I. Interview du ministre Muyaya sur le Journal Afrique de TV5 Monde
Lors de l’édition du 28 mars 2022 du journal Afrique de TV5 Monde, le ministre de la communication, des médias et porte-parole du gouvernement congolais, Patrick Muyaya s’est exprimé sur un certain nombre de sujets dont les attaques du groupe rebelle M23, la lutte contre le groupe rebelle ADF et l’arrestation de François Beya.
Sur ce dernier sujet, la journaliste, Nidhya Paliakara, a interrogé d’emblée le ministre Muyaya sur les raisons justifiant l’absence d’accès à une assistance juridique pour François Beya depuis son arrestation. Pour y répondre, le ministre s’est empressé de « rappeler l’engagement ferme du Président Tshisekedi d’humaniser les services de sécurité, précisant que François Beya était la personne chargée de cette humanisation ».
Il a poursuivi son intervention en affirmant qu’il fallait regarder la spécificité du sujet. D’un propos hésitant, le ministre a ensuite dit croire – sans trop y croire – qu’il y a des investigations qui sont en cours et qu’il ne fallait pas lui demander des informations qui seraient, selon lui, classées confidentielles.
Il a en outre ajouté que de telles situations se passaient également dans les autres pays où les services sont habilités constitutionnellement à interroger n’importe qui lorsqu’on estime que les questions de sécurité sont mises en danger. Il a ensuite justifié que le processus en cours dans le dossier Beya ne serait pas empreint d’illégalité dans la mesure où les enquêtes se font dans l’objectif d’éclairer l’opinion.
Le ministre Muyaya a également signalé que l’audition de François Beya Kasonga et celle des personnes interpellées avaient eu lieu et qu’au moment convenu, ils seraient transférés devant les juridictions compétentes et que des conséquences seraient tirées. Il a conclu son intervention précisant que le ministère de la Justice s’est assuré que sa famille ait accès à lui mais aussi son médecin.
II. Réaction du Collectif Free François Beya Kasonga
Le Collectif Free François Beya Kasonga constate qu’il a fallu qu’un grand média international comme TV5 Monde interviewe le ministre Muyaya pour obtenir une première réaction d’un membre du gouvernement congolais sur l’affaire Beya qui est pourtant en cours depuis plus de 50 jours.
Il s’étonne ensuite d’entendre ce ministre, de surcroît ancien député et journaliste de renom, justifier les violations de droits et libertés de François Beya Kasonga, pourtant garantis par la Constitution, par des services de sécurité qu’il dit être habilités par cette même Charte fondamentale pour interroger un individu. Qu’en est-il de son droit à une assistance juridique? Pour quelle raison le ministère de la Justice ne s’est-il pas assuré d’un accès à un avocat pour François Beya Kasonga? Pourquoi le ministre Muyaya élude-t-il cette question: Qu’est-ce qui explique son silence sur ce point?
Le Collectif constate par ailleurs que le ministre Muyaya valide les violations des droits et libertés de François Beya Kasonga. Par la même occasion, il appuie le maintien des cachots politiques et de zones de non droit que le président Tshisekedi avait pourtant régulièrement dénoncé quand il était encore opposant.
Toute honte bue, le ministre Muyaya n’a pas hésité à mentir sur une chaine de télévision étrangère en justifiant la poursuite d’enquêtes qui, près de deux mois plus tard, ne parviennent pas à établir avec exactitude les charges reprochées à François Beya.
Comment le ministre Muyaya explique-t-il que les auditions de François Beya Kasonga et de ses codétenus soient terminées sans qu’ils soient à ce jour déférés devant leurs juges naturels? Comment ce même ministre explique-t-il la discordance entre la fin de ces auditions et la poursuite des enquêtes dans ce dossier? Quelle véracité accorder à ces enquêtes faites en violation du principe du contradictoire? Si ce dossier était correctement mené, les enquêtes devraient en toute logique précéder les auditions.
Le Collectif s’étonne également de la justification du ministre Muyaya selon laquelle une procédure irrégulière voire illégale comme celle en cours dans le dossier Beya se passerait également dans d’autres pays. Ce qui est totalement faux.
Au vu de ce qui précède, le Collectif considère que le ministre Muyaya, à l’instar de l’ANR et la Présidence, soutient les violations des droits et libertés de François Beya Kasonga et préfère propager des mensonges dans ce dossier, au lieu de promouvoir la vérité et la justice.
Le Concept de « Changement de narratif » porté par le ministre Muyaya s’avère donc creux au vu de ses justifications des graves violations des droits de l’Homme sous l’actuel régime, alors qu’il y a peu, il dénonçait, en tant que député du G13, ce type de violations.
Fait à Kinshasa, le 30 mars 2022.
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Cellule de communication du Collectif Free François BEYA KASONGA
freefrancoisbeyakasonga@gmail.com