Le 17 mai 1997, Kinshasa est investie par les troupes de l’AFDL (Alliance des forces démocratiques pour la libération du Congo). Stupeur et tremblements! La veille, le maréchal Mobutu avait détalé de Kinshasa comme un lapin. Et pourtant, les courtisans l’avaient surnommé « Grand léopard ». C’était à l’époque du mobutisme triomphan! Il martelait sa canne avec force en vociférant: « On ne dira jamais de moi, voici l’ex-président Mobutu! »
Vanité des vanités, tout est vanité! L’histoire nous réserve toujours des surprises. Il affirmait que le chiffre 4 lui portait chance. Apparemment, le chiffre 7 lui portait la poisse. Il a perdu le pouvoir le 17 mai 1997 et il est décédé le 7 septembre 1997 à Rabat (Maroc). Saperlipopette!
D’après mon ami qui sait tout, le Zaïre fut en fait agressé par l’Angola, le Burundi, l’Erythrée, l’Ouganda, le Rwanda et le Zimbabwe pays auxquels s’ajoutèrent quelques mercenaires américains, allemands, sud-africains. La logistique était américaine. Pour donner une coloration locale à cette expédition, un parti politique hétéroclite fut créé. Il s’agit de l’AFDL (Alliance des forces démocratiques pour la libération du Congo-Zaïre). Enfer et damnation!
Plus tard, Mzee Kabila dira de l’AFDL que c’était un conglomérat d’aventuriers. Sapristi!
Grâce à une campagne de désinformation savamment distillée, les puissances envahissantes déclarèrent urbi et orbi que la rébellion avait été fomentée par des Banyamulenge réclamant la nationalité zaïroise. Le Zaïre de Mobutu n’avait plus aucune importance stratégique pour les Occidentaux après la fin de la guerre froide. L’Ouganda de Museveni avait plus d’importance comme il était utilisé pour scruter de près l’évolution du prosélytisme islamique au Soudan. D’après mon ami qui sait ce qui se passe dans tous les coins et recoins de Kinshasa la déglinguée, dès son arrivée, l’AFDL organisa la chasse à l’homme de tous les mobutistes. Il en fut de même de leurs voitures rutilantes et de leurs superbes villas. Une traque systématique et généralisée fut mise en place. Elle ne laissa rien au hasard. Des habits confisqués furent aussitôt endossés par les « révolutionnaires ». Quarante mille soldats des Forces armées zaïroises furent envoyés dans un « camp de concentration » à la Base de Kitona en vue d’être « rééduqués ». Plusieurs d’entre eux périrent de malnutrition et de dysenterie.
Des super prédateurs! Pour les besoins de la cause, ils s’improvisèrent nationalistes et héritiers de Lumumba au nom de l’indépendance et de l’identité congolaise. Ils développèrent même un discours panafricain qui séduisit les foules et fit craindre les pays voisins qu’ils ambitionnaient de libérer. Le peuple qui manifestait hier ad nauseam contre l’occupation applaudit. Les critiques les plus virulents baisèrent les pieds des nouveaux maîtres amenés dans les valises des envahisseurs. Une nouvelle race apparut par génération spontanée. Celle des délateurs. Ils étaient pires que les bourreaux. Les Congolais de la diaspora – surnommés éDiasa-diasaé par les Kinois qui, jusque-là gaspillaient leur temps dans de petits boulots en Europe et en Amérique, retournèrent au pays occuper les places laissées vacantes par les mobutistes fuyards.
Très tôt, la dérive totalitaire s’installa. Restriction des libertés individuelles, oppression brutale, tortures, assassinats, prise en otage des parents des personnes en fuite poursuivies par la police politique etc. Très vite, le peuple fut « libéré » du courant électrique, des emplois, de la vie, des richesses etc. On réalisa que Mobutu n’était qu’un petit prédateur, un enfant de cœur face aux « libérateurs ». Le pays se transforma en une catastrophe humanitaire. Qui l’eût cru? Qui l’eût dit? Plus ça change, plus c’est la même chose.
On dit chez nous que le feu qui flambe vite s’éteint.
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GML