Même en période de guerre, les êtres humains sont loin d’être égaux selon qu’on est blanc ou noir. Les Africains étudiants vivant en Ukraine en ont fait l’amère expérience. Contraints de fuir la guerre, ils ont appris que priorité était donnée aux Ukrainiens non seulement pour prendre place à bord des bus mais aussi pour franchir un poste-frontière. Certains Africains ont dû marcher durant une dizaine d’heures pour atteindre la frontière polonaise. Dans un communiqué daté du lundi 28 février, le président en exercice de l’Union africaine, Macky Sall et le Président de la Commission de l’UA, Moussa Faki Mahamat se sont dits « préoccupés ».
Depuis cinq jours, la très puissance armée russe « fait le coup de feu » en Ukraine. Le dirigeant russe, Vladimir Poutine, reproche au chef de l’Etat ukrainien d’avoir franchi la « ligne rouge » en « flirtant » de manière un peu poussé avec le monde occidental. Pour lui, cela équivaudrait à laisser les forces de l’Alliance atlantique camper aux portes de la Russie. Depuis cinq jours, des bâtiments civils et militaires sont indistinctement bombardés par des obus qui pleuvent sur la ville. Selon les statistiques, 500.000 Ukrainiens ont pris le chemin de l’exil.
Cinq jours après le déclenchement de ces hostilités, les Africains en général et les Congolais en particulier paraissaient impassible. L’Ukraine est si loin! En journalisme, on parle de « loi du mort kilométrique ». C’est-à-dire plus un événement est géographiquement proche, plus il est important. Erreur. Les Africains en général et les Congolais en particulier ont fini par se rendre à l’évidence que la guerre qui a lieu dans cette ancienne République de l’ex-URSS est si proche. Comment?
Des étudiants africains ont été aperçus parmi la foule fuyant les bombes notamment à Kiev. Livrés à eux-mêmes, ces étudiants ont tenté de rejoindre la frontière polonaise située à une plusieurs heures de marche. Il leur a été refusé d’embarquer dans le train: priorité est donnée aux Ukrainiens et autres personnes de races blanches. Ceux qui ont pu atteindre la frontière polonaise après une dizaine d’heures de marche ont été surpris de s’entendre dire que priorité, ici aussi, était donnée aux Ukrainiens. C’est à croire que le sang africain était moins rouge que celui des hommes de race blanche.
On a signalé des cas d’étudiants subsahariens ayant fait l’objet de mauvais traitements de la part de certains Ukrainiens. Ces étudiants n’ont eu aucun contact avec les autorités diplomatiques de leurs pays respectifs. Il est notoire que les ambassades africaines entretiennent généralement des relations heurtées avec leurs diasporas. L’accueil dans les chancellerie est rarement cordial.
La représentation diplomatique du Kenya à Varsovie a fait exception. Elle a pu joindre des membres de la communauté kenyane. Ceux-ci ont été invités à rejoindre la frontière polonaise où se trouve une structure de prise en charge.
Dans un communiqué, au ton timoré, publié lundi 28 février, Macky Sall et Moussa Faki Mahamat ont dit suivre « de près l’évolution de la situation en Ukraine et sont particulièrement préoccupés par les informations rapportées selon lesquelles les citoyens Africains, se trouvant du côté Ukrainien de la frontière, se verraient refuser le droit de traverser la frontière pour se mettre en sécurité ». Pouvaient-ils faire plus que ce « service minimum »?
« TOUT POUVOIR SANS CONTRÔLE REND FOU »
Après avoir rappelé quelques principes contenus notamment dans la Déclaration universelle des Droits de l’Homme, les deux Présidents ont exhorté « tous les pays à respecter le droit international et à faire preuve de la même empathie et du même soutien envers toutes les personnes qui fuient la guerre, nonobstant leur identité raciale ».
Revenons à la guerre en Ukraine. Vladimir Poutine s’est livré, dimanche 27 février, à un jeu qualifié unanimement de dangereux, en annonçant le plus sérieusement du monde la « mise en alerte » de la « force de dissuasion » à composante nucléaire. Le maître du Kremlin estime que c’est la réponse à donner au monde occidental qui a pris fait et cause pour l’Ukraine. « Tout pouvoir sans contrôle rend fou », disait Alain.
Dans cette surenchère d’exhibition de biceps, le président français, Emmanuel Macron, a envoyé, lundi 28 février, un communiqué inhabituel, aux armées françaises. Il a commencé par rappelé « l’attaque illégale, directe et massive, déclenchée contre l’Ukraine (…) est la plus grave et la plus désinhibée des manifestations de puissance du régime russe depuis la fin de l’URSS ». Et de poursuivre: « La France sait pouvoir compter une nouvelle fois sur ses armées. Je vais pouvoir compter sur vous pour faire preuve (…) d’une grande vigilance et de la retenue nécessaire lors des possibles interférences ».
Les « mauvais traitements » infligés aux Africains en Ukraine, devraient interpeler les dirigeants africains sur la nécessité d’investir dans l’amélioration de la qualité de l’enseignement dispensé dans nos universités et instituts supérieurs. C’est le motif principal de l’expatriation des étudiants et chercheurs africains.
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B.A.W.