Les chercheurs de l’IRDH sont profondément préoccupés par la campagne médiatique du commandant des forces terrestres ougandaises, le lieutenant général Muhoozi Kaïnerugaba, tendant à faire croire que la mobilisation de la nation congolaise contre le groupe terroriste M23 viserait des groupes ethniques. Il prétend identifier faussement le groupe terroriste M23 aux groupes ethniques transfrontaliers de BaTutsi, BaHima/Hema et Banyamulenge : « It is not a crime to be a Mututsi or a Muhima or Muhema or a Munyamulenge! M23 has been seeking dialogue for years […] ». A-t-il écrit sur son compte tweeter.
En fait, les Forces Armées de la République Démocratique du Congo (FARDC) ont présenté au public, le 28 mai dernier, deux militaires rwandais capturés dans la zone où le mouvement terroriste du M23 s’attaquent violemment à la population civile du Kivu et aux forces régulières congolaises. En réaction à cette dénonciation publique, dans son communiqué RDF/MPR/A/10/02/22 du 28 mai 2022, le Rwanda prétend avoir localisé leurs soldats, Cpl Nkundabagenzi Elysee et Pte Ntwari Gad, aux mains des FDLR à l’Est de la RDC et demande aux autorités de la RDC de les relâcher.
À la plénière du 25 mai 2022, au Conseil exécutif de l’Union Africaine (UA) tenue à Malabo (République de Guinée Equatoriale), le vice-Premier ministre en charge des Affaires étrangères de la RDC avait déjà condamné publiquement le soutien du Rwanda aux terroristes du M23 qui sèment le désarroi et la mort au Kivu. Contre toute attente, c’est le commandant des forces terrestres de l’Ouganda qui publie sur son compte tweeter, avec deux photos où il pose avec le président Kagame : «I really feel sorry for all those who think they can defeat me and my uncle militarily».(Je suis vraiment désolé, pour tous ceux qui croient vaincre militairement mon oncle et moi-même). C’est pendant que le Rwanda envoie ses troupes en Ouganda, au motif de participer aux entrainement dans le cadre du 12e East African Community Armed Forces Field Training Exercise (FTX), du 27 mai au 16 Juin 2022.
L’IRDH condamne une deuxième tentative d’invasion de la RDC sous le prétexte fallacieux de sauver des Tutsi, Hema, Hima et Banyamulenge qui seraient en danger en RDC. Pour rappel, prétendant soutenir une certaine revendication de nationalité congolaise, les armées rwandaise, ougandaise et burundaise, soutenues par des puissances occidentales et multinationales minières, avaient fabriqué une pseudo-rébellion, en 1996, qui leur avait permis de contrôler le pouvoir à Kinshasa, en juillet 1997. Elles avaient pillé systématiquement ses ressources minières du Congo, massacré et violé sa population, par millions. Depuis lors, l’Est de la RDC est constamment déstabilisé.
Afin d’empêcher l’expansion du terrorisme de M23 et préserver la population civile du Kivu, l’IRDH recommande à :
- La Mission des Nations Unies (MONUSCO), installée définitivement en RDC, de condamner telle entreprise macabre, et, saisir urgemment le Conseil de Sécurité, afin de rappeler à l’Ordre les Gouvernements du Rwanda et de l’Ouganda ;
- L’Unité africaine, la SADC et l’EAC, de condamner et demander à leurs deux membres (Rwanda et Ouganda) de cesser leur soutien au groupe terroriste M23 ;
- Au Président de la République, en ses titres et qualités de Commandant Suprême des FARDC et Chef de l’Etat, de considérer le degré de gravité conséquent au soutien du Rwanda au groupe terroriste M23 et les menaces ouvertes du Commandant des forces terrestres ougandais. Ces faits imposent la maximisation des ressources humaines, matérielles et financières en faveur des FARDC ;
- Aux organisations citoyennes de la RDC et celles éprises de paix à travers le monde, de manifester leur solidarité en faveur de la population du KIVU, première victime des atrocités du groupe terroriste M23. En dénonçant la politique hégémoniste du Président rwandais Paul Kagame et son neveu, le général ougandais Muhoozi Kainerugaba ;
- A tous les groupes ethniques de l’Est de la RDC de dénoncer la tentative de manipulation de la corde identitaire et rester loyaux au drapeau congolais, afin de ne pas permettre aux dirigeants des pays voisins d’atteindre leur objectif de la balkanisation de la RDC.
Lubumbashi, le 29 mai 2022.