partie porter plainte à la police dès sa libération. Quand elle dit au policier que les ravisseurs l’avaient déposée à la Gombe (centre-ville), il s’exclama qu’elle avait eu beaucoup de chance d’avoir été enlevée par Jojo. Si c’était Papy, il l’aurait déposée à Maluku, une commune urbano-rurale située à plus de 40 km du centre-ville. Donc, ils connaissent les malfrats. Stupeur et tremblements!
Comme si cela ne suffisait pas, la rumeur parle d’un nouveau type de ravisseurs. Ils seraient très méchants. Ils s’adonnent au trafic des organes et des tissus humains. Saperlipopette! D’après mon ami qui sait tout, il existe dans le monde un marché noir du cœur, des poumons, des reins, du foie, du pancréas, des intestins, des yeux, des os, de la peau et même des valvules du cœur. Un rein peut se vendre jusqu’à 150.000 dollars. Sapristi! De là à se demander si les ravisseurs maitrisent l’art de la chirurgie ou si les greffons sont transportés dans des conditions optimales d’hygiène et de froid. That’s the question. Bref, passons.
Ceci n’expliquant pas cela, il existe aussi des rapts d’albinos dans certains coins de l’Afrique subsaharienne. Ceux-ci sont enlevés, séquestrés, tués et dévorés. Il paraît que leurs organes possèdent des vertus magiques. Rien d’étonnant dès lors qu’un albinos qui circule dans ces endroits sans garde-corps se retrouve vite dans un garde-manger. Les organes des albinos sont activement recherchés dans des rituels de confection de fétiches. Leurs membres et leurs os sont censés apporter richesse et pouvoir. Bref, la chair d’albinos apporterait la chance aux autres mais pas à eux-mêmes qui souffrent d’albinisme. Qui dit mieux? Ceci expliquant toujours cela, dans ces pays-là, les organes d’albinos se vendent à environ 600 dollars, un corps entier pouvant aller jusqu’à 75.000 dollars.
On dit chez nous que la religion d’un homme est dans son cœur.
–
GML