Le 17 mai 1997, la plupart des Congolais ont crié à la libération du pays de la dictature de feu le maréchal Mobutu. Un hymne chanté par une population ivre de l’intox distillé par des puissances occidentales, spécialistes dans la manipulation de l’opinion. En effet, depuis le déclenchement de la guerre contre le régime du président Mobutu, ce dernier a été diabolisé par ceux qu’il avait servis depuis des lustres. Soudainement, le maréchal Mobutu était peint de dictature, de mal zaïrois bref, de tous les maux d’Israël.
Pas surprenant que la population déploie, sur toute l’étendue du territoire national, le tapis rouge aux « libérateurs » venus lui forger une « vie meilleure ». Face aux soldats les plus proches du chef de l’Etat, l’on brandissait l’ « invincibilité » des « Kadogo ». Grâce à une propagande de mauvais goût, le maréchal Mobutu était littéralement diabolisé auprès de l’opinion nationale. Une forte campagne menée par des Occidentaux via les médias dits internationaux et des canaux divers.
En réalité, Mobutu a eu tort de protéger les richesses nationales dont on lui demandait le bradage des décennies durant. Face à la mutation diplomatique internationale, consécutive à la disparition de l’Union soviétique, l’importance du maréchal Mobutu, comme bouclier à l’intrusion de l’URSS sur le sol congolais, s’étiolait. L’occasion était donc bien appropriée pour la maffia internationale d’éjecter ce « nationaliste » de la gestion du pays.
La détermination était telle que les maffieux ne lésinèrent point sur les moyens pour vaincre le régime du Maréchal. Au moins 6 pays sont mis à contribution pour défaire un pouvoir régnant sur un territoire ayant la taille d’un continent. L’Ouganda, le Zimbabwe, l’Angola, le Rwanda, l’Erythrée, le Burundi mobilisent leurs troupes pour ce faire. Et pour imprimer une connotation locale, il est mis en place une structure aux couleurs zaïroises. L’AFDL est créée pour incarner cette offensive extérieure aux relents de confiscation des ressources naturelles du pays.
Nœud du problème
Bien sages, les agresseurs, après avoir éliminé Ngandu Kisase pour relents nationalistes, trouvent des ressorts sur Laurent-Désiré Kabila pour « piloter » la « rébellion » présentée, au début, comme regroupement des Banyamulenge. Par naïveté (?), le rebelle connu de Kinshasa offre ses services à la coalition des maffieux. Il s’engage dans un contrat dit Accord de Lemera afin d’être conduit à la tête du pays. Sans le savoir, peut-être, l’homme a les bras et les pieds liés…à tout jamais!
C’est fort du respect de ce pacte que Laurent-Désiré Kabila, une fois à Kinshasa, place des Rwandais au sein de l’appareil de l’Etat. Bizima Karaha nommé ministre des Affaires étrangères, mais surtout un James Kabarebe fait chef d’Etat-major de l’armée nationale! Le scandale est à son comble pour la population congolaise désillusionnée devant le remplacement de la dictature par une « colonisation ».
L’astuce des Rwandais marche merveilleusement que des soldats de l’armée congolaise, bien formés, sont envoyés à Kitona pour un « recyclage ». En réalité, il s’agissait de les éliminer car représentant toujours un danger réel. Ainsi, plusieurs soldats vont périr des suites de diarrhée et des maux de ventre (?). Même quand le nouveau Président divorce d’avec ses souteneurs, la catastrophe est au rendez-vous: toutes les archives de l’armée nationale emportées au Rwanda!
Désillusion
L’espace d’un matin donc les Congolais réalisent la désillusion du discours avalé des mois durant: dérive totalitaire, restriction des libertés individuelles, oppression, tortures, assassinats, sont devenus le lot quotidien. Sans exagération, la dictature s’affirme davantage plus que sous Mobutu, ne fût-ce- que pendant ces premières années de la démocratisation.
Au fait, la compromission du nouveau régime se situe à deux étages. Le premier est cette main-tendue du président Mobutu à Laurent Désiré Kabila sur Outenika, conscient de l’irréversibilité de la chute de son régime. Hélas, ce dernier avait cédé à la manipulation des Rwandais qui nourrissaient de visées sournoises. Sans s’en apercevoir, Kabila avait repoussé l’offre du maréchal Mobutu, éloignant la chance de « le linge sale se lave en famille ». Les conséquences se sont enracinées au point de les subir jusqu’aujourd’hui.
Le second palier est international, avec la présence des grands miniers, Lord Corp, le londonien (devenu suisse depuis peu) et First Quantum, le canadien. Des multinationales mues par le seul gain, sans foi ni loi, avec lesquelles le nouveau pouvoir s’était engagé. Bilan provisoire: plusieurs millions de morts, selon les statistiques des Nations-Unies. A cause de leurs interférences, l’Est de la RDC est jusqu’aujourd’hui otage d’une prédation complexe engageant des étrangers que des Congolais.
Et vous avez dit Libération? Et nous disons compromission! Le débat reste ouvert.
–
BONDO NSAMA/SALONGO HEBDO